Mont de Marsan – 21 juillet 2017 – Anthologie de “Juan Bautista »

Notre compatriote Jean-Baptiste Jalabert «Juan Bautista» vient d’ajouter un maillon en or massif à la chaîne de succès qu’il engrange ces derniers temps et son actuación, sa prestation, d’aujourd’hui, au quatrième toro de La Quinta restera dans les annales des arènes de Plumaçon.  Deux oreilles et la queue furent le prix pour une faena anthologique, prix rarissime à Mont de Marsan attribué, on le dit, la dernière fois en 1974. Le toro de nom «Palomito», nº66, cárdeno oscuro, né en octubre 2010, recevait le prix de la vuelta al ruedo. Le dithyrambe  appliqué à la faena de « Juan Bautista » pourrait être  suspecte, qualifiée de chauvine même, puisque son auteur est français, exécutée dans un place française, dans un spectacle majoritairement espagnol. Pourtant, aujourd’hui, il ne faut pas hésiter à proclamer que le torero d’Arles a été incommensurable ! Tout d’abord, il faut préciser que «Palomito» ne payait pas de mine comparé aux autres toros de La Quinta, plutôt bien faits, de style Santa Coloma du moins par la robe et hechuras, bien que maintenant ces toros sortent plus grands, plus encornés distincts du modèle, de l’archétype de cet encaste. Dès sa sortie, ce toro  était entrepris par des véroniques paraphées d’une larga.  C’est avec une belle assurance que Juan Bautista, après la première pique,un peu biaisée, fleurissait son quite par deux crinolinas, une gaonera et une larga avant de placer son toro face au picador, à bonne distance pour un élan prompt et une bonne pique, la deuxième, bien dosée. Cela valait la première explosion d’applaudissements. Après un bon tercio de banderilles et le brindis au public, la faena était engagée de main de maître, au pas, lentement, vers le centre de la piste par une succession de passes hautes, le tout en mouvement, conduisant le toro avec douceur et terminant cette marche somptueuse par un farol et passe de poitrine. Après cela il est difficile de décrire dans le détail, toutes les séries des deux mains, Juan Bautista toréant à plaisir mais aussi gommant les velléités du toro de se défendre dans la muleta. Sans trop «humilier» le toro  suivait la muleta, forcé à allonger sa charge, à gauche principalement, alors qu’à droite les passes étaient plus «rondes». Le tout agrémenté de molinetes, de changements de mains rythmés. La fin de faena atteignait des sommets par des naturelles, une à une, la muleta en cartucho de pescado au moment du cite, des naturelles de la main droite, les pieds rivés au sol, des passes allers et retours style ojedista et enfin une estocade au centre du ruedo, a recibir, qui roulait le toro. Le tour de piste était triomphal accompagné du mayoral, « Torero ! Torero ! scandait le public enthousiaste.

                   

A son premier, «Juan Bautista» avait su garder dans sa cape et muleta un toro informel qui tendait à sortir des suertes mais qui bravement revenait lorsqu’il était sollicité. Au fil de la faena, ce toro réduisait ses charges, le torero s’accommodant avec bonheur du changement de rythme pour dessiner des passes lentes et mais sans trop de transmission et dans le silence, ce qui permettait d’écouter le Concerto de Aranjuez interprété par l’Orchestre Montois… Un pinchazo a recibir et une estocade  entière complétaient la faena à un toro noble mais sans  l’étincelle qui aurait donné un peu plus d’intérêt au trasteo de Juan Bautista qui recevait, néanmoins, une oreille.

Les deux autres toreros ne déméritaient pas selon leurs moyens et qualités mais après les démonstration du chef de cartel…  David Mora touchait un toro dont le comportement typique de santa-coloma décontenançait le public par sa lenteur dans ses déplacements comme un toro mexicain. Cette caractéristique ajoutée à une tendance à « peser » dans ses passages sur la droite mais la faena se basait sur ce côté. C’est sur le retour d’une passe de poitrine – sur la gauche – que se produisaient l’accrochage et une voltereta spectaculaire. David Mora avait quelque difficulté pour mettre en suerte le toro et, sans préparation et par chance, il profitait d’une nouvelle charge pour porter une estocade un peu tombée. Le 5ème de La Quinta était un toro digne de Las Ventas. Il allait trois fois  au cheval pour des piques dosée par Israel de Pedro et ne se départait pas d’une charge constante et claire, la tête dans la muleta bien conduite par David Mora qui composait une faena des deux mains, alternant une attitude un peu forcée pas très esthétique et un toreo vertical qui, lui, avait belle allure.  Après un pinchazo, il entrait à-tout-va pour une estocade sortant fortement accroché à la poitrine. Une oreille était accordée. Personne ne demandait la vuelta al ruedo de « Jilguerito » nº 41 qui la méritait plus que «Palmerito» déjà cité.  David Mora faisait la vuelta visiblement  amoché, comme conséquence de ses deux cogidas.

Juan del Álamo déclarait que c’était la première fois qu’il affrontait des toros de La Quinta. Les toros de l’encaste santa-coloma demandent des cites en douceur sinon ils se rebellent… Ce fut le cas au cours de ses deux faenas. La première entamée par deux molinetes secs et le toro «pesant» sur la droite, voyait le jeune torero en danger en plusieurs occasions d’autant plus que le toro n’acceptait pas plus de deux ou trois passes suivies…  Durant la deuxiéme faena, il était difficile de gérer les charges du 6ème, le museau dans le sable mais terminées par un retour dans les chevilles ou lançant des hachazos en final de passe. Malgré son insistance pour rester ferme, Juan del Álamo ne parvenait pas à convaincre ni ses toros ni le public néanmoins compréhensif.

Les toros de La Quinta étaient de présentations inégales : les  trois premiers pas très en chair, des cornes, hauts sur pattes, les trois derniers plus « sérieux », les 5ème et 6ème avaient le trapío de toros de première catégorie.

Au terme du paseo, une minute de silence était observée, terminée par une salve d’applaudissements  en mémoire d’Iván Fandiño pour lequel était interprété le paso-doble composé en son honneur.

« Juan Bautista » : une oreille ; deux oreilles et la queue et sortie a hombros accompagné du mayoral de La Quinta. David Mora : applaudissements et vuelta ; une oreille. « Juan del Álamo » : saluts ; un avis et silence.

Georges Marcillac

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