Madrid 03 Juin 2016. Le jour où El Pana nous a quitté.

imageLas Ventas couverte jusqu’à la bandera a gardé une minute de silence en mémoire de Rodolfo Rodriguez El Pana décédé dans la nuit du 02 au 03 juin 2016 heure française, après être devenu tétraplégique suite à une voltereta le 1er mai alors qu’il toréait de capote. Pas un des matadors du jour n’a pensé à brinder au ciel en son honneur. La corrida de Victorino, mal présentée pour Madrid, terciada, a déçu par sa touche mansa, son comportement réservé et imprévisible. Les hommes n’ont quant à eux jamais considéré prendre le risque de profiter des quelques qualités des 3, 5 et 6. Le grand perdant est El Cid qui a eu le moins mauvais lot.

Le premier Victorino cherche dès son arrivée en piste à sauter la talanquera. Uceda Leal tente de le passer avec tranquillité dans la cape mais le bicho alterne entre les bonnes embestidas et les extraños. Le Victorino pousse en manso (par à-coups et tête relevée) sous un fer porté par deux fois au milieu du dos par Diego Ochoa. Le toro se désintéresse des capes et cherche des cibles au loin. Il sème le trouble durant le second tiers. Uceda Leal opte pour un macheteo léger et épée sous la bronca.
Le cuarto est un animal fin, lavado de cara mais agressivement armé. Il subit deux piques sans grand entrain. Ses charges son fades et faiblardes. Le tanteo est rythmé par des génuflexions. Uceda Leal tente de toréer classiquement, sans obliger, mais le public n’est pas réceptif à la fadeur des embestidas. À gauche l’animal met le frein à main dès qu’il a passé l’homme. Entière basse. Longueur au descabello. Silence.

Dans une ambiance électrique sort le second, magnifique exemplaire, que Miguel Abellán passe en véroniques rythmées , bras tendus pour éloigner le bicho qui pourtant humilie avec classe. L’animal est distrait et combat de la tête sous le fer. Durant le second tiers il est devenu probón. Abellán se confie en doblones d’abord. Les derechazos sont électriques. Le bicho se colle et se retourne rapidement. Il en va de même à gauche où le caractère probón s’aggrave. Les défauts s’accentuent, les charges se raccourcissent et le torero prend l’épée. Pinchazos, entière trasera et descabello. Silence.
Lorsque sort le quinto le public est dissipé. Le victorino est flaco et armé. Abellán jugule les premiers bonds dans la cape à base de temple en le menant au centre. Mal piqué le Victorino s’emploie sans classe à la première rencontre et pousse sous la seconde. Brindis au public. Abellán torée directement à gauche. L’embestida est obéissante mais Abellán ne se confie pas. Il le fait à droite main basse dans deux séries courtes et dominatrices. Il doit ensuite gérer la faiblesse du toro en relevant la muleta mais alors le toro proteste et désarme le torero. Des naturelles isolées en fin de faena sont ce que nous avons vu de mieux à ce stade de la corrida, longues et profondes. Plusieurs tentatives à l’épée en évitant le berceau précèdent un descabello. Avis. Palmas au toro. Silence.

El Cid trouve le rythme dans une série de véroniques en chargeant la suerte puis pieds joints qui déclenchent les olés malgré quelques hésitations. Superbe pique de Juan Bernal et beau combat du victorino. Toro et picador répètent avec qualité. Le public demande une nouvelle pique mais le président change le tiers. Brindis à Victorino Martín père. Le tanteo précède des derechazos au centre dans lesquels El Cid se tient hors trajectoire et accompagne la charge collaboratrice sans se compromettre. Dans la série suivante El Cid baisse plus la main et comme dans la première série obtient les olés d’une partie du public. À gauche il danse d’abord un peu autour de la charge avant de tenter de tenir son terrain sans succès. Les derniers derechazos sont brouillons. Bajonazo. Division et salut.
La déception règne lorsque sort en piste le dernier victorino pour El Cid. Il a belle allure mais pas rematé pour Madrid. Le Cid tente des véroniques qui sont interrompues par un bond au ras du cou du torero. L’épreuve du fer rend le toro pensif et andarín. Brindis au public. Coté tendido sol El Cid tente des naturelles dans lesquelles il met un temps à trouver les distances et le rythme. Lorsqu’il entame la seconde série le bicho lui vient dessus dans la seconde naturelle. Passant à droite, au centre, il trouve un animal tardo et calculateur qui parfois embiste humilié et jusqu’au bout. Voulant poursuivre à gauche El Cid ne se sent pas le coeur de le faire. La fin de faena est poussive. Trois quart de lame en place en sortant bousculé. Silence. René Philippe Arneodau.

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Une réponse à Madrid 03 Juin 2016. Le jour où El Pana nous a quitté.

  1. jean philippe Bossy dit :

    Bonjour René Philippe

    C’est toujours avec plaisir et je lis vos commentaires et impressions d’afficionado.
    Je ne suis pas un passionné comme vous pouvez l’etre ! mais j apprecie depuis toujours l’art tauromachique le rituel ainsi que son symbolisme.
    C’est sur le sable des arenes que se revelent le toro et le toreo, ce rapport ancestrale entre l’homme et l’animal.
    c’est dans le creset de l’arene que nait le beau la force la bravoure dans cettte danse a la frontiere de la mort que se revele au travers du rituel de la corida la beaute sublimé de la tauromachie

    Encore une fois bravo pour ce magnifique site web qui permet au profane d’avoir une vision objective et non partisane de l’art tauromachique

    Au plaisir de vous lire !

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