Madrid – 15 août – Corrida traditionnelle de La Paloma. Succès mitigés d’Eugenio de Mora et « Román » Collado.

virgen-de-la-palomaA Madrid, pour le 15 août, on fête la Virgen de la Paloma qui est la seconde patronne de la ville, la Almudena étant l’ « officielle » (fête le 9 novembre). Cette fête est l’occasion d’une corrida traditionnelle à Las Ventas. Le matin, avant l’apartado, une messe est dite dans le ruedo de l’arène et, cette année, la célébration était en mémoire des toreros Victor Barrio, Rodolfo Rodríguez « El Pana », Renatto Mota, Fermín Bohorquez, du photographe taurin Francisco Cano « Canito », de l’apoderado Miguel Flores récemment décédés.  La tradition de cette messe remonte au décès dans cette même plaza du banderillero Miguel Leyton « El Coli » le 15 août 1964.

Revenons à une célébration plus profane, bien qu’empreinte de religiosité, dans un certain sens, celle de la corrida qui annonçait à l’affiche trois toreros Eugenio de Mora, presque un vétéran, « Román » Collado jeune valencien de mère française qui a confirmé l’alternative le 19 mai dernier et Matías Tejela, torero madrilène qui revenait à Las Ventas après une année blanche… Ils étaient opposés aux toros de El Montecillo propriété de Paco Medina (via différents produits d’origine JP Domecq)  dont le lot était complété par un exemplaire de Torrealba. Des toros de cinq ans (3ème, 4ème et 5ème ) qui étaient de présentations diverses, de belles hechuras  les 2ème, 5ème et 6ème. Ils allaient au cheval souvent par des charges typiques de toros mansotes mais assez de force pour provoquer des chutes (2ème et 3ème) et la plupart ne duraient pas jusqu’à la fin des faenas de muleta faute de race ou force. En général, les toreros par leur capacité se montraient supérieurs à leurs opposants respectifs sans pouvoir accrocher un brillant succès à leur palmarès à Las Ventas.

Eugenio de Mora est un torero qui a la cote à Madrid et qui, à chaque sortie, ne démérite jamais sans pour autant obtenir des succès retentissants. Il coupait une oreille à son second qu’il toréait intelligemment, donnant la distance juste pour provoquer la charge réticente et profiter de l’élan pour lier les passes à un toro qui tantôt baissait la tête tantôt la levait ce qui rendait les séries assez décousues mais empreintes de technique et aguante lorsque le toro passait sans « humilier » ou s’arrêtait à moitié muletazo. La dernière série de la droite était de loin celle de meilleure qualité. Des ayudados par le haut et le bas et une estocade au ralenti, citant un peu fuera de cacho, étaient la conclusion d’un trasteo sans éclat mais sérieux. Le premier présentait quelques difficultés car  ce toro se serrait des deux côtés mais la fermeté et le placement du tolédan évitaient des problèmes majeurs. Quelques faiblesses de pattes sur la fin obligeaient à écourter la faena. Eugenio de Mora n’avait d’autre ressource que de porter une estocade qui s’avérait tombée et atravesada.

« Román » lui aussi coupait une oreille au 3ème, contestée et contestable selon les critères de Madrid mais elle récompensait le valencien pour un toreo plein d’aplomb, de volonté de bien faire. f300x0-66932_66950_66Il y parvenait en toréant main basse un toro qui « humiliait », certes, mais qui s’arrêtait souvent au niveau des chevilles. On remarquait principalement des naturelles allongeant le tracé d’autres de face, pieds joints, paraphées de bonnes passes de poitrine. Sans aliviarse « Román » terminait par des doblones toreros et une estocade entière arrière. Le 6ème et dernier ne répondait pas à la belle allure qu’il avait eu jusqu’au tercio de banderilles  – deux belles paires clouées par Rafael Martí qui saluait – et au bon début de faena par statuaires. Sans force, sans caste le toro ne permettait aucune passe. Estocade entière mais placée très en arrière. « Román » fut le seul à intervenir dans des quites par gaoneras et tafalleras de diverses factures du fait du peu d’entrain des toros au sortir de l’épreuve des piques.

Matías Tejela était gratifié de deux beaux toros, dont le torrealba en second, avec des cornes en portemanteau (perchas en jargon taurin), astifinas aussi, qu’heureusement ils n’eurent pas l’occasion de se servir si ce n’est qu’en suivant sans codicia la muleta qui leur était présentée, l’un sans terminer les passes, l’autre avec un léger calamocheo. Matías Tejela égrenait de bonnes passes, malheureusement isolées, avec temple sur la droite à son premier, des passes « propres » mais sans transmission au  5ème qui, sans caste aucune, se laissait mourir avant même de recevoir un coup d’épée précédé d’un pinchazo profond horizontal.

Eugenio de Mora : un avis et applaudissements; une oreille. Matías Tejela : applaudissements réservés aux deux. « Román » : une oreille et division d’opinion; un avis et applaudissements.

Georges Marcillac

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