Madrid 18 mai 2023 – 8ème de Feria – Une fois de plus “El Juli” dans sa splendeur mais aussi sans l’épée!

La corrida d’Alcurruén et les matadors qui devaient l’affronter justifiaent un nouveau “lleno” et les espoirs mis en Morante de la Puebla, malheureux le deuxième jour de la feria, en “El Juli” qui lui aussi répétait après un passage mitigé face aux toros de La Quinta et en Tomás Rufo à la recherche d’un style ou personalité. Les toros produits de la famille Lozano de présentations variées malgré l’homogénéité des poids  – moyenne 546 kg ± 6 kg – mais aussi de comportements divers au détriment en pariculier de Morante souvent malchanceux au sorteo. Pour les aficionados, il est habituel de ne pas attendre des exploits à la cape car les toros de cet encaste Nuñez se révèlent plutôt à la muleta. Aujourd’hui, c’est El Juli qui a permis et même forcé cette “révélation”.

En effet, Julian López “El Juli” était obligé de sortir des tablas son premier, de charge courte dans la cape et retours vifs. Après des piques pas très prononées et un quite de Tomás Rufo par véroniques et la demie au centre du ruedo, on percevait une certaine qualité de ce toro dans le capote de brega de José María Soler. Malgré cela, ses déplacements au deuxième tiers compliquait la tâche des banderilleros. La faena commençait par deux séries de derechazos courts, “templés” à la première, allongeant les passes à la seconde. Ces deux séries, en mode de tanteo, avaient fait découvrir une qualité de charge confirmée plus tard par des passes droitières en redondo. Sur la gauche, après des signes positifs du toro sur ce côté, il fallut pour compléter cette faena, tirer des naturelles à un toro qui s’arrêtait, El Juli, ferme, dans sa position. Le julipié final, laissait une épée tendida, atravesada et basse. Le 5ème, de nom “Atrevido” – nom du toro blanc d’Osborne immortalisé le 15 mai 1966 par “Antoñete” – ne permettait d’augurer rien de bon car ce toro, peu piqué, se déplaçait nonchalant dans les premiers muletazos de “El Juli”. Alors qu’on croyait que la faena allait tourner court, celle.ci au contraire prenait de la substance dans des séries allant a más, de la droite aussi bien de la gauche, le toro ”cité” à la voix, forcé à allonger sa trajectoire dans la muleta plus que convaincante du maestro. Du grand art en toute simplicité. Comme à son premier. L’oreille était assurée sans la succession de pinchazos en une désormais néfaste technique que El Juli n’est plus capable de corriger. Encore une fois, la déficience à l’épée le privait d’un succés que tous lui souhaitions.

                             

Après sa prestation historique de cette année à Séville, Morante de la Puebla est attendu comme s’il était posible de renouveler l’exploit à Madrid ou ailleurs! Dès qu’il ouvre la cape ou le muleta les olés fusent sans raison suffisante. Ce fut le cas aujourd’hui à son deuxième toro. “El Juli” avait l’audace de réaliser un quite par chicuelinas et demi-véronique par le bas à ce toro. Aussitôt Morante s’avançait pour répondre lui-même dans un quite par véroniques et la demie supérieure. Le début de faena para statuaires était du meilleur effet assorti de remates par le bas, de la gauche. La suite se déroulait face au T5 où téoriquement le vent gêne la moins. Les séries de naturelles montraient le peu d’entrain du toro. Les passes ne méritaient pas l’enthousiasme presque général du public… Morante torée bien, personne le niera. Un pinchazo suivi d’une estocade entière. Son premier était un toro sans charge, même pas sur la défensive, sans la possibilité de donner une seule pase. Mise à mort expédidive mais précationneuse de Morante…

                               

Tomás Rufo, bien administré, fait partie des cartels importants de cette saison et côtoie les figuras actuelles. Se hisser au niveau de ces derniers prendra du temps.  Il touchait le meilleur toro de la soirée, un toro bas et bien encorné, qui sortait d’une course fébrile du toril et la conservait  au cours du deuxiéme tiers – bien, Andrés Revuelta et Fernando Sánchez – et à la muleta où il se déplaçait d’un bon tranco. Il chargeait depuis les barrières jusqu’au centre pour un cite de la droite et des derechazos rapides. Le vent dans la muleta déviait dangereusement la charge du toro. Dans un autre terrain, les derechazos se succédaient sans l’emprise suffisante du jeune matador pour calmer la fougue de ce toro. Sur la gauche, c’était plus irrégulier, Tomás Rufo, devait corriger sa position. La faena allait a menos pour une dernière série de passes inutiles avant de porter un pinchazo et placer une horrible épée au-delà de la paletilla! Le 6ème avait une charge plus longue dans la cape  mais avec un léger mouvement de tête qu’il confirmait dans les coups portés au niveau de l’estribo du picador, à la première pique. L’élan et les charges longues au cheval animaient la suerte de varas. À la faena de muleta, ni le toro, ni le torero, ne montraient d’excessives qualités, plutôt des défauts ou imperfections dans la position de ce dernier – souvent de profil et décollé de la trajectoire –  et du maniement de la muleta, pico? La faena se terminait avec un toro soso et des passes superflues à courte distance. L’estocade, cette fois, était bien placée et décisive.

                         

Morante de la Puebla: silence; saluts. Julián López “El Juli”: ovation; un avis et saluts. Tomás Rufo: un avis et silence; silence. A son habitude Fernando Sánchez se distinguait aux banderilles et devait saluer après deux paires placées au 6ème. 22.394 spectateurs. « no-hay-billetes ».

Georges Marcillac

Photos Plaza 1

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