Palacio de Vistalegre de Madrid: Succès de Ginés Marín et David Mora

Palacio Vista Alegre

La saison taurine de Madrid était inaugurée ces 20-21 février au Palacio de Vistalegre du quartier de Carabanchel par deux corridas, une de novillos et l’autre de toros. La première voyait le succès d’un jeune torero de Badajoz, Ginés Marín et la seconde le presque triomphe de David Mora. La corrida de dimanche était basée sur un mano a mano émouvant : la réapparition de deux toreros fortement et dramatiquement blessés, David Mora en mai 2014 à Las Ventas, en mai et août 2015 successivement, le torero de Málaga Jiménez Fortes. L’afición madrilène – celles de Tolède et Málaga aussi –  s’était déplacée pour rendre hommage à ces deux diestros salués par une longue ovation qui se prolongeait jusqu’à la fin du paseillo, les obligeant à leur tour à répondre depuis le tercio. La novillada du samedi réunissait trois novilleros prêts pour l’alternative : Álvaro Lorenzo, de Tolède, qui avait triomphé l’an passé à Vistalegre, Ginés Marín, leader des novilleros en 2015 et Jonathan Blázquez « Varea », de Castellón.

La novillada de samedi était de Daniel Ruiz dont les produits n’étaient pas des foudres de guerre ni par leur hechuras, ni par leurs armures, ni dans leur comportement aux piques – mono-pique ou piqûre légère. Les 1er, 4ème et 5ème mobiles et nobles permettaient des faenas plus ou moins bien terminées soit par leurs charges qui se réduisaient, soit par leurs matadors qui rataient la mise à mort.

Ginés Marín fut le torero le plus complet dans ses deux prestations. Il brillait particulièrement à la cape par des véroniques de réception bien dessinées gagnant le centre du ruedo et par des gaoneras, saltilleras dans les quites à ses novillos. A la muleta, au 5ème, on remarquait son début de faena à genou dans des redondos droitiers templés. Ses faenas étaient marquées du sceau de la qualité dans les passes fondamentales, de son sens du positionnement sans perdre un seul centimètre même lorsque le novillo le serrait en fin de passe, la variété et improvisation dans les remates : tout un florilège de changements de mains et jeu de poignet. Il abusait toutefois de passes inutiles prolongeant la faena et portait une estocade décisive qui lui valait la seule oreille de la soirée.

Alvaro Lorenzo, lui, signait deux faenas complètes profitant de la mobilité de ses deux novillos. Le premier, nerveux, amené au cheval pas tapatías, avait serré à gauche un banderillero et d’ailleurs accrochait le tolédan dans sa deuxième série de naturelles le secouant au sol, sans dommages heureusement. Son deuxième, probón à la cape, se réveillait après la pique et de déplaçait avec fougue aux banderilles. Álvaro après des doblones templés, le citait de loin pour enchaîner des passes pas toujours parfaites car la charge du novillo n’était pas aussi régulière que souhaitée – descompuesta – mais donnait un peu d’émotion à la faena. A l´épée, les successifs pinchazos et estocades défectueuses le privaient d’un succès mérité.

L’opinion que l’on a de « Varea » est toujours mitigée. Il torée bien à la cape, dessine avec temple derechazos et naturelles, il est vrai un peu décollé, affectionne les passes de bon goût telles passes hautes ou basses aidées, mais il ne transmet rien si ce n’est cette froideur polaire qui n’éveille aucun enthousiasme des aficionados. De plus il tuait mal, sans conviction  au moment de s’élancer à l’épée. Dommage.

Álvaro Lorenzo : deux avis et saluts ; ovation. Ginés Marín : un avis et saluts ; une oreille. « Varea » : un avis et silence ; un avis et saluts.

Le dimanche les toros provenaient de l’élevage de Parladé, deuxième « marque » de JP Domecq. David Mora touchait les deux meilleurs toros, les 1er et 5ème,  toutes proportions gardées, et ni le sort ni le sorteo ne favorisaient le jeune torero de Malaga. Des toros auxquels on appliquait la mono-pique, pas même soutenue – ils n’en auraient pas accepté une de plus – qui montraient des faiblesses de pattes, n’arrivaient pas au terme des faenas qui leur étaient appliquées, l’un d’eux, le 2ème était même renvoyé au corral, il était remplacé par un sobrero de JP Domecq, compliqué, qui sortait en sixième position.

David Mora nous gratifiait de deux belles faenas qui doivent lui avoir donné confiance pour la suite de sa saison après ces 21 mois d’arrêt forcé. Dans un style volontaire et relâché il toréait au ralenti le parladé sorti premier dans une faena commencée par des statuaires liées à la passe de poitrine, le toro perdant l’équilbre et ne laissant augurer rien de bon. Malgré sa faiblesse, ce toro noble permettait une faena de passes des deux mains, serrées certaines, naturelles pieds joints à la fin. L’estocade entière un peu tombée lui valait deux oreilles, une méritée pour l’ensemble de la faena, l’autre pour l’embellie vécue par le torero retrouvé. Encore meilleure était la faena au 5ème, un toro sans allure, de courte encolure, qui se freinait dans la cape mais qui peu à peu améliorait ses charges de telle sorte que David Mora le recevait par des doblones templés et le citait ensuite de loin au centre de la piste pour enchaîner des séries de derechazos courts mais liés dans un minimum de terrain. Ovation. Les naturelles, pieds joints, de trois-quart ensuite, embarquaient le toro par le bas avant que ce dernier, rassasié de tant de passes, capitulait et  « demandait la mort ». Trois pinchazos et une demie verticale lui faisaient perdre du coup le maximum de trophées. Bien à la cape pour ces deux toros, le répertoire se limitant néanmoins aux seules véroniques et chicuelinas.

Saúl Jiménez Fortes, à tous ses toros, déployait sinon son talent, surtout sa vaillance dans un toreo de proximité, souvent brouillon, avec accrochages de muleta, abusant de passes circulaires inversées lorsque leur intérêt était nul. Il avait cité de loin le dernier – le sobrero de JP Dpmecq – la muleta repliée sur sa main gauche, passe communément appelée « cartucho de pescado »  de Pepe Luis Vázquez mais les coups de tête et les accrochages de la muleta réduisait à néant cette bravade. Entre les demi-chutes de ses toros sans race, les passes embrouillées des faenas et les mises à mort défectueuses par la multiplication des pinchazos faisaient de la prestation de Saúl Fortes une accumulation de fausses notes.  Toutefois à noter un grande estocade, après trois tentatives… au 6ème. A revoir.

Angel Otero, José María Tejero  aux banderilles, Iván García a la brega à la cape recevaient une grande ovation au 3ème et devaient saluer. David Mora avait dédié son dernier toro à Antonio Tejero et Simon Casas son nouvel apoderado.

David Mora : deux oreilles ; un avis et saluts ; un avis et vuelta. Saúl Jiménez Fortes : un avis et saluts aux trois.

Georges Marcillac

Ce contenu a été publié dans Georges Marcillac Escritos, Madrid. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.