Bilbao – 19 Août 2018 – Oreille pour Álvaro Lorenzo face à une corrida de Victorino Martín en demi-teinte.

Photo Aplausos.

Sans être une corrida de terreur la course de Victorino, bien présentée, avait besoin de toreros courageux et techniquement préparés.  Si les trois matadors ont montré volonté et valeur, on peut se demander si les attributs techniques de la terna étaient suffisants.  Manuel Escribano s’est montré volontaire, Saúl Jiménez « Fortes » sincère mais en dessous des espérances suscitées par ses triomphes récents et Álvaro Lorenzo fin, sachant tirer avantage de techniques avantageuses, surtout  à son premier.  Par deux fois les picadors ont pris l’initiative, protestée, de sortir du ruedo dans le sens inverse de celui prévu réglementairement.

Le Victorino d’ouverture est reçu a puerta gayola par Manuel Escribano.  La larga cambianda à genoux est donnée en terrain compromis car le bicho tourne autour du torero avant de charger.  Il sautille tout en répétant dans les véroniques.  Mal piqué, il fléchit en sortie de la première rencontre, puis est épargné lors de la seconde.  Le second tiers est exécuté par Escribano qui gère avec aisance la condition du toro.  Ce dernier récupère progressivement de la vivacité et galope.  Brindis TV.  Les premières charges par le haut, sont vives et nobles.  Quand Escribano baisse la main à droite le toro fléchit.  Cette faiblesse est accentuée à gauche  par le désir du toro de répéter par le bas.  Escribano honore sa noblesse sur les deux cornes sans arriver à lier.  La charge manque de final.  Entière desprendida.  Sifflets au toro.  Quelques applaudissements pour le Sévillan.  

Pour ne pas changer Manuel Escribano retourne à puerta gayola pour recevoir son second par larga cambiada que le torero répète par deux fois en tablas genoux en terre.  Les charges dans les véroniques son somptueuses et prometteuses.  Mal piqué le toro s’emploie sous le fer par deux fois.  Quite brouillon de « Fortes » par chicuelinas et demi- véronique.  Le matador se charge du second tiers cuarteando d’abord, puis de dentro por fuera et finalement par un  quiebro assis sur l’estribo qu’il exécute avec un aplomb impressionnant, sortantt finalement par un « trou de souris ».  Brindis au public.  Le bicho se retourne promptement dans les premiers muletazos de tanteo.  À gauche le toro lance des derrotes et la muleta est accrochée.  À droite les retours immédiats finissent par rattraper le torero et l’envoyer au sol.  De retour Escribano reprend la droite et s’impose dans des muletazos qui portent sur les tendidos.  Après un bref passage à gauche, réduit à trois passes,  c’est à droite que se termine la faena en absorbant méthodiquement le toro dans la muleta, sans toutefois le dominer.  Deux pinchazos précèdent une entière caída et atravesada.  Palmas au toro et ovation avec vuelta.  

Alors que « Fortes » teste l’embestida du second Victorino à la cape il est accroché au tibia par la corne droite et tombe au sol.  Les deux piques règlementaires sont données avec mesure entrecoupées par un quite laborieux du matador.  Raúl Ruiz salut pour sa seconde paire de banderilles.  Brindis à Pablo Chopera.  Le début de faena par le bas confirme que le bicho coupe la trajectoire à droite.  « Fortes » prend la gauche. Il cite sans marquer les toques.  Les séries sont hachées, en présentant la panza de la muleta, sans subterfuges techniques.  Le passage droitier est tout en aguante et lenteur.  Sur les deux cornes le torero est planté sur ses appuis et court la main, muleta parfois en retrait.  Son toreo est pur et sincère.  Entière tendida portée avec conviction.  Sifflets au toro.  Vuelta interrompue face aux protestations. 

Le cinquième est un exemplaire de 605 Kg dont la charge réservée ne permet pas à « Fortes » de briller à la cape.  La première pique fait fléchir le toro, la seconde courte est bien portée par Francisco de Borja qui perd l’ovation en inversant le sens de sortie du ruedo.  Brindis au public.  La volonté de bien faire du torero  ne compense ni les défauts du toro, ni les siens, en particulier en fin de muletazo où il semble composer la figure sans tenir compte du comportement du toro.  Ceci lui vaut une voltereta et une peur.  À faveur du torero il faut noter sa façon de présenter la muleta et de se replacer entre les passes en avançant, le tout sans concession.  Épée basse en prenant le large.  Applaudissements et salut avant passage à l’infirmerie pour ce qui apparaît comme un puntazo (arrière cuisse droite)

La présentation d’Álvaro Lorenzo à Bilbao se fait face à un Victorino bas et vif que le torero passe en véroniques un peu tardives dans les cites.  Le picador voulant forcer la pique alors que le toro est mal placé récolte une chute qui le met en danger ainsi que le cheval.  F. J. Sanchez se venge ensuite de sa turpitude en piquant à l’excès le bicho.  Brindis au public.  Le tanteo est suivi de passes droitières en ligne et rythmées.  Parce qu’il baisse la main, surtout en sortie, le public réagit avec enthousiasme au trasteo de Lorenzo.  À la troisième série, le toro raccourcit sa charge ce qui n’empêche pas la musique de jouer.  Les naturelles sans le même lié, sont toutefois profondes.  Le torero hésite ensuite pendant que le bicho doute et se décompose.  Il reprend la main sur les deux cornes en fin de faena avant de porter une entière trasera, tendida et desprendida.  Avis.  Oreille.  Palmas au toro.  

Cette première corrida de Feria se termina avec la sortie en piste d’un exemplaire qui finit par mettre en fuite Álvaro Lorenzo.  Le tercio de varas traîne tout en étant mal exécuté.  Sergio Aguilar salut pour ses deux paires de banderilles posées avec toreria et fermeté.  Le tanteo de début de faena débouche sur un trasteo droitier incertain.  Le toro sort des muletazos en avançant vers le leurre  mettant le torero sur la défensive.  Peu à peu le torero prend la mesure sur les deux cornes et surtout à gauche dans une série de naturelles longues et par le bas.  Tenté un instant par des cites lointains, il corrige et poursuit sur la même corne avec des naturelles données une par une, à toro arrêté, quelques unes de grande profondeur et esthétisme.  3/4 de lame de côté et perpendiculaire.  Deux descabellos.  Ovation et salut.

René Philippe Arneodau

Photos de Arjona pour aplausos.es

Ce contenu a été publié dans Bilbao. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.