Madrid 29 mai 2016 -23ème de San Isidro –L’oreille d’un brave “Ibán” à Alberto Aguilar

Baltasar Ibán2328La devise de Baltasar Ibán a une longue histoire et des minutes de gloire avec « Bastonito » de la fameuse et heroïque faena de César Rincón le 7 juin 1994. Justement le premier de la corrida d’aujourd’hui s’appelait aussi « Bastonito » donc supposé de la même lignée mais c’est un autre toro, de nom « Camarín », qui lui a damé le pion, sorti en deuxième position et échu à Alberto Aguilar. Ce toro sortait en trombe et, dans la cape du madrilène, entrait vif et répétant les charges, recevant des véroniques vibrantes qui l’amenaient au-delà des lignes et le fixaient dans une demie. Cette charge allègre était mise en exergue par le torero en le laissant à bonne distance pour un élan jusqu’au picador, poussant avec les reins pour une première pique de même à  la deuxième. Le public jubilait, réclamant d’ailleurs une troisième rencontre. Entre-temps un quite par tafalleras et farol d’Alberto Aguilar confirmait les bonnes conditions de « Camarín » qui ne se départissait pas d’un joli tranco lors d’un bon tiers de banderilles assuré par Rafael González et Lucas Benítez. La faena, dédiée au public, commençait par des doblones pour tempérer par le bas la charge du toro et se poursuivait surtout par des passes de la droite pas toujours parfaites car l’ibán entrait fort, s’ouvrait à plaisir et redoublait ses charges.  Le mérite en revenait au torero de pas faiblir, de rester placé face à la fougue du toro, prompt dans ses démarrages et « humilié » dans la muleta. Sur la gauche, les naturelles étaient plus reposées si l’on peut dire, le rythme baissait d’un ton.t2014 Une dernière série de derechazos précédait une bonne estocade verticale un peu tombée mais d’effet immédiat, recevant le matador madrilène, en prime, un pitonazo dans la poitrine. Le toro mourrait bouche fermée. L’oreille était concédée et la vuelta al ruedo était demandée mais non accordée pour ce toro brave et encasté, peut-être pour cette légère baisse de régime en fin de faena. Malgré tout « Camarín » pourrait être un prétendant aux prix de cette San Isidro. Le 5ème, bronco, large de cornes, tardo à la muleta, finissait par soulever à l’entre-jambe Alberto qui échappait de la sorte d’une blessure certaine. Ensuite, plus une seule passe n’était possible à un toro sur la défensive. Estocade entière.

La corrida de Baltasar Ibán ne se résumait pas à ce seul toro. De présences inégales en hechuras et armures, de poids aussi allant de 484 à 606 kg. deux toros de cinq ans passés, les 4ème et 5ème,  les trois premiers pouvaient à la rigueur satisfaire la ganadera Cristina Moratiel mais pas les trois derniers qui ne duraient pas et montraient un certaine mansedumbre ou plutôt une mansedumbre certaine les 5ème et 6ème réfugiés près des planches. Tous, sauf le deuxième, avaient le défaut de relever la tête en fins de passes. Leur comportement au premier tiers peut être qualifié de moyen car placés à distance – une fois n’est pas coutume à Las Ventas – ils allaient au cheval mais leur comportement était inégal sous la pique.

Iván Vicente, à son premier, réalisait une faena complète mais mitigée à cause de la charge irrégulière du toro qui paraissait avoir difficulté à se déplacer au début, sans doute ankylosé de l’arrière train, de charge lente et parfois descompuesta, à cause de cet handicap. Une dernière et bonne série droitière se terminait dans les tablas. Estocade entière un peu arrière. Le 4ème qui donnait des coups de têtes – hachazos – en fin de passes,  reservón et pratiquement arrêté en fin de faena, ne permettait pas à Iván Vicente de briller. Après l’estocade et plusieurs descabellos il recevait la sanction de deux avis.

Victor Barrio touchait un joli toro, plus ramassé de corps, léger mais pourvu de deux «perchas», cornivuelto, dont le défaut principal était ses coups de tête dans les leurres, compliquant l’exécution de toutes les suertes tant à la cape, qu’aux banderilles et à la muleta. Cela avait pour conséquence des accrochages en fins de passes alors que Victor Barrio, muleta basse tentait mais ne parvenait pas toujours à endiguer cette charge vive et corriger ce défaut qui dénaturaient son toreo appliqué. Sur la corne gauche la charge plus tempérée permettait, enfin, une série bien dessinée. Sur la fin, le toro se désintéressait de la muleta et s’arrêtait. En conclusion, un pinchazo et une bonne estocade verticale. Au 6ème,  la faena se déroulait sous la pluie dans l’abandon de l’attention du public et du combat du toro qui allait se coller aux planches. Il était inutile pour Victor Barrio de poursuivre sa propre frustration et «punir» les spectateurs pressés de quitter la place au plus vite. Une estocade et descabello contre les barrières.

Alberto Zayas et « Jarocho » de la cuadrilla de Victor Barrio, se distinguaient aux banderilles et se montraient efficaces dans la brega et à la puntilla respectivement.

Iván Vicente : saluts ; deux avis et silence. Alberto Aguilar : une oreille ; applaudissements. Victor Barrio : silence aux deux.

Georges Marcillac

     

 

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