Angel Otero Beltrán : Un geste pour la postérité.

Angel Otero Beltrán

Il y a des moments en tauromachie où l’action dont on est témoin touche notre âme au plus profond de notre être.  Hier 13 Mai 2017 à Las Ventas de Madrid c’est un de ces moments que nous avons vécu et partagé avec les 20.000 Aficionados présents.  En 27 ans d’Aficion j’ai eu le bonheur d’en vivre un certain nombre et ce sont ces moments qui forgent notre Aficion et notre admiration de cet art incomparable ancré dans une vérité absolue.

Georges Marcillac a parfaitement décrit dans sa cronique les circonstances autour du second tiers du second toro de la corrida d’El Pilar.  Mon propos n’est pas ici de reformuler mais de partager l’émotion que nous avons tous ressentie.

À l’instant où Angel Otero Beltrán a posé sa seconde paire de banderilles je me suis propulsé debout mû par une explosion d’émotion, d’admiration, de jouissance.  Je me suis aperçu immédiatement que nous étions tous debouts sur les tendidos pour rendre hommage à un Torero qui venait de se définir en tant qu’homme et en tant que professionnel.

Ce qui fait de cet instant un moment hors norme ce sont les circonstances et les décisions prises par le Torero.  Lorsque Angel Otero Beltrán se présente pour poser sa seconde paire, nous avons tous pris la mesure du comportement du toro.  Otero a déjà posé une excellente première paire et nous savons que le Pilar attaque avec force, vitesse et intention.  La première chose notable est le cite du banderillero. À aucun moment il n’a envisagé de prendre son adversaire par surprise ou à bâcler son intervention.  Il a cité en se faisant voir, en laissant le temps à son adversaire de le fixer et a attendu l' »arrancada » sans anticiper sa course.  Dès que le toro s’est mis à galoper nos instincts nous dirent que la situation étaient sérieuse et compromise.  Angel Otero Beltrán est un homme trapu et physiquement fort.  Mais cela ne suffit pas dans des circonstances comme celles-ci.  À cet instant il fallait que son coeur vienne appuyer ses capacités physiques.  C’est ce qu’il fit.  Au moment où d’autres compañeros auraient opté pour un passage en faux en esquivant l’embestida, Otero a fait un pas de plus dans une course compromise pour déplacer le lieu de l’embroque et a exécuté un geste classique de pose de banderilles  empreint de toreria et de pureté.  En une fraction de seconde nous sommes tous passés de la conviction qu’il allait se faire prendre, à l’extase d’avoir vécu un moment d’immense vérité que seule réserve la tauromachie.

Je n’ai pu m’empêcher de me remémorer et de repenser, à cet instant, à un autre grand torero banderillero, Juan Carlos de los Ríos “El Formidable” REP, qui dans ces mêmes arènes en 2001 avait vécu un moment similaire mais en terminant à l’infirmerie avec trois cornadas.  Ce jour là lui aussi avait répondu avec son coeur et toreria à un toro dont il était évident qu’il allait tout faire pour attraper ses proies.

                   

À tous les Toreros d’or et de plata qui nous offrent de tels moments de vérité, Olé et Merci.

René Philippe Arneodau

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