Bilbao 22 Août 2017 – Andrés Roca Rey coupe deux fois une oreille d’un encierro décevant de Jandilla.

Près de trois-quarts d’entrée en ce premier cartel de figuras de la Semana Grande. El Juli était, semble t-il, vêtu d’un costume de lumière ne lui appartenant pas, tellement il nageait dedans et que les manches semblaient courtes. Le lot de Jandilla diversement présenté, avec un quatrième sans trapio, a manqué de force et de race. Andrés Roca Rey a su le mieux profiter de ces Domecq collaborateurs et obéissants en évitant aussi de les faire châtier sous le fer.

El Juli « brega » le premier Jandilla dont les charges ne lui conviennent pas pour réaliser son toreo de cape. Il donne l’ordre d’épargner le bicho au cheval avant d’exécuter un quite par chicuelinas et demie véronique électriques. La seconde pique est réalisée pour la forme. Le toro est juste de force et a tendance à tirer un coup de tête lorsqu’il passe dans le leurre. Le tanteo de El Juli fixe l’attention du Jandilla. La suite est un effort de dosage pour éviter la chute et canaliser cette charge qui veut s’interrompre. El Juli obtient la collaboration du bicho en présentant la muleta en retrait en deux séries à droite, mais abandonne à gauche. Il termine par un macheteo superflu avec un tel adversaire. Le « julipié » laisse une lame trasera, basse, perpendiculaire et atravesada. Sifflets au toro. Silence.

Le second de El Juli est de trapío anodin, lavado de cara et sans morillo. Le maestro le passe en véroniques forcées compas ouvert d’abord, puis pieds joints. Le tiers de piques est mené en version light le bicho montrant des signes de fébrilité. Brindis au public. Les deux cornes sont astilladas. El Juli se fait le gestionnaire de la faiblesse du Jandilla arrivant à le faire sautiller dans quelques muletazos. Le public est ravi de voir que El Juli parvient à faire tenir le bicho debout. Un arrimón à toro arrêté lui vaut les applaudissements des tendidos. Trois pinchazos portés en arrière, avec « julipié » bien évidemment, sont suivis par une entière basse néanmoins applaudie par un public en manque de critères. Palmas et salut au tiers.

Miguel Ángel Perera voit sortir au ruedo un second Jandilla juste de pr-esentation pour Bilbao qui tarde à accepter l’affrontement. Ses charges ne conviennent pas plus à Perera que celles du premier à El Juli. Le public proteste les fléchissements prématurés. L’animal est peu piqué et en arrière lors de deux simulacres. Quite par chicuelinas et revolera de Andrés Roca Rey. Sans préparatifs Miguel Ángel Perera attaque à droite avec détermination et assurance. Les derechazos sont profonds faute d’être serrés. À gauche, le Jandilla charge avec moins d’allant et tête relevée. Perera compense par l’immobilité. Un arrimón sans bouger finit de convaincre les tendidos. Le matador oublie cependant de rentrer droit à l’épée et porte un pinchazo et une entière basse. Palmas et salut.

La réception du cinquième par M.Á. Perera s’effectue dans le désordre jusqu’au désarmé final. Le premier picotazo est suivi d’un quite laborieux par chicuelinas et demie véronoique. Dans la seconde rencontre au cheval le Jandilla s’emploie plus que le picador. Quite d’Andrés Roca Rey par demi faroles et caleserinas. Javier Ambel brille par deux fois aux banderilles et salue. Brindis au public. Au centre Perera cite pour un double cambio por la espalda millimétré face à une charge qui transmet. Cette charge boyante permet à Perera de lier des muletazos intenses à droite en baissant la main, avec comme reproche celui de garder la jambe de sortie effacée et de toréer al hilo. La charge, et donc la faena, perdent ensuite en intensité lorsque Perera prend la gauche. Il retrouve de l’intensité en restant dans le terrain du bicho et en faisant preuve d’aguante sur les retours à droite. Le Jandilla termine rajado et la faena atone. Pinchazo et entière très en arrière. Palmas au toro. Applaudissements et salut pour une faena qui mieux dosée et mieux terminée aurait permis de « tocar pelo » (couper une oreille)

Andrés Roca Rey se présente à Bilbao face à « Otus » n° 55, un jabonero de Jandilla pesant 553 Kg, né en 10/12. L’animal, au trapío limité, avertit le Péruvien par trois fois sur la corne droite sans que ce dernier ne puisse briller au capote. Le tiers de piques est léger car les forces manquent au toro. Brindis au public. Au centre le torero enchaîne les pendulos et les passes par devant à la grande satisfaction du public. Le bicho manque cependant de vivacité et donc de transmission. Ce qui manque au bicho, Roca Rey tente de le compenser par son engagement. Les charges vont a menos et Andrés met le sel et le poivre sans structure notable. Le meilleur passage vient avec les naturelles finales en provoquant ostensiblement la charge. Entière desprendida tirant à caída. Oreille.

Le dernier Jandilla humilie dans la cape mais n’inspire pas Andrés Roca Rey. Le tiers de piques est simulé. Brindis au public. Début de faena par estatuarios, cambio de mano, molinete et pase de pecho sans transcendance. Le jeune torero tire des lignes à droite pendant que le Jandilla répète a más. À gauche, l’animal est moins prompt et vif. Retour à droite où le torero s’applique et réussit à lier des muletazos limpides et profonds qui valent les applaudissements du public. Motivé Roca Rey revient à gauche pour terminer un travail inachevé, ce qu’il réalise en citant de face compas ouvert. Il termine en passant le bicho devant et derrière et obtient la réaction favorable du public. Quelques manoletinas précèdent une tentative de recibir avec pinchazo et une autre réussie, entière contraire, d’effet immédiat. Oreille avec avis. Palmas au toro.

René Philippe Arneodau.

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