Madrid 10 mai 2018 – 3ème de Feria – Importante faena de “Román” à un bon toro de Fuente Ymbro.

Après les deux premières corridas de feria, décevantes, la corrida de Fuente Ymbro sans atteindre les sommets permettait aux trois matadors et leurs cuadrillas de provoquer les premières ovations soit par leur travail à la cape dans les quites, à la muleta pour deux d’entr’eux et aux banderilles pour les toreros de plata avec, à la clé, quelques émotions. Joselito Adame, « Román et José Garrido entraient à la San Isidro devant un public plus attentif et réceptif que les jours précédents.

De bonne présentation, les toros de Fuente Ymbro permettaient à différents degrés la réalisation de faenas principalement les trois premiers alors que le ton de la corrida déclinait à l’unisson du comportement des trois derniers. Le tercio de piques  était très mouvementé avec le 4ème qui, sans trop d’élan, soulevait par la croupe le cheval monté par César Morales et le désarçonnait en deux rencontres avec grande chute, il allait au picador de réserve et répétait l’impact pour une nouvelle chute.  Les rencontres au cheval des autres pensionnaires de Ricardo Gallardo – propriétaire de Fuente Ymbro – n’étaient pas particulièrement brillantes, courtes pour la plupart, avec tout juste des puyas faiblement appuyées.

Le toro sorti en deuxième position, nommé «Hechizo» – deux acceptions : sortilège ou charme, c’est selon… – était le plus complet du lot. Sans avoir été supérieur aux piques, il en sortait en fléchissant des antérieurs, mais révélait une pointe de genio,  prompt d’un galop long qui transmettait cette émotion tant recherchée pour peu que le torero sache canaliser l’impétuosité des charges. « Román », qui en héritait, réalisait une faena vibrante, profitant au début de chaque série de l’inertie d’une course longue lorsque le toro entrait dans la muleta, pour ensuite en réduire le tracé restant délibérément dans le sitio, enchaînant les passes. D’abord sur la corne droite, la charge de «Hechizo» était descompuesta, elle se tempérait par la suite.  «Roman» l’obligeait par le bas sans rompre et paraphait les séries par des changements de mains limpides et passes de poitrines profondes. L’émotion des naturelles compensait sans doute les effets artistiques.

               

La faena concluait sur des doblones pour calmer l’animal avant de porter un pinchazo hondo horizontal et un trois-quarts de lame alors que sonnait un avis. Vraiment dommage car l’oreille promise était perdue par le mauvais maniement de l’épée. Grande ovation au torero et applaudissements au toro à l’arrastre. Au 5ème « Román » ne pouvait faire mieux que tenter encore de lier les passes à un toro qui restait court dans ses charges, sans transmission, qui fléchissait en fins de passes. Avec facilité, l’épée était placée, haute.

José Garrido recevait le 3ème par des véroniques con poder, jambe contraire fléchie, gagnant du terrain bien au-delà des lignes avec la demi-véronique en remate. La faena, hésitante de la part d’un toro qui titubait dans ses charges à droite, changeait dès l’instant où José Garrido prît la muleta de la main gauche pour des naturelles «templées» à ce toro qui «humiliait» avec noblesse. Dans les séries suivantes, le ton baissait, mais pas la qualité des naturelles dessinées au ralenti. Des passes hautes aidées, une naturelle basse de remate apportaient la note artistique à la faena qui concluait par une estocade très, très basse. Le 6ème et dernier fuente-ymbro , un toro long et sans trop d’arrière-train, chargeait tel que son physique le préparait : sans appui des reins sous la pique, presque pas piqué car perdant l’équilibre à la sortie de la première rencontre, la deuxième pique étant seulement signalée… La faiblesse de l’animal empêchait toute tentative de prolonger les passes et… la faena. L’estocade contraire tendida en finissait avec ce toro de mauvaise note. José Garrido s’était distingué dans ses quites par chicuelinas et deux orticinas respectivement aux toros de «Román».

Joselito Adame touchait un premier toro, suelto, distrait qui, en début de faena, jetait des coups de tête en fins de passes pour ensuite, mieux fixé, entrer violemment dans la muleta. Sur la corne gauche, le toro s’ «ouvrait» de telle sorte que le torero d’Aguascalientes devait corriger sa position pour aller le «chercher». Maintenant, le toro arrêté, Joselito se croisait mais bien des passes étaient accrochées. Il n’y eut pas de communion entre partenaires torero-toroacoplo – l’un gêné sans doute par les charges irrégulières de l’autre. Joselito Adame ne pouvait pas remonter le courant à la suite de sa décevante prestation au premier. Après les incidents aux piques cités plus haut, peut-être conséquence de cela, ce toro le 4ème – doutait avant de charger, se retournait vivement lançant des coups de tête en l’air. Cependant Joselito Adame parvenait à le garder dans la muleta dans une seule et unique série de la droite. Ensuite, plus rien, le toro se déplaçait au pas… Ce n’était pas non plus son jour à l’épée et sans confiance ou désabusé, il allongeait le bras pour des pinchazos et une autre estocade très basse (comme au premier !)

De la cuadrilla de «Román», Hazem Al-Masri “El Sirio” réalisait un quite opportun à Tomás López (de la cuadrilla de Joselito Adame) poursuivi au sortir d’une paire de banderilles et échappait lui-même à une cogida, après avoir cloué une paire serrée, déséquilibré et foulé au sol sans dommages par le 2èmefuente-ymbro.

Joselito Adame : silence aux deux. « Román » : un avis et saluts ; silence. José Garrido : silence aux deux.

Georges Marcillac

Ce contenu a été publié dans Georges Marcillac Escritos, Madrid. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.