Madrid 30/05/2013 Deux Toros de note d’Adolfo Martin pour révéler les contrastes de la Tauromachie actuelle.

Je suis interpellé par les titres des sites web taurins espagnols qui titrent sur un ou deux des toreros qui ont combattus la corrida d’Adolfo Martin.  En effet, à mon sens l’important du jour est la façon dont les exemplaires de Don Adolfo, et en particulier deux d’entre eux les quatre et six, sont venus casser le moulequi survit depuis trois semaines, dans une feria de San Isidro qui confine au vide sidéral,  en particulier en ce qui concerne le ganado bravo.   Car ce que cette corrida nous a vraiment démontré c’est à quel point nous avions, jusqu’à ce jour, sombrés dans une médiocrité lancinante.  Et les contrastes ont été saisissants pour ceux qui acceptaient de les voir.  Lorsque le quatrième BARATILLO, second de FERRERA sort en piste, d’abord parado, il met ensuite la tête avec verve dans la cape du Maestro en faisant l’avion, avec force, avec allant et longueur,  comme je ne l’ai plus vu faire depuis longtemps.  Car la qualité d’une embestida c’est aussi la force que met le toro à l’exécuter.  Un autre contraste est celui entre la qualité de ces embestidas et les capotazos qui lui ont été servis.  Ils ont été bons mais pas à la hauteur  de l’offrande faite par BARATILLO qui à ce stade donne tout.  Ensuite contraste durant le tiers de pique. Alors que  BARATILLO a déjà commencé à gratter le sol, la lidia qu’on lui sert est médiocre.  Il est dans les medios  où on le laisse attendre, ce qui en d’autres occasions est approprié mais pas dans ce cas.  Le signal qu’il a donné en grattant le sol, n’est pas traité.  Ensuite un terrible contraste apparait pleinement au sixième toro.  Je m’explique, le sixième sera magistralement piqué par Tito Sandoval qui non seulement bouge sa monture avec aisance et précision mais a aussi le sens du cite et du rythme propice afin de choisir l’instant pour donner le toque.  En effet, lorsqu’il déplace sa monture et qu’il avance vers le toro, s’il voit que ce dernier ne le regarde pas, il ne lève pas le bras pour rien.  Il refait un tour, il donne le temps au toreo à cheval.  Le toque, il s’évertue à le donner au moment le plus adéquat et avec le rythme le plus conforme pour déclencher la charge.  Son compañero Alonso, face à BARATILLO, a lui été complètement perdu et sans idée, alors que FERRERA essayait de lui donner des conseils.  Il a été répétitif dans la médiocrité.  Aucun sens des temps, des toques, des rythmes.  Nous avions d’un coté Don Quichote et de l’autre un chevalier.   Il y a ensuite  le contraste entre les cuadrillas.  Javier CASTAÑO nous fait le don de laisser la sienne s’exprimer totalement au risque que son succès occulte son propre travail.  Heureusement qu’il en a le courage car nous jouissons ainsi de moments de toreria exceptionnels lorsque David Adalid et Fernando Sanchez, qui  banderillent  les deux toros, s’adaptent à leurs opposants sans perdre en brio et en efficacité.  Le contraste avec les autres cuadrillas est patent.  Avec les toros d’Adolfo MARTIN ces contrastes ont été exacerbés, révélés, significatifs, exemplaires.  Les tendidos de las Ventas ont vibrés au son du toro, même si les commentateurs veulent nous faire croire qu’ils l’ont fait au rythme des  agissements des toreros.  Aujourd’hui les toreros ont été dignes, parfois courageux, parfois efficaces mais le fait du jour a été la rencontre entre l’Aficion de Madrid,  BARATILLO (4°) et REPOLLITO (6° prévu en 5°).

La corrida a été magnifiquement présentée, surtout les trois derniers,  avec des toros fins sans excès de poids, très armés.  Les trois premiers ont été sosos,  justes de force et ont maqué de vivacité au cheval.  Les trois derniers ont fait monter l’intensité du combat en bien des points sans que, chacun pris séparément, ne puisse être caractérisé de complet.   Les toros ont créé des difficultés tout en étant nobles.

Antonio FERRERA a eu une attitude de battant toute l’après midi.  Il a été créatif, valiente et décidé.  Techniquement, toutefois, il n’a pas trouvé les clefs pour mieux lier ses faenas .  A son premier qui se retourne à l’envers dans la cape il le poursuit au delà du centre pour arracher des veronicas au passage, une chicuelina et la demie.  L’Adolfo anticipe et attaque le cheval de réserve qu’il renverse en étant mal piqué.  FERRERA le laisse loin pour la deuxième qu’il prend au pas sans s’employer, la pique étant en arrière et de coté.  Le toro venant en pensant il coupe le terrain dans des banderilles aguantées et réunies du Maestro et un sesgo por dentro avant d’arrêter le bicho, peu agressif dans sa poursuite, en courant en arrière.  Le Toro poursuit avec peu d’agressivité durant la faena.  FERRERA contrôle sa demie charge en toréant muleta retrasada.  Parfois il arrive à lier des passes  ce qui prouve que les codes du toro le permettent. Le reste du temps sur les deux cornes les passes sont une par une.  Epée en décomposant les temps, muleta envoyée entre les pates pour un espadazo a peine desprendido.

