Le Covid-19 : ses effets sur le monde taurin

Emporté, lui aussi, par la pandémie du Covid-19, le monde taurin est à l’arrêt juste après les deux premières ferias de l’année à Valdemorillo et Olivenza, la saison interrompue par l’alerte sanitaire et mesures de confinement avec l’ajournement, si ce n’est l’annulation, des Fallas de Valence (belle affiche ci-dessous) et de la Feria de la Magdalena de Castellón de la Plana. L’épidémie virulente en Espagne et ensuite en France a conduit à l’annulation ou report ?? des ferias majeures, la Feria de Abril de Séville et la San Isidro de Madrid, la Féria de Pâques d’Arles et la Feria del Toro de Vic-Fezensac. Ont subi le même sort un grand nombre de corridas et fêtes taurines à des dates pour l’instant inconnues ou incertaines compte tenu de la propagation, de la durée et plus tard de l’extinction de l’épidémie.

Les conséquences seront nombreuses et désastreuses pour l’économie du secteur taurin. Les élevages de toros de lidia souffriront les premiers de la mévente des toros d’âge ou des novillos. Aux dires du président de l’UCTL (Unión de Criaderos de Toros de Lidia), Carlos Nuñez, 30% des toros (en condition et réservés pour 2020) qui n’auront pas été combattus jusqu’à fin juin, auront pour certains dépassé l’âge règlementaire (5 ans) pour être éventuellement retenus pour les corridas de secours du deuxième semestre de la temporada, ou bien occuperons dans l’élevage l’espace, dévolu aux novillos préparés pour la saison 2021. Dans ce dernier cas, la gestion et l’augmentation des coûts (alimentation, soins sanitaires) que cela suppose obèreraient la survie de certaines ganaderías, les moins habituellement sollicitées par les toreros de premier plan. Inutile de faire allusion à ces derniers qui, financièrement, peuvent se permettre de «tenir le coup» quelques mois « sur le pavé » mais plutôt aux toreros de second plan et novilleros qui, eux ne pourront pas profiter de la bousculade pour obtenir les contrats que devraient concentrer et monopoliser les grandes ferias des mois d’août et septembre prochains. De même, on peut redouter les effets du manque à gagner, donc des liquidités, des empresas et surtout celui des métiers liés aux corridas et férias, employés d’arènes, services de restauration et hôtellerie etc. Pour toutes ces raisons le coronavirus va porter des coups redoutables à la tauromachie. Naturellement les animalistes et anti-taurins s’en réjouiront, mais devront-ils se réjouir de l’abattage du surplus de cheptel de ganado bravo et de la perte inévitable du trésor génétique liée à la disparition éventuelle d’exemplaires d’encastes minoritaires. C’est moins sûr car leurs revendications ou théories « écologiques » ne vont pas au-delà d’un idéalisme béat pour les plus innocents ou, pour les plus radicaux, des conséquences mortifères qu’elles entraînent pour la race des toros de combat.

La famille taurine espagnole était endeuillée la semaine dernière par les premiers effets du Covid-19 en la personne d’un important éleveur de bravo : Borja Domecq Solis qui décédait à l’âge de 74 ans à l’hôpital de Mérida (Extremadura) de pneumonie aigüe. Son nom est associé à celui de Jandilla, élevage créé en 1983 dont il prenait la direction en 1987 après que son frère Fernando (décédé l’an passé…) eut entrepris la formation d’un nouvel élevage avec l’ancien fer de Zalduendo, le tout à partir des produits issus de l’héritage de Juan Pedro Domecq y Diez en 1978. Les toros de Jandilla possèdent des caractéristiques bien définies par leurs hechuras et comportement qui les distinguent des toros de même encaste : cornes souvent plus «agressives», vivacité et endurance. La devise et fer de Jandilla enregistraient en 2019 des succès notables en particulier à Valence avec le toro Horroroso, número 74, negro, 540 kilos, le 18 mars, «lidié» par Sébastien Castella, primé de la vuelta al ruedo après une forte demande d’indulto. A Séville ensuite, les toros Cafetero  et Oceanico permettaient à Pablo Aguado de couper quatre oreilles los de sa prestation historique du 10 mai et enfin les deux toros Ingresado et Gruñidor, de Vegahermosa, deuxième fer et purs produits de Jandilla, qui, à Bilbao le 23 août, assuraient le triomphe de Paco Ureña en coupant lui aussi quatre oreilles. C’est au début de 2017, que Borja Domecq Solis cédait la direction de l’élevage à son fils Borja Domecq Noguera qui dorénavant accompagnera seul ses toros sans la complicité et l’appui de son  père (photo ci-dessous).

                

Georges Marcillac

 

Ce contenu a été publié dans Georges Marcillac Escritos. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.