Mont de Marsan – 19 juillet 2017 – Triomphe du torero local Thomas Dufau

Lorsqu’apparaît sur l’affiche le nom de Juan Pedro Domecq associé à des toreros figuras on peut s’attendre au pire et au meilleur. Lorsqu’on se trouve à mi-chemin, on peut s’estimer heureux et c’est sans doute le cas des spectateurs de la première de La Feria de la Madeleine qui auront vu leur torero Thomas Dufau couper deux oreilles à son premier toro alors que ses compagnons de cartel, avec un autre C.V., repartaient  presque bredouilles – Antonio Ferrera – et totalement – José María Manzanares. Les toros de Juan Pedro étaient de présentations inégales, musculeux les deux premiers et de bonne hechuras, plus costaud le 5ème, sans trapío les 4ème et 6ème et franchement imprésentable le 3ème avec lequel Thomas Dufau triomphait ! La raison en est que ce toro, terciado, sans trop de cornes, n’était pas piqué et gardait tout au long de sa présence en piste un allant, une course régulière et noble qui faisait merveille. Exempté du châtiment des piques, il conservait toute sa fougue et sans doute montrait ses qualités de charge ses forces étant restées intactes. Un bon toro pour une « non-piquée ». Les jp-domecq allaient pour la plupart au cheval,  sans recevoir la correction règlementaire car les piques étaient aussitôt levées, le second assaut étant l’habituel simulacre.

Thomas Dufau montrait d’entrée ses intentions en accueillant le bien nommé 3ème « Prodigioso » par une larga cambiada à genoux pour ensuite enchaîner des véroniques jambe  fléchie  en conduisant le bicho jusqu’au centre du ruedo. Le début de la faena, au centre de la piste, à genoux par redondos et passe de poitrine de remate donnaient le ton d’un trasteo varié, de passes longues, liées, aidées par cette charge constante qui permettait au landais de s’exprimer, sans  art mais assurance jusqu’à la mise à mort. Des dosantinas, une passe de poitrine presque circulaire, un joli changement de main, des bernadinas à la fin, tels étaient les arguments d’un travail bien fait. L’épée, juste un peu desprendida et d’effet rapide, suffisait pour que les deux trophées fussent accordés. Le dernier, sous la pluie, avait sans doute des ressources de bravoure déclarée au cheval et aux banderilles – Morenito de Arles et Manolo de los Reyes devaient saluer – mais non mise à profit par Thomas Dufau, le toréant un peu trop sèchement, découragé (le toro) sur la fin de faena. Un péndulo doublé marquait le début d’une faena irrégulière avec pour conclusion une série de pinchazos….

Antonio Ferrera, remplaçait Curro Díaz blessé gravement à Manzanares (Albacete) et coupait une oreille à son premier, un bon toro  qui devrait avoir plu à son éleveur mais qui perdait de qualité dans ses charges à la muleta car – notre avis – les cites rapprochés n’étaient pas les plus adaptés surtout au moment de toréer sur la gauche. La charge un peu irrégulière en début de faena, sans trop « humilier »,  n’était pas un obstacle pour Antonio Ferrera pour toréer sans trop forcer. Il tombait, lui aussi, dans les sempiternelles passes circulaires inversées. Il tuait d’une estocade qui roulait le toro. Le 4ème sans force ne méritait aucune faena et était rapidement mis à mort d’une estocade trois-quarts, arrière et un peu tombée.

José María Manzanares sera sans doute crédité d’une prestation sans relief et de malchance au sorteo. C’est en partie vrai. Le second était un toro mobile, gazapón parfois, qui suivait docilement la muleta sans protester sans que le maestro pût donner un peu de piment à son trasteo.  Il tuait affreusement par une épée tombée dans des profondeurs insoupçonnées de ce maître estoqueador, rapidement retirée par la cuadrilla,  la deuxième guère meilleure mais contraire… C’est au 5ème que José María Manzanares réalisait, techniquement parlant, le meilleur de cette corrida. Le toro était légèrement bronco et avait un mouvement de tête dans la muleta, cabeceo  corrigé de main de maître dans la deuxième série par des derechazos suaves, « templés »et poderosos à la fois, avec en plus l’esthétique inhérente du torero alicantino. Je crains fort que ce détail ait échappé à la majorité des spectateurs qui sanctionnaient ce travail par une petite ovation après une épée un peu tombée et portée à la course…

Antonio Ferrera : une oreille et silence. José María Manzanares : silence aux deux. Thomas Dufau : deux oreilles et silence.

Georges Marcillac

Photos: Aplausos. Affiche: Christian Lacroix.

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