Bilbao 21 Août 2019. Une oreille à chaque toro pour José María Manzanares et une pour « El Juli ».  Vuelta pour « Ruiseñor » de Victoriano del Rio.

Temps chaud et ensoleillé, trois-quarts d’entrée.  Bilbao est toujours sur la réserve et ne remplit pas les tendidos même lorsque viennent les figuras.  Toutefois les absents auront eu tort de ne pas se joindre au rituel aujourd’hui. En effet Victoriano del Rio a envoyé à Bilbao un grand toro « Ruiseñor » n°42, un exemplaire à la cape variée qui a poussé sous le fer et est allé a más dans le combat de forme notable.  Face à lui José María Manzanares a sorti le grand jeu à droite, mais a tué sans briller. Le public quant à lui est sorti de Vista Alegre joyeux et satisfait. Le lot comprenant deux Toros de Cortés a offert de bons moments aux toreros et au public. 

Antonio Ferrera dessine des véroniques plus techniques qu’artistiques  et termine par demie sur jambe pliée. Le victoriano-del-río, très mal piqué, en carioca et en arrière, entre dans les leurres sans conviction et tête relevée.  Le début de faena par tanteo confirme indolence et faiblesse du toro. Sans le brusquer Ferrera tire des lignes à mi-hauteur qu’il incurve progressivement.  À gauche quelques naturelles « al hilo » ressortent d’un ensemble monotone. À l’épée le bicho ferme la porte sans « humilier » et Ferrera porte un pinchazo puis une entière caída en restant sur la face.  Descabello. Silence.

Le quatrième est un victoriano-del-río qui met du temps à se fixer sur la cape d’Antonio Ferrera.  Le toro pousse et soulève la monture lors de la première pique, fort bien portée par Antonio Prieto.  La seconde est relevée rapidement malgré la hardiesse du toro qui soulève de nouveau le cheval. Fernando Sánchez brille au second tiers, comme il le fit au premier toro, et salue avec Javier Valdeoro qui lui aussi a connu une excellente prestation.  Brindis au public. Après doblones, Ferrera change de terrains pour lancer une série droitière dans laquelle le toro brille autant que son matador. Les muletazos alternent entre la profondeur et le désordre, avec une intensité que prodigue la charge. Dans la dernière série de la dextre, avant passage à gauche, Ferrera prend pleinement le contrôle du temple.  La charge est plus courte et gênante à gauche et le matador n’insiste pas. En fait le toro a changé sur les deux cornes et Ferrera ne peut rééditer les bons passages droitiers. Il tente de toréer à droite sans l’épée sans succès, puis insiste en provoquant ostensiblement la charge. L’épée portée en prenant le large glisse sur une banderille au premier voyage.  Puis il répète la même technique pour trois-quarts de lame à bout de bras. Avis et plusieurs descabellos. Palmas au toro. Silence.  

Le second de Victoriano del Río, lavado de cara, charge distrait dans la cape de Julián López « El Juli ».  L’animal navigue à sa guise durant le tercio de varas. Il est, comme souvent, mal piqué dans un désordre complice.  Le bicho continue ses allées et venues au second tiers. « El Juli » prend la mesure de l’opposant dans les doblones genou en terre et pase del desprecio.  En total confiance et relâchement, il dessine une série minimaliste des deux mains. Suit un passage à gauche « templé » et doux. À droite « El Juli » se contorsionne et allonge une charge très coopérative. Lorsque le toro va a menos il adapte immédiatement sa série en cours en prodiguant des luquesinas vers les planches.  Alors que la musique accompagne la faena, une partie du public proteste le manque d’émotion et la majorité jublile de la dextérité du matador. Deux « julipies » déclinés respectivement en pinchazo et entière basse. Deux descabellos. Palmas et salut.

Le second ,de Toros de Cortés, sort en cinquième position pour « El Juli. »  Armé large et long avec les cornes en cuillère, il traite avec indifférence la cape du Madrilène qui, nonobstant, le fixe brièvement au centre.  L’animal charge la cavalerie de loin, sans mise en suerte. Il se comporte en manso lors de la première pique et pousse longuement sous une carioca lors de la seconde.  La charge du toro est vive et désordonnée. Mais quand il « humilie », il entre fort dans le leurre. Le second tiers est dominé par la verve du bicho. « El Juli » oeuvre en tanteo avec aisance vers les medios.  Il fixe et garde l’adversaire dans la muleta. Les derechazos sont dessinés relâchés. À gauche, le matador alterne les « cites » dans le sitio et d’autres défaussés, mais contrôle sans sourciller les trajectoires.  Alors que le toro s’éteint, « El Juli » impose des naturelles courtes enchainées au remate. C’est ensuite à droite qu’il fait exploser les tendidos par des droitières exécutées en virevoltes. Le « julipié » résulte en ¾ de lame trasera, desprendida et tendida.  Oreille. Applaudissements au toro.  

José Mari Manzanares touche le premier de Toros de Cortés.  Le matador le passe en véroniques et demie aisées et de belle facture.  Le bicho pousse brièvement tête relevée et sort seul de la première pique.  Il prend la seconde en parallèle au peto avant une vuelta de campana valant puyazo.  La lidia de Daniel Duarte au second tiers révèle des charges longues et profondes. La confiance de J.M. Manzanares est visible dès le tanteo.  L’animal prompt, charge de loin et va loin. Les derechazos dans le style maison, lointains et esthétiques, provoquent les applaudissements, puis les olés et ovations d’un public conquis.  Sur la corne gauche le toro de Cortés poursuit sa parfaite collaboration en « humiliant » sans retenue. Seul lui manque l’étincelle. La dernière série droitière est somptueuse dans le remate par changement de main et passe de poitrine.  Une série d’adorno pour aligner le toro est suivie d’une estocade a recibir,  tombée, d’effet rapide. Oreille.

La corrida entre dans sa dernière ligne droite avec un toreo de cape serré en véroniques de J.M. Manzanares, achevé par revolera.  Le toro pousse longuement sous une bonne pique de Pedro Morales « Chocolate ». Le victoriano s’emploie encore à la seconde pique, cheval appuyé aux planches.  Brindis personnel. Inspiré, José María Manzanares effectue un début de faena sur chapeaux de roue, par doblones un genou en terre puis molinete extra- serré.  Il appuie les derechazos face à une charge variable et parfois courte. Le toro trébuche à l’occasion.

              

JMM complète une série intense à droite avant de prendre la gauche.  Sur cette corne le toro tire un hachazo qui renvoie le matador à droite. Les charges guidées par le bas vont a más sur la corne droite. Toro et torero brillent. Le bicho est prompt, répond de loin et charge avec vivacité. Sa charge va clairement a más.   J.M. Manzanares fait honneur à la qualité du toro en liant plusieurs séries droitières avec profondeur. Entière caída portée à toute vitesse. Oreille avec pétition de la seconde et vuelta al ruedo attribuée très justement par le président à « Ruiseñor » de Victoriano del Rio.  Pour prétendre à la seconde oreille Manzanares aurait du revenir à gauche et réussir au moins une série, puis tuer d’une bonne épée sans courir un sprint.

René Philippe Arneodau.

Photos de Arjona pour aplausos.es

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