Valdemorillo (Madrid) – 4 février 2022 – 1ère de feria – Des novillos et des novilleros justes de forme(s)

La novillada d’ouverture de la première féria importante de 2022, aux portes de Madrid, n’a pas répondu aux attentes d’un public qui remplissait aux trois-quarts La Candelaria  (La Chandeleur qui se fête au début de février dans ce village de la sierra madrilène). Elle réunissait six novilleros qui avaient marqué de leurs succès répétés la saison dernière – les trois premiers de l’escalafón – et des débutants prometteurs. Le manque de symbiose entre les novilleros et les novillos de Sánchez Arjona  (en réalité de El Collado, nom de l’élevage, de même parenté que le propriétaire des fameux Coquilla  mais d’origine Juan Pedro Domecq Solis) était le fait marquant de cette novillada. La raison en était que les novilleros les plus aguerris ne rencontraient pas le novillo à leur mesure, les meilleurs novillos n’avaient pas pour adversaire le novillero le mieux préparé ou le plus expérimenté. De plus, les mises à mort furent des séries de pinchazos ou des placements défectueux des épées. Les novillos de El Collado disparates de présences et justes de race, manquaient de piquant,  manso le 3ème et de meilleures notes les 5ème et 6ème.

Manuel Diosleguarde, de Salamanque, maintenait son statut de torero chevronné sans parvenir à remuer les foules.  Il s’accommodait du 1er de charge courte, terminée par un léger hachazo, la muleta basse pour tempérer cet inconvénient et le corriger sur la fin. Il abusait des pases de la firma en regardant le public. La faena, presque entièrement droitière, s’achevait par des passes aidées par le bas avant de placer laborieusement le novillo  pour la mise à mort. Un pinchazo, une lame entière, desprendida, légèrement arrière. Un avis.  Saluts.

Yon Lamothe, notre compatriote de Mont-de-Marsan, est actuellement exilé à Valdemorillo sous la coupe de l’excellent torero de plata, Rafael González, avec, on suppose, l’espoir de glaner des contrats en Espagne. Le 2ème ne pouvait être fixé à la cape. Il fonçait sur le cheval  et sortait de la rencontre avec une charge limitée pour un quite par chicuelinas, tafalleras et revolera. La faena de muleta s’effilochait au fur et à mesure de la perte de force et d’envie du novillo qui réduisait ses charges et finissait par recevoir presque arrêté des luquecinas brouillonnes près des planches. L’épée, contraire, sortait sur le flanc gauche de l’animal. Une autre contraire, entière.  Le novillo était sifflé à l’arrastre. Silence.

Isaac Fonseca, le Mexicain triomphateur de la saison 2021, se heurtait à un novillo de meilleur gabarit, basto de hechuras qui provoquait la chute du cheval et picador à la suite d’un puissant impact pour seulement une piqûre. Le changement de tercio était demandé…  A partir de cet instant la mansedumbre de ce 3ème se manifestait par des fuites dans tous les sens.  Pourtant il avait été bien fixé au centre de la piste par trois péndulos successifs, un changement de main et passe de poitrine, les pieds cloués dans le sable. Par la suite,  Isaac devait courir après le fuyard pour l’obliger à passer dans la muleta, pas plus de deux passes à chaque rencontre. Des bernadinas pour en finir avec la faena obligatoirement décousue et forcer un succès qui ne venait pas avant une série de pinchazos dans tous les terrains. Un avis. Enfin, une lame entière. Sifflets au novillo. Saluts.

Manuel Perera, autre triomphateur de la saison passée, recevait le 4ème par des véroniques liées, courtes. Le novillo faible de pattes recevait une pique, affalé sous le cheval ! Le brindis au public ne s’imposait pas pour une faena que le jeune pupille de Juan José Padilla s’évertuait de construire  avec précipitation,  à son habitude, d’abord au centre de la piste à genoux, ensuite debout devant un animal sans codicia qui finissait par s’arrêter, sans race. Des manoletinas? précédaient deux pinchazos, un estocade entière en se jetant sur les cornes. Sifflets au novillo. Silence.

Alvaro Burdiel, jeune torero de l’Ecole Taurine « Yiyo » de Madrid, recevait le 4ème, brocho de cornes, discret de trapío, distrait à la sortie du toril, mais quand même bien reçu à la cape par des véroniques cadencées, presque en tablier, dans un joli mouvement de ceinture. Le novillo s’animait aux banderilles et les passes aidées par le bas et ensuite par le haut donnaient le ton d’une faena de muleta qui permettait à la fois d’apprécier les qualités de charge du novillo et le toreo appliqué du madrilène. Des attitudes de bon goût, muleta pliée pour amorcer une série de la droite par une passe de poitrine, des passes longues  liées de la droite, plus courtes les naturelles et recherche du temple. Sans nul doute le meilleur toreo de la soirée. Malheureusement, deux pinchazos et l’estocade tombée enlevaient toute chance de trophée. Le novillo recevait les applaudissements à l’arrastre et Álvaro Burdiel faisait un tour de piste de sa propre initiative…

Sergio Rodríguez, de Las Navas del Marqués (Ávila), était le novillero le plus “vert” mais on ne pouvait lui reprocher sa vaillance, ses bonnes intentions et son toreo un peu forcé et disgracieux pour profiter et allonger au maximum les belles charges de son novillo. Bon début à la cape par une série de cordobinas, tafalleras et revolera… et à la muleta, à genoux, au tercio, pour ensuite recevoir un coup de corne au-dessus de l’aine droite ! Les naturelles sont longues, bien rythmées et passe de poitrine de costadillo. Le novillo sur la fin ne répétait plus ses charges. En allant chercher l’épée, « perdant la tête » du novillo, ceui.ci faisait payer la distraction du novillero et lui infligeait une cogida pour un puntazo au-dessus du genou gauche et taleguilla en lambaux. Venaient ensuite, près des tablas, à l’épée, deux pinchazos et une demi-lame arrière, le tout assorti d’un avis. Plusieurs descabellos et applaudissements de compassion.

Jesús « Tito » Robledo, de la cuadrilla d’Isaac Fonseca, recevait l’ovation de la soirée après une magnifique paire de banderilles. Chacun à son tour, les novilleros s’employaient dans des quites à la cape sans trop d’éclat, insignifiantes les réceptions a porta gayola du Mexicain et de Manuel Perera.

Georges Marcillac 

Photos d’après mundotoro.com 

Ce contenu a été publié dans Georges Marcillac Escritos. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.