Nouvelles de Madrid (IV) – Histoires de toreros

Après les fêtes de fin d’année, les activités des clubs taurins de Madrid ont repris et s’intensifient à l’approche de la première feria importante de la saison, celle de Valdemorillo. Selon le dynamisme de leurs dirigeants et leur inventivité pour les thèmes choisis, les tertulias, colloques et remises de prix maintiennent l’afición en éveil au contact des dernières nouvelles, des toreros, ganaderos et empresas qui se prêtent à évoquer leur saison passée et leur préparation pour 2017. Chaque semaine apporte son lot d’informations qui tournent, il faut bien le dire, autour des décisions des nouveaux gérants de Las Ventas et des filtrations relatives aux prochains cartels et à l’innovation attendue de la programmation de la première arène du monde. Dans cette perspective Simon Casas Productions et Nautalia Viajes étaient présents à FITUR, l’importante exposition internationale du tourisme organisée chaque année à Madrid.  Etait découverte la nouvelle image corporative de la société. Graphiquement est mise en valeur la position première qu’occupe Las Ventas dans l’univers tauromachique, le logo étant un azulejo aux trois couleurs des céramiques qui décorent Las Ventas. Il était rappelé que  Las Ventas – monument classé – sera le cadre de toutes sortes activités culturelles qui feront entrer la tauromachie dans la vie quotidienne de la capitale espagnole, mais aussi celui de concerts et expositions qui ne seront pas obligatoirement de thèmes taurins. D’autre part sont en préparation le nouveau site Internet www.las-ventas.com et le magazine qui, à l’avenir, informeront de l’actualité taurine aficionados et abonnés.

Sous le thème « La infatigable lucha por ser figura del toreo », la Asociación de Pastores del Encierro de San Sebastián de los Reyes avait réuni la semaine dernière, trois toreros pour conter leur propre expérience pour atteindre une place notable dans la torería moderne. Paco Ureña devait attendre sept ans, après l’alternative, pour qu’enfin lui fut reconnu le concept qu’il a de son toreo classique qu’il veut le plus pur possible tout en étant à la hauteur du toro. Il torée toutes sortes de toros y compris les victorino ou adolfo-martin à Séville et Madrid. Récemment pris sous la coupe de Simon Casas (encore lui … !) il affirme que rien ne changera à sa carrière, dans le respect des toros et du public.

              

« Román » Collado, de Valence et de mère française, se révélait cette année à Las Ventas comme un torero fougueux, volontaire et d’impact sur le public. Lui aussi, il connaissait les affres de l’absence de contrats, sans avoir démérité durant son passage chez les novilleros, et aussitôt après l’alternative – á Nîmes, le 7 juin 2014, parrrain « El Juli », témoin Sébastien Castella. Ce repos forcé lui apportait la maturité nécessaire pour concevoir que son objectif  serait dorénavant de « toréer en fonction de ce que le toro permet et ce qu’il mérite » et non plus de « faire à tous les toros la même faena ». Sa saison 2017 le verra présent à Valence et Madrid, en Arles à Pâques et à La Brède en juin, face à des toros de Fuente Ymbro. Álvaro García, encore novillero, se prépare pour une incursion au Mexique en février et il affrontera tout seul six novillos, le 1er avril, chez lui à Sanse. Son passage à la catégorie de novillero avec picadors, à Samadet, en mars 2015, était pour lui le baptême du sang et une autre blessure grave à El Álamo (Madrid) en septembre lui montraient combien le chemin est difficile pour accéder, corrida après corrida – paraphrasant l’entraîneur de l’Atletico de Madrid dont il est un fan – à une position qui devrait l’amener à l’alternative en fin de saison. L’entraînement, les sacrifices sont les gages à payer en attendant le contrat qui peut-être amènera le suivant… Ce cartel de toreros était accompagné de Santiago Barrero San Román de la Ganadería San Román (origine Torrestrella).

Les convives de la Tertulia Jordán recevaient récemment l’ancien torero Javier Vázquez. Né dans le quartier de Chamberi (Madrid), élève de l’école taurine « Marcial Lalanda », torero de vocation, il vivait ses années de gloire dans la dernière décade du siècle dernier. Une fois retiré (en 2004), il a exercé les fonctions de professeur à l’école taurine de la Fondation « El Juli » d’Arganda del Rey (Madrid). Le sommet de sa carrière fut sa sortie a hombros de Las Ventas après avoir coupé les deux oreilles, le 31 mai 1993, à un toro de Román Sorando, sorti sobrero d’une corrida de Peñajara. C’est sans nul doute une des faenas dont les aficionados de Madrid se souviennent encore, certains tertulianos de ce jour en avaient été les témoins. Javier Vázquez, ce jour-là, réalisait une faena de courage et entrega, devant un toro dangereux auquel il fallait à tout moment imposer la muleta à mi-hauteur pour une charge courte et de retour brusque. La faena était entamée par une tobalina (pedresina au centre la piste) et terminée par un grand  volapié qui fut l’estocade de la feria qui valait au torero le titre de triomphateur de la San Isidro de 1993.  Ayant assuré lui-même le tercio de banderilles, la troisième paire al sesgo por fuera fut magistrale.

Ce triomphe allait permettre à ce torero modeste, sans mentor, sans contrat jusqu’alors, de poursuivre une carrière honorable pendant quatre à cinq ans, en Espagne et aux Amériques. Malheureusement Javier Vázquez était victime d’un accident déplorable, à Villanueva de Perales le 3 mai 1994, lorsqu’une banderille impactait son œil gauche dont il perdait la vision. Néanmoins, il triomphait à nouveau, deux mois après à Ségovie. Une fois de plus, un torero montrait cette volonté et capacité de surpasser les avatars inhérents à cette grande profession. Etait évoquée l’évolution de la corrida depuis les années 90, lorsque les toros se déplaçaient moins que de nos jours, ils tombaient aussi… Le public a changé depuis, privé de la corrida télévisée, il est moins concerné par le spectacle taurin et se laisse envahir par la vague animaliste. D’une façon sereine, sans nostalgie de ses belles années de matador à succès, sans rancœur non plus pour le temps de la réduction des contrats et des illusions perdues, Javier Vázquez analysait l’état actuel de la tauromachie et sa situation professionnelle actuelle éloignée du monde taurin – il vit à Valence – à l’exception de quelques fiestas camperas avec des amis oú il peut reprendre cape et muleta.

Georges Marcillac

 

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