Madrid 27 Mai 2022 – 20ème de Féria – Ángel Téllez coupe deux fois une oreille et sort par la Grande Porte.

Le lot de Victoriano del Rio et Toros de Cortes (6ème), de présentations inégales, a produit quatre exemplaires sans les qualités requises pour la création artistique et deux avec des caractéristiques de mobilité et de charge permettant le bon toreo.  Ces deux ont échu dans les trastos du jeune Ángel Téllez qui en a fait bon usage avec des nuances décrites ci-dessous.  Quant à son triomphe, il s’agit sans conteste d’un triomphe populaire, c’est-à-dire en connection avec le public qui a demandé les oreilles coupées par lui.  Il n’est cependant pas interdit de nuancer et de mentionner que les deux mises à mort ont été défectueuses ce qui, en d’autres temps, aurait disqualifié les prestations à l’heure de la concession des trophées.  Quant à la comparaison faite par certains, entre Téllez et José Tomas, elle me paraît très exagérée.  En effet, la technique de Téllez n’a rien à voir avec celle de son aîné, en particulier en ce qui concerne la manière de « citer ».  Ángel Téllez « cite » souvent sur l’œil contraire et profite de sa grande taille pour écarter la tête de l’opposant lors de la première partie du muletazo, quitte ensuite à ramener la charge vers l’intérieur, mais pas toujours. Pour ceux qui auront le loisir de revoir les images, ils pourront regarder les naturelles dessinées à son second toro.  Somptueuses dans leur trajectoire, guidées par le vuelo de la muleta, elles le sont néanmoins, du début jusqu’à la fin des passes, en « citant » sur l’œil contraire et en gardant le toro à l’extérieur de l’espace du torero.  Là est toute la différence avec l’aîné.  Pour nombre d’aficionados, Ángel Téllez est un candidat très prometteur.  Si ses qualités sont celles entrevues par ses fans,  il aura à coeur de les appliquer pour améliorer ce que nous décrirons ci-après.

Le premier Victoriano se lasse en un clin d’œil de la cape de Diego Urdiales. Il s’intéresse à tout sauf au combat.  Sous la pique, il lève la tête puis se dégonfle. Il s’agenouille en sortant du cheval et subit la seconde pique.  Le bicho se défend tête haute durant le second tiers.  Suite à un tanteo prudent,  Urdiales tente de toréer à droite.  La charge tête haute se poursuit et préoccupe le matador.  Sur la gauche, le comportement est pire et le matador prend l’épée.  Pinchazo et entière desprendida risquée.  Sifflets au toro. Silence.

Diego Urdiales met fin à sa présence à la San Isidro face à un victoriano-del-río de poids qui, comme ses congénères, se désitéresse du capote, ou bien le charge sans classe.  Vu son volume, le toro déplace le cheval mais ne brille pas dans son combat sous la pique.  La seconde pique est pour la forme.  Alejandro Talavante donne un quite par chicuelinas et larga, toutes sur la corne droite.  Urdiales entame directement à droite par des muletazos lents et templés que le toro ne supporte pas.  Il faut au matador insister  pour lier des séries de belle facture.  À gauch,e  la charge est moins rythmée et Urdiales doit revenir à droite où il a du mal à obtenir que le toro ne charge.  Entière delantera et contraria. Silence.

Alejandro Talavante voit sortir un de Victoriano del Río, second avacado, de peu de trapío, qui n’est pas agressif dans la cape.  Il pousse cependant sous la première puya et s’emploi avec moins de détermination dans la seconde.  Quite d’Ángel Tellez par véroniques et demie sans relief. La cuadrilla est en difficulté au second tiers face à cet animal distrait et incertain.  Le tercio se termine a más.  Côté soleil, Talavante entame la faena par doblones suaves et efficaces qui réveillent les gradins.  À droite, le torero réussit une série entrecoupée en recherche du temple idoine.  À gauche, le toro n’obéit pas aux toques qui permettraient de lier la série. Poursuivant à gauche, Talavante dessine quelques trajectoires longues mais l’émotion est absente. Le toro s’est éteint dans les derechazos suivants et le matador prend l’épée.  Entière basse et en arrière très défectueuse.  Silence.

Le second de Talavante, terciado malgré son poids de 585 kg,  a un peu plus de gaz mais à peine plus d’attention. Se retournant large, il ne permet pas au torero de le travailler de cape.  La chute du cheval lors de la première pique est fortuite.   Delantales brouillons d’Ángel Tellez en guise de quite.  Miguel Murillo salut après deux paires de banderilles posées au balcon.  Talavante essaye de lier à droite mais le toro fléchit et trébuche. À gauche, le trasteo est inconséquent compte tenu de l’état du bicho.  À ce stade rien ne va plus. Pinchazo et entière caida.  Sifflets au toro. Silence.

Ángel Téllez venu en remplacement d’Emilio de Justo voit son premier adversaire se comporter comme ses frères face à la cape, c’est à dire manque de classe et désintérêt.  De la pique, il ne se satisfait pas et désiste dès le contact avec le fer.  Chicuelinas et demi-véronique volontaires de Téllez en guise de quite.  Placé à distance, le toro résiste longuement aux « cites » avant de charger et de pousser sous la seconde pique.  Le toro est pensif au second tiers et semble monter en puissance.  Brindis TV (à Emilio de Justo – NDLR).  Les premières charges du toro sont vives et le torero, sur jambe pliée, le fixe pas doblones. Une série à droite connecte avec les tendidos.  Liée, elle n’est pas encore relâchée.  La suivante perd en intensité car la charge est à mi-hauteur. Sur une seconde passe de poitrine, qu’il veut donner de face, le torero subit une voltereta par excès de confiance.  À gauche, le toro est tardo mais le public adoube une série non liée.  Volontaire, le jeune torero dessine des naturelles sans dominer la charge et en se faisant accrocher la muleta.  Il se met cependant le public dans la poche avec les doblones de fin de faena fort élégants et profonds.  Entière tombée, c’est à dire défectueuse.  Oreille et applaudissements au toro.

Le dernier est un de Toros de Cortes qui freine dans la cape d’Ángel Téllez tout en mettant la tête par le bas.  Le toro pousse longuement sous la première pique.  La seconde rencontre est conventionnelle. Téllez réalise un nouveau quite, par gaoneras ajustées et volontaires, réussi bien qu’il ait perdu le capote lors du second remateBrindis au public.  Un bref tanteo, pour déplacer l’animal vers les tercios de soleil, précède des derechazos aux trajectoires non contraignantes et éloignées. La série suivante est liée et rythmée.  À gauche, le torero mélange les trajectoires en ligne, incurvées et celles por fuera, avec cependant la qualité de toréer avec le vuelo de la muleta.  Le public est ravi, en particulier, des remates en molinete et pase de pecho toréé. À droite, la série suivante va a más, et connecte surtout avec les passes de fin de série, cambio de mano et passe de poitrine en regardant le public. Le torero dessine ensuite une série de naturelles d’abord avec le vuelo avant d’être mis en difficulté, puis de terminer a más surtout dans le pase de pecho en rond.  Pinchazo et entière tendida en perdant la muleta.  Avis.  Descabello. Oreille et Puerta Grande.  Applaudissements au toro.

René Arneodau

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