Mont de Marsan – 20 juillet 2017 – Une oreille pour Ginés Marín tout à la fin – Alejandro Talavante : la faena.

La corrida de Nuñez del Cuvillo, élevage prisé des vedettes modernes, fut sur le point de mériter un titre tel que «Désastre ganadero» sans le sauvetage in-extremis du toro sorti 5ème et la vaillance du 6ème, tous deux permettant les deux faenas les plus complètes de l’après-midi. Justement le 5ème était le toro le plus fait, de corpulence et d’âge, affublé du curieux nom de « Utrerito » (toro de 3 ans) ; quant au dernier 6ème, il tenait sur ses pattes par enchantement mais aussi par la bravoure qu’il extrayait de ses entrailles et résistait tout au long de la bonne faena de Ginés Marín. Les quatre premiers manifestaient une faiblesse évidente ou latente, seulement maintenus sur pattes par la science d’Enrique Ponce, n’allant pas au bout de la première faena d’Alejandro Talavante  et décourageant le jeune Ginés Marín à son premier de présentation à Plumaçon.

Ginés Marín se rachetait au 6ème, au corps ramassé, qui ne prenait pas très bien la cape, véroniques courtes ou en delantal, pendant lesquelles apparaissait sa faiblesse aussi bien du train avant que celui arrière, ce qui ne laissait augurer rien de bon. Le tercio de varas était escamoté et seule la volonté et le placement de Ginés Marín faisaient le reste de telle sorte que « Arrujado » d’abord toréé en tanteo par le haut, répondait aux cites et mettait la tête, parfois à la limite de la perte d’équilibre, mais on oubliait ce risque pour s’attacher au travail appliqué et sérieux de Ginés Marín, qui réussissait à lier les naturelles avec pour remate la passe du «mépris»pase del despreciodu meilleur effet. Les bernadinas finales en changeant le voyage du bicho au dernier moment finissaient par conquérir le public qui demandait l’oreille après une estocade entière arrière. A son premier, malgré des tentatives répétées de construire la faena, face à l’inconsistance de ce toro, il fallait en finir. L’estocade tombée provoquait l’hémorragie buccale…

Alejandro Talavante, toujours de son allure lymphatique, après le tanteo, prenait systématiquement la muleta de la main gauche, à mi-hauteur, au 2ème, pour éviter la chute déjà enregistrée après la deuxième pique de même qu’avec  le 5ème, pour habituer ce dernier à charger de ce côté. La première faena était écourtée car le toro ne tenait pas la distance. Malgré cela, on notait des naturelles dominatrices, plus longues mais  non liées, ensuite, pour «donner de l’air» au toro. Rien sur la droite. Une estocade un peu horizontale arrière assortie de la ronde des peones et de l’échec répété du puntillero ne soulevaient aucun applaudissement, plutôt des sifflets. Tout changeait avec le 5ème, à la muleta, après un comportement quelconque aux piques, donnant des coups de tête dans le caparaçon tout en poussant modérément n’usant pas la force qui aurait dû correspondre à son gabarit. La faena des deux mains atteignait un sommet dans une série de naturelles, «templées», longues mais terminées derrière la hanche, paraphée d’un farol lié à la passe de poitrine. Un début de série à droite, changement de main dans le dos pour enchaîner à nouveau par des naturelles précédaient deux pinchazos et une demi-estocade, réduisaient cette belle faena à une énorme ovation répétée par un salut au centre du ruedo. Vraiment dommage !

Enrique Ponce, souvent en exagérant des postures de conquérant, parvenait surtout au 4ème à faire passer un toro pas très intéressé ni par la cape ni par la muleta du maître. Néanmoins, il le retenait par des passes isolées ou liées, des naturelles le corps décollé de la charge descompuesta du toro pas très coopératif. Il en terminait par une épée verticale de côté. Au premier d’ouverture, bien en chair (peut-être un peu trop), les cornes large ouvertes, qui accusait des faiblesses de pattes sans toutefois tomber, Enrique Ponce, aux accents de «Amor de Hombre», tentait de toréer à l’unisson et rythme lent de la musique de l’Orchestre Montois, mais l’harmonie sonore choquait avec les intermittences de charge du toro peu mélomane… La tentative de poncinas finales échouait. Une estocade très, très basse mettait fin avec une certaine stridence à cette supposée communion taurino-musicale.

Enrique Ponce : silence ; un avis et silence mais applaudissements fournis en quittant la place. Alejandro Talavante : silence ; applaudissements et large ovation (applaudissements au toro à l’arrastre) ; Ginés Marín : silence et oreille.

Georges Marcillac

Affiche: Christian Lacroix. Photos: Ferdinand De Marchi

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