Madrid 02 Juin 2017 Puerta Grande pour Enrique Ponce lors de la confirmation de Varea.

Enrique Ponce a coupé deux fois une oreille et a montré à son jeune confirmant, Varea, tout le chemin qu’il lui reste à comprendre et parcourir pour maîtriser la technique, l’art et le courage qu’il a exhibé ce jour. Car il faut bien le dire tout y était, en doses variables, avec comme exaltateur une intelligence supérieure. La corrida de Garcigrande, Domingo Hernández était attendue avec préoccupation. D’abord elle fut uniquement de Domingo Hernández. Ensuite elle a eu un niveau de présentation suffisant pour Madrid quoique discutable sur certains aspects. Malgré le poids très élevé de quatre exemplaires (plus de 600 kg), les toros ont donné un jeux varié et, pour certains, allant a mas. Relevons la charge de grande qualité du dernier Hernández. On peut se demander quel croisement permet à des toros connus comme « Garcichicos » d’être lidiés avec de tels volumes, comme s’ils avaient reçus des gênes d’El Pilar. Le triomphe d’Enrique Ponce doit être vu comme un hommage qu’a rendu Madrid à son intelligence et sa Maestria.

Le premier Domingo Hernández est haut et massif, avec une tête anovillada. Il se nome Rocoso, porte le numéro 115, pèse 615 kg et est né en 11/12. C’est face à lui que confirme Varea. L’animal est distrait, pensif et donne des signes de mansedumbre. Ses charges dans la cape ne vont pas jusqu’au bout. Au cheval il est piqué en arrière d’abord, puis dans le sitio. Alors que le toro va de menos a mas, Varea exécute un quite par chicuelinas. Le Hernández gagne en tranco pendant le second tiers. Enrique Ponce confirme l’alternative à Varea en présence de David Mora. Dès que Varea baisse la main dans les premiers muletazos, le bicho trébuche. Le jeune Matador prend ses distances dans des derechazos qui manquent de lié. Certes gêné par le vent , les précautions prises par le torero n’incitent pas le public à s’émouvoir. Le bicho allant cette fois a menos, Le torero abandonne après la première série gauchère. Entière delantera et atravesada. Plusieurs descabellos avec avis dans le tumulte ambiant et finalement descabello avec l’épée de mort. Silence.

Le premier d’ Enrique Ponce donne confiance au Maestro avec sa charge douce mais sans continuité Ceci explique que Ponce le pourchasse comme un novillero pour dessiner des véroniques en tirant la toile vers le corps, avec l’élégance qu’on lui connait, sous les olés de Las Ventas. Excellente première pique de Manuel Quinta à l’arrière du morillo. Somptueux quite de Ponce par chicuelinas mains basses et demie. Ponce est entregado et il se charge de la lidia. La seconde vara est un simulacre. David Mora exécute un quite par gaoneras brusques terminées par revolera et brionesa. Après la restitution des trastos, Ponce débute sa faena par des doblones majestueux, interrompus par un désarmé et des fléchissements du bicho. Dans les tercios il dessine des derechazos templés avec la jambe de sortie effacée et tapando la cara en redondo dans la seconde série. Aux medios le toro va a menos et ne termine plus les passes. Le public de sombra adoube tout de même. À gauche le Hernández complique d’abord les choses puis va a menos. Ses charges sont en ligne et ne transmettent rien. Ponce brille cependant dans les remates puis, et surtout, dans les doblones et cambio de mano sur genoux plié, salués par une ovation unanime. Pinchazo suivie d’une entière du plus grand classicisme. Oreille. Le salut final, ému au centre du ruedo, montre tout le plaisir que le Maestro prend avec ce triomphe.

Le troisième Hernández averti sérieusement David Mora du coté droit avant que ce dernier ne lui serve des véroniques a mas et une demie relâchée sur la corne gauche. Piqué en arrière le toro s’emploie irrégulièrement sous la première pique. Entrain et forces disparaissent pour la seconde. Quite de Mora par chicuelinas en marquant exagérément la sortie, et demie. Antoñares arrive à faire humilier et suivre la cape au toro en quelques occasions durant la brega du second tiers. Angel Otero est fêté, et salut, surtout pour une excellente seconde paire. Brindis au public. Le tanteo de Mora est achevé par un cambio de mano qui fait gronder les tendidos. A droite Mora décharge la suerte sans vraiment prendre le rythme du bicho. La charge à gauche est douce et longue. Là aussi le Matador a du mal à trouver le rythme. Mora essaye de laisser la muleta devant la tête mais le toro est tardo et ne répète plus. Entière caida. Palmas au toro. Palmas et salut pour Mora.

La lidia retrouve l’ordre de l’ancienneté lorsqu’ Enrique Ponce reçoit le fin negro salpicado et veleto qui sort en quatrième Les véroniques aisées du Maestro sont ternies par la faiblesse du toro. Cette faiblesse se confirme dans les rencontres avec le peto. Toutefois le second tiers permet au Hernández de se récupérer et montrer quelques charges complètes. Ponce le teste dans les tercios. La tête bouge dans tous les sens au passage ce qui n’empêche pas Ponce de continuer à canaliser la charge. Il y parviendra à droite dans des muletazos faisant fi du calamocheo, les cornes passant parfois au raz des chevilles. À gauche la charge est plus molle et les naturelles sont données une par une. De retour à droite Ponce s’arrime et fait passer son opposant avec assurance, passe par passe. Son élégance et son assurance portent sur le public. Pinchazo le toro fermant la porte. Demie lame tendida et desprendida alors que sonne l’avis. Oreille demandée avec moins de force qu’à son premier. Division d’opinions. La majorité des tendidos fêtent la vuelta.

Après le triomphe de Ponce la tache est difficile pour Mora. Ses véroniques et demies limpides n’ont pas l’écho qu’elles auraient mérité. Mora mène le toro au cheval par chicuelinas marchées mais l’épreuve du fer ne met pas en valeur de qualités combatives du bicho. Quite par véroniques et delantales de Varea meilleur dans le double remate. Antoñares salut pour sa prestation de haut niveau en banderilles. Mora débute la faena par ayudados, pase del desprecio et pecho le toro venant au pas. Aux medios l’animal sautille et derrote dans les derechazos. Le vent n’arrange rien. Petit à petit Mora arrive à tirer quelques muletazos isolés sur les deux cornes. Mais l’ensemble est brouillon. Entière contraire, atravesada et perpendiculaire en se faisant accrocher à hauteur de la poitrine et jeter à terre. Deux descabellos et avis. Palmas et salut.

Varea a du mal à fixer le dernier de la tarde dont les forces et la combativité paraissent limités. Varea laisse sa cuadrilla mettre le toro en suerte au cheval. Ce dernier s’emploie sous les deux piques de mas a menos. Par contre au second tiers l’animal va notablement a mas. Brindis au public. Le bicho galope de loin et Varea lutte avec le vent face au tendido 4.  Le Hernández humilie et bouge. Les derechazos sont parfois accrochés, souvent donnés de loin ou por fuera dans un ensemble irrégulier. La charge à gauche est somptueuse et les muletazos ne lui font pas honneur. Face à un toro de deux oreilles Varea n’aura que l’excuse du vent mais pas celle d’avoir tout essayé. Pinchazo et entière desprendida lorsque sonne l’avis. Silence.

René Philippe Arneodau

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