Son second, le moins lourd de la corrida mais avec un trapio magnifique, cornivuelto, donne les meilleures embestidas de la feria dans les véroniques volontaires de FERRERA.  Dès qu’il s’arrête il commence à escarbar.  Bien mis en suerte le toro va au cheval, pousse fort et le renverse alors que la pique est portée en arrière puis rectifiée.  Quite de FERRERA par chicuelinas.  Le toro galope.  Le Maestro le laisse en position au centre pour la deuxième rencontre.  Les espérances sont déçues à la fois parce que le toro gratte et fait le faux, mais aussi parce que le picador est en dessous de la situation.  Un gâchis.  Le toro fini par regarder ailleurs jusqu’à ce que FERRERA le déplace.  Le toro poussera sous la seconde pique très mal portée.  Quite sans conviction, pour rien, pas à la hauteur d’AGUILAR.  FERRERA mise tout sur le tercio de Banderille, donné cape en mais pour déplacer l’animal,  qui comme le tiers de pique va durer trop longtemps.  Le Matador banderille en corto car le toro est parado.  Brindis au public et faena entamée en tendido de sol.  Comme avec le premier quelques passes liées et le reste une par une laissant l’impression d’une opportunité perdue, d’ailleurs dès le premier tiers avec une brega inadaptée aux conditions annoncées par BARATILLO.  Trop de temps morts avec  ce bicho abandonné à ses pensées et des tercios trop longs laisseront des doutes sur ce qu’aurait pu être ce toro lidié autrement.  Entière atravesada et suelta, descabello.  Palmas au toro et oreille demandée et obtenue par le public.  Quelques protestations.

Javier CASTAÑO a connu une après midi laborieuse.  Son premier est le toro de moins de trapio de la corrida.  Une véronique avant un tiers de vara médiocre du fait des deux protagonistes.  Adalid et Sanchez font éclater leur ganas et toreria de banderilleros.  Ils saluent.  Brindis par le biais de la TV.  Face à cet adversaire tardo qui parfois derrote vers le haut dans les pases,  CASTAÑO se croise et perd des pas entre les muletazos.  Il avance la muleta et essaye de toquer por fuera mais aucune des techniques ne résout l’équation.  Un pitonazo du toro lui blesse la main.  L’épée est portée en faisant l’extérieur.  Elle résulte en arrière, contraire, atravesada et tendida.  Sifflets au toro et silence.

Ayant échangé son tour avec AGUILAR pour pouvoir se faire soigner,  CASTAÑO affronte le quinto en dernier.  C’est un tio veleto, cornivuelto qui offre des embestidas suaves dont il ne profite pas pleinement dans quelques véroniques avant de mener l’animal au centre.  L’animal est distrait.  Tito Sandoval est magistral avec le cheval et la pique en trois rencontres construites, techniques, précises avec  toreria.  Toutes parfaitement portées, sans hésitation malgré les fortes attaques de l’ADOLFO.  Encore un quite inopportun, car sans relief, d’AGUILAR.  Nouveau spectacle d’Adalid et Sanchez qui se permet même de sauter par-dessus un burladero.  Montera vissée sur la tête, CASTAÑO n’arrive pas à trouver les codes pour embarquer le bicho en séries liées.  Il se croise, perd des pas, lie parfois deux ou trois passes.  On sent qu’à gauche le toro avait quelques velléités d’embestidas de qualité. L’ensemble reste laborieux, de même que la mort.   CASTAÑO receuille, après avis et descabello,  Palmas et vuelta.  Palmas pour le toro.

Le premier d’AGUILAR  passe bien dans les véroniques.  Le toro s’emploie à la pique portée en arrière et caida.  La seconde est prise al relance et mal portée.  AGUILAR avait tenté entre les deux un quite sans le terminer.  Là aussi le torero arrive à donner quelques muletazos de qualité mais dans un ensemble qui reste incomplet et désordonné.  Une bonne série à gauche en milieu de faena est à retenir.  Epée en arrière, caida.  Palmas et salut.

Avec son second lidié en dernier qui retourne d’abord aux chiqueros, AGUILAR dessine des véroniques genoux plié de bonne facture.   Les embestidas sont de qualité.  Le toro pousse à la première pique et est sorti rapidement à la seconde par FERRERA.   AGUILAR avait tenté un quite non terminé.   Durant la faena le toro est menteur et AGUILAR ne démontre que peu de recours pour solutionner les difficultés.  Plusieurs pinchazos avant demie mal portée, avis et descabello.  Silence.

Toute l’après midi FERRERA a été omniprésent en tant que chef de lidia.  Arènes pleines malgré la possibilité de remboursement.  Temps nuageux et léger vent .

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