Naturelle « Aidée ».

Le titre ci-dessus a tout d’un non sens.  Le propre d’une naturelle, passe de muleta exécutée de la main gauche, est de l’être sans l’aide de l’épée qui augmente la surface de la toile.

La naturelle est par excellence et historiquement la passe fondamentale, celle qui exprime la vérité, la sincérité, la pureté, l’engagement.  Lorsque la Muleta est tenue de la main gauche le tissu tombe à la verticale à partir de l’extrémité de l’ « estaquillador ».  C’est alors le bras et le poigné du torero qui actionnent les « vuelos ».   Ils donneront, dans le mouvement, plus ou moins d’ouverture à la muleta pour doser la trajectoire de la passe.

Lorsque le torero choisi d’utiliser une muleta au tissu épais et rigide il obtient alors, lorsque celle-ci est tenue dans sa main gauche, un « engaño » très différent.  Alors, sans l’aide de l’épée, le « palillo » étant tenu à l’horizontal,  la muleta a tendance à rester ouverte comme si l’épée la soutenait encore.  Si en plus le torero choisit aussi des muletas de grande taille, un « estaquillador » un peu plus long et une technique plus défensive que sincère, on obtient alors un « toreo » artificiel.  D’ailleurs faites bien attention à la répartition des styles.  Les Maestros au « toreo » fondamental sont quasiment toujours ceux qui utilisent des « engaños » de taille normale ou réduite, des « trastos » vivants, qui tombent et bougent naturellement.  Cela a une importance dans la valorisation des faenas.  D’autres, doués dans  l’utilisation de « trastos » avantageux et d’une technique défensive développée, compensent ces avantages, pas toujours perçus par le grand public, par une gestuelle centrée sur la mise en valeur de la ou des deux dernières passes d’une série et par une mise en scène statique exacerbée.  Alors les séries de passes, bien qu’esthétiques, manquent de fonds.

Il convient de ne pas confondre ces excès avec l’ouverture de la toile obtenue par le torero qui laisse, à la sortie d’une passe, sa muleta en avant, morte, trainant au sol, pour enchainer la passe suivante.  Cette attitude est le plus souvent d’une grande valeur technique.  Alors, l’effet ouvert de la toile provient du fait que le bas de la muleta repose sur le sable et est ainsi maintenue ouverte.  On jugera alors de la nature réelle de la muleta lorsqu’elle est soulevée et que le tissus retombe ou non à la verticale.

Les naturelles ne sont donc pas toutes de la même valeur. Bien que l’expression Naturelle Aidée soit un non sens, il faut bien l’avouer, dans la pratique elle existe.

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