Après la mort de Victor Barrio…

Cartel Cantalejo346Depuis la date fatidique du 9 juillet, les manifestations de sympathie et autres cérémonies se sont multipliées en mémoire de Victor Barrio qui a trouvé la mort sous la corne d’un toro de Los Maños lors des fêtes patronales de Teruel. La dernière avait lieu mercredi dernier à Cantalejo, une commune de la province de Segovia, proche de Grajera et Sepúlveda où vécut le torero. Une corrida extraordinaire était programmée dans le cadre des fêtes de cette petite ville de 4000 habitants avec au cartel Enrique Ponce, David Mora et Daniel Luque pour des toros de Juan Cruz Iribarren. Au cours de sa courte carrière Victor Barrio n’avait jamais manqué – comme il devait le faire encore cette année – de participer aux corridas de luxe montées par une municipalité aussi bien taurine qu’aventureuse étant donné les cachets des toreros engagés. A cette occasion, il était annoncé que, dans un geste de solidarité et respect, les honoraires des toreros de ce jour seraient généreusement donnés pour ériger une statue au torero segoviano. En présence des parents et de Raquel Sanz, la veuve, le paseo,  les différents brindis et les paroles des officiels étaient empreints d’une grande émotion partagée par un public venu nombreux pour cet hommage posthume à leur concitoyen et voisin. La corrida fut triomphale même si les triomphes des trois toreros, qui sortaient a hombros, ne représentaient pas, dans l’esprit purement tauromachique, l’image d’un évènement extraordinaire, sauf que Daniel Luque signait une belle faena à un toro de Juan Cruz primé par la vuelta al ruedo. L’important était d’avoir été présents et montré une fois de plus combien les toreros, en général, savent être solidaires avec le compagnon tombé et d’une certaine manière exorcisent leur propre destin, étant eux-mêmes exposés aux cornes mortifères des toros.

Des articles dans toute la presse espagnole, émouvants et lyriques, des noms de rue, des plaques souvenirs, des messes, sont matières pour rappeler que le torero mort incarne encore, en Espagne, cet aura de héros romantique qui entre dans la légende alors que de son vivant, Victor Barrio n’avait pu atteindre le piédestal qu’occupent les figures actuelles… Le « système » est cruel et injuste. La solidarité semble être un vain mot lorsque l’intérêt des uns étouffe le rêve des autres. La démonstration ne s’est pas faite attendre.

Le prochain 4 septembre aura lieu, à Valladolid, la première corrida abono-toros-valladolid-5-festejosde la Feria de la Virgen de San Lorenzo avec un cartel de six matadors – six principaux figuras dont Juan José Padilla, José Tomás, Morante de la Puebla, « El Juli », José María Manzanares et Alejandro Talavante –  pour un nouveau et spectaculaire hommage à Victor Barrio. Cette année est mise en exergue l’image du torero!!! Il faut savoir que la feria subira un répit avant le début habituel et traditionnel du cycle, le 8 septembre. L’évènement est grandi encore par la présence de José Tomás qui toréera de nouveau le 9 septembre dans une corrida mixte avec le rejoneador Leonardo Hernández et José María Manzanares. De cette double présence est née une polémique car il semblerait, aux dire d’Enrique Ponce, que José Tomás ait « blindé » ces dates des 09 et 04/09 pour qu’Enrique Ponce ne puisse toréer à Valladolid, par caprice, car si l’un a un calendrier bien fourni, l’autre, José Tomás ne torée que sporadiquement et le choix des dates ne devraient pas être un problème car son calendrier taurin est loin d’être aussi fourni que celui du valencien. Par ailleurs, la société Valtauro d’Antonio Matilla s’est pliée barrio-tributo-U10107650555HGD-U102927910757CLE-620x449@abcaux impositions de José Tomás car la corrida du 4 septembre ne sera pas télévisée – elle aurait dû l’être pour le caractère exceptionnel et le cartel de cette corrida bénéfique – elle n’accueillera pas non plus Enrique Ponce… corrida qui entrera dans l’abono de la feria !  En raison de l’affluence du public attendu, pour qui veut voir José Tomás, il est donc quasi obligatoire d’acheter les billets de toute la feria ce qui, compte tenu de l’attraction que produit José Tomás, doit combler d’aise la empresa pour la recette enregistrée avant même que ne commence la feria à moins que l’essentiel du bénéfice ne soit viré au compte en banque de José Tomás…

Cette entreprise de marketing est loin d’être du goût des vrais aficionados – pas seulement fans de José Tomás – qui voudraient voir le torero de Galapagar traité au même titre et dans les mêmes conditions que ses collègues toreros et non plus considéré comme le mythe vivant de la tauromachie moderne auquel tout est permis et accepté. Pour cela, on est loin des manifestations solidaires et altruistes du monde taurin pour rendre hommage à la mémoire de Victor Barrio dont la mort a sans nul doute marqué ceux qui, jour après jour, « se mettent devant un toro« .  De même, le futur monument érigé à Sepúlveda rappellera à la société en général combien ce monde del toro est dur, fatal aussi, implacable pour ceux qui n’atteignent pas la notoriété et encore moins la gloire,  pour qu’enfin soient reconnues les valeurs qu’il représente. Malheureusement, á l’opposé des sincères gestes et marques de sympathie, subsisteront les opérations intéressées, celles de l’argent, sans compter les actions anti-taurines, insupportables et obscènes à l’occasion de la mort de Victor Barrio,  qui continueront à entacher l’activité taurine pauvrement défendue par la politique ou sourdement ignorée par la société moderne. Quelle tristesse !

Georges Marcillac

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