Nouvelles de Madrid (VII)

Réception à l’Ambassade de France – « Juan Bautista »  s’annonce seul face à 6 toros d’élevages différents à  Nîmes le 4 juin.

Dans le cadre somptueux de la Résidence de l’Ambassadeur de France à Madrid, lundi 8 mai, la Société de Production Simon Casas présentait la corrida du 4 juin 2017 à Nîmes pendant la Feria de Pentecôte de la capitale taurine française. L’acteur principal de cet évènement est le torero français Jean-Baptiste Jalabert « Juan-Bautista » qui affrontera ce jour-là six toros de six élevages espagnols et encastes différents. Monsieur l’Ambassadeur Yves Saint-Geours accueillait dans un discours solennel les deux protagonistes de cette corrida exceptionnelle et leurs invités de la presse et du monde taurin madrilène. « Juan-Bautista » prenait en premier la parole pour rappeler l’histoire de la tauromachie moderne en France marquée par différentes étapes avec Simon Casas et Nimeño I qui faisaient valoir leur vocation de matadors de toros ; ensuite Nimeño II, torero connu et reconnu en Espagne et aux Amériques ; enfin Sébastien Castella et lui-même « Juan-Bautista », figuras incontestées de la torería actuelle qui ouvrent la voie pour des professionnels français tels picadors, banderilleros, mozos de espada, éleveurs de toros bravos et jeunes novilleros sortant des écoles taurines. L’aboutissement ultime de cette histoire était, bien sûr, la prise de direction de la première plaza de toros du monde, Las Ventas, par Simon Casas et ses associés.  Le nouveau directeur-gérant Simón Casas, selon son verbe éloquent et passionné, faisait remarquer que le symbole de cette présentation à l’Ambassade de France allait au-delà de l’annonce d’une corrida exceptionnelle à Nîmes et que la tauromachie avait sa place dans la culture universelle, comme art à part entière. Son argumentation était renforcée par l’affiche créée à cette occasion par Christian Lacroix, natif d’Arles. Il est un des meilleurs producteurs artistiques polyvalents français de réputation mondiale pour ses œuvres dans la mode, les costumes d’opéras et ballets ainsi que pour ses créations de design industriel et graphique. Cette corrida sera aussi pour remémorer les quarante ans de l’alternative de Christian Montcouquiol « Nimeño II ». Etait rappelée la carrière de  « Juan Bautista » aux Arènes de Nîmes pour ses nombreux succès au cours de 2 novilladas, 31 corridas de toros pour 51 oreilles, 3 queues, l’indulto d’un novillo de Yerbabuena en 1999 et 11 sorties par la Porte des Consuls. Décidemment « Juan Bautista » est bien le plus nîmois des arlésiens.

Les élevages de toros choisis pour cette date sont: Parladé, Jandilla, Garcigrande d’origine Juan Pedro Domecq, Carmen Lorenzo d’origine Murube, Pedraza de Yeltes d’origine Aldeanueva et enfin La Quinta d’origine Santa Coloma.

L’année Manolete

La Fondation Diario Madrid clôturait son cycle annuel de conférences et exposition sur le thème « Los Toros son Cultura ¡Claro que SÍ! » par l’évocation de la figure de Manuel Rodríguez « Manolete » dont on célèbrera cette année, dans tout le monde taurin, le centenaire de sa naissance. La présence de Manuel Navarro, matador de toros, né à Albacete en 1926 un des rares contemporains qui ait toréé avec Manolete, fut le centre d’attention et d’intérêt pour connaître en première personne qui était « El Monstro » surnom que K-Hito, directeur et rédacteur de Dígame, un hebdomadaire espagnol des années du franquisme, avait affublé à Manolete à la suite de sa prestation de la Feria de Las Hogueras de Alicante en 1943.

Vicente Barrera et Manuel Navarro

Manolo Navarro a toréé deux fois avec Manolete : à Algeciras, la première et la dernière à San Sébastien juste une quinzaine de jours avant la mort tragique du « 4ème Calife de Cordoue », qui aurait dû lui donner l’alternative et qui ne put le faire pour être blessé à la date prévue. Manolete, tel que le définit, Manolo Navarro, était un torero très courageux, très sérieux et bon compagnon dans l’arène et avec une pointe d’humour dans la vie civile. Il fut un torero d’époque, idole de l’après-guerre et le précurseur du toreo moderne. Cette dernière assertion était confirmée par le torero de Valence, Vicente Barrera, dont le style de toreo hiératique était comparé à celui de Manolete en son temps. Toni Gázquez, directeur du Centre des Affaires Taurine de la Diputación de Valencia, qui prépare un livre sur le cordouan, ajoutait que Manolete avait inventé le toreo en redondo, basé sur la ligazón, le lié des passes. Si Juan Belmonte avait révolutionné le toreo, Manolete le consolidait et même le dépassait. Il fut le premier à avoir réduit les distances en citant le toro. Manolo Navarro rappelait que « les toreros d’alors ne s’approchaient du toro à moins de trois mètres, Manolete le citait au plus  près de son côté. Tous les toreros de l’époque voulaient imiter Manolete, et c’était très difficile » ! En dépit d’une courte carrière Manolete avait reçu 27 blessures avant la cogida fatidique du 28 août 1947 à Linares.

Les journalistes Ricardo Díaz-Manresa et Paco Delgado, créateur de l’exposition qui illustrait le thème Los Toros son Cultura, animaient le colloque qui suivait l’émouvante présence et le témoignage de Manuel Navarro.

Georges Marcillac

 

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