Jiménez Fortes : La sincérité comme étendard.

Jímenez Fortes -Par Julían López – Mundotoro

Comme vous l’aurez lu dans les chroniques de la corrida de dimanche dernier à Madrid, Jimenez Fortes s’est fait remarquer, bien plus à mon sens que le lot de Victorino dont les exemplaires sont en train de devenir nobles et prévisibles. Ceci explique peut-être les déclarations du Juli qui dit vouloir les affronter au cours de la temporada 2018.
Fortes a su prendre la mesure d’un noble exemplaire et surtout se donner sans retenue malgré le vent qui faisait onduler sans répit sa muleta. Quelques naturelles d’une tranquillité, d’un rythme, d’une sincérité époustouflants, ont fait rugir les tendidos de Las Ventas. Notons aussi son maniement méthodique et inspiré de la cape, à la Ferrera par moments, en quite en sortie de puyazo.
Toutefois ce qui m’est apparu comme le plus impactant du toreo de Fortes, ce ne sont pas ces magnifiques naturelles, mais les embroques distillés avec une pureté absolue . Le corps vertical, le bras et la main portant la muleta en toute proximité du corps. Fortes, dans une parcimonie complète de mouvement, a cité les embestidas du Victorino sans se laisser aucune marge de sécurité, sans rectifier ni adapter sa position, sans gestuelle défensive, dans une offrande totale de son être, soit tout le contraire de la tauromachie moderne replète de marges de sécurité, aussi abondantes que la médiocrité émotionnelle qui en résulte.
Il m’est souvent arrivé de dire mon goût pour le toreo sincère de Fortes. J’écoutais alors les critiques, parfois justifiées, tout en me concentrant sur son attitude qui en disait long sur le torero et l’homme. Madrid vient d’être témoin de l’éclosion de l’art d’un matador qui a plus que souffert dans sa chair et son âme pour y arriver. Ce qu’il a enduré aurait du l’éloigner de la profession. Ceci rend son évolution, sa réalisation et sa sincérité encore plus admirables.
Avec sa prestation, Jimenez Fortes s’est déclaré leader d’une jeune et nouvelle génération qui prend très au sérieux la sincérité de l’Arte del Toreo, dans la ligne directe de José Tomas et d’Alejandro Talavante. En 2016 nous avions parié ici même sur Ginés Marín et Roman. Je rajoute à ce pari le novillero débutant d’Alicante, Sergio Rico (après son éclosion à Valencia pour la deuxième novillada de Fallas). Le point commun entre ces toreros est une attitude généreuse, sincère et torera. Une nouvelle génération qui affiche sa volonté de rompre avec la tauromachie des ainés en activité. J’en suis enthousiasmé et j’espère que leur oeuvre pourra enrayer la décadence prédite et promise par nombre d’entre nous.

René-Philippe Arnéodau

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