Madrid 16 avril 2017 - Impossible sauvetage au bord de l'abîme.

La belle affiche qui annonçait le mano a mano Curro Díaz-José Garrido pour la corrida du dimanche de Pâques à Madrid, la promotion quelques jours auparavant  de ce duel au centre d’un quadrilatère avec les deux matadors, le ganadero Agustín Montes et Simon Casas représentant la empresa de Las Ventas, tout ce montage de bon aloi  s’est soldé à grand fracas par une corrida hautement décevante pour les toreros, le public et l’éleveur selon les diverses carences des produits de Montealto. En réalité tout ce beau monde s’est retrouvé contre les cordes sans options de vraiment briller et donner les «coups» que tout le monde aficionado attendait. Si les toros de Montealto venaient avec le meilleur pedigree (leurs  succès en 2015 et 2016 et les indultos de novillos autour de Madrid) ,  leur comportement - les six -  ne permettaient aucun toreo brillant. Quand tout va mal tous les éléments de ce spectacle sont à l’unisson : même les cuadrillas montraient leur inaptitude à planter les banderilles par paires et les picadors à piquer comme il se doit… quand les toros allaient au cheval, parfois par surprise ou dans des charges qui se voulaient franches et piquer en arrière  systématiquement. Tous les toros de présences inégales – de 505 à 680 kg !, le 3ème n’aurait pas dû passer le reconocimiento malgré ses 630 kg ? – furent sifflés à l’arrastre. Les deux derniers qui se révélaient sans fixité et malgré  leur mansedumbre dans tous les terrains, ils furent les seuls auxquels Curro Díaz et José Garrido purent donner des passes…

Les aficionados voulaient voir Curro Díaz qui faisait un effort au 5ème, un jabonero beau en photo, moins en réalité bizco de la corne droite, qui sortait suelto des piques, grattait le sol et allait au pas sur les capes – gazapeo -  tendait à s’échapper de la muleta.  Néanmoins, le torero de Linares le fixait au centre du ruedo et lui distillait des passes avec des détails et un début de faena tonitruant en citant de loin, avec des passes longues mais sans la continuité nécessaires à la construction d’une faena liée. Sans obliger le toro à proximité, il régalait les inconditionnels par des remates toreros, trincherazos et pase del desprecio. Ce toro pourrait être crédité du meilleur comportement néanmoins trompeur  car irrégulier dans sa charge à la fin, le torero ne l’ « obligeant » pas sinon il  aurait fui. L’estocade basse provoquait l’hémorragie buccale et les avis étaient partagés. Il n’y eut pas de faena à son deuxième, un toro qui dès les premiers capotazos lançait des derrotes et les conservait dans la muleta. Au premier, ce n’était pas mieux car sans codicia ni charge, les naturelles une à une de Curro Díaz ne disaient rien.

José Garrido n’était pas mieux loti. Bien à la cape dans un quite par chicuelinas au 4ème et des véroniques genou fléchi suivi de véroniques gagnant du terrain vers le centre de la piste, demie et revolera à son premier auguraient le meilleur. À ce toro de charge courte, José Garrido laissait la muleta sous le museau pour lier les passes mais sans effet sur l’animal sans transmission ni répétition. L’espoir de la  charge longue et allègre du 4ème s’évanouissait car  il s’arrêtait aussitôt, accrochait la muleta sur la fin. Une dernière tentative à droite, la mise à mort s’imposait et l’épée tombait un peu bas assortie de l’hémorragie buccale. Le dernier, manso, permettait des passes, se déplaçait, oui, mais sans classe, grattant le sol avant de se décider à charger. Des passes liées sans éclat et plusieurs coups d’épées dans tous les sens pour mettre fin à cette corrida de totale déception.

Un incident : le 4ème, le seul de belles hechuras, qui donnait des signes de bravoure, lors d’un remate à un burladero atteignait Antonio Chacón, de la cuadrilla de José Garrido à l’entrée de la tronera et lui portait un puntazo à la cuisse droite. Il devait passer à l’infirmerie.

Curro Díaz : légère ovation ; silence ; saluts et division d’opinions (sifflets et applaudissements). José Garrido : silence ; silence ; un avis et silence.

Georges Marcillac

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Une réponse à Madrid 16 avril 2017 - Impossible sauvetage au bord de l'abîme.

  1. COMTE dit :

    Merci Georges nous à Séville ce n'était mieux

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