Madrid 10 juin 2018 – 34ème et dernière de Feria – Les Victorinos avec la forme et sans le fond.

Dernière corrida du cycle de San Isidro 2018 dont l’aficion fidèle retiendra qu’il fut décevant en tous points.  Le toro terciado et « décasté » a pris le dessus, autrement appelé le medio toro.  Les toreros ont coupés des oreilles grâce à un public (et des présidences) bon enfant qui de toute évidence a changé (public et présidence dans ses critères).  Simon Casas nous expliquera que la Feria a connu des chiffes historiques et que tout va bien dans le meilleurs des mondes et que l’évolution de la tauromachie doit se poursuivre.  Et c’est peut être pour cela qu’il délaisse les abonnés pour les clients de passage afin de pouvoir adapter le spectacle à sa vision qui a démontré, cette année, qu’elle ne donne pas les résultats souhaités.  Une vision que Casas a réussi à imposer en cette San Isidro 2018 où la présentation de toros à notablement baissé sans qu’il n’y ait eu scandale sur les gradins.  Alors, contrairement aux espoirs les plus optimistes provoqués par l’obtention de ces arènes par lui et ses associés, c’est l’image d’un fossoyeur qui risque à terme de s’installer.  Ce n’est pas la corrida sans caste et mansa de Victorino d’aujourd’hui qui nous redonnera espoir, bien au contraire.  Loins des alimañas, les cárdenos de VM furent nobles.  Tout ce qui a fait la réputation et l’honneur de cette prestigieuse ganaderia était absent du lot combattu en cette corrida de la Presse.  Les points positifs furent la présence du Roi d’Espagne en barrera et l’attitude des trois ,matadors, en particulier celle de Paco Ureña.  Un grand regret pour cette  seconde San Isidro de Simon Casas, qu’il n’ait pas engagé la cavalerie française d’Alain Bonijol.

Manuel Escribano va recevoir son premier adversaire à puerta gayola, à genoux pour une larga cambiada que le Victorino refuse de charger.  Ce sont donc des véroniques qu’il tente mais qui se terminent par abaniqueo vers le centre, exposant la faiblesse du bicho. Le tercio de varas débute mal tant dans la brega du matador que sous la pique de Curro Sanlúcar.  Ce dernier se rattrape avec la seconde pique.  La charge molle laisse le temps et l’espace au matador pour poser les banderilles sans émotion, la seconde paire manquant totalement la réunion.  Brindis au Roi.  Le Victorino fléchit dans les doblones terminés par le haut.  La combativité du toro est minimale, ses charges ne vont pas jusqu’au bout, quelle que soit la corne.  Le matador fait l’effort pour construire un semblant de faena qui ne transmet rien aux tendidos.   Entière caída. Silence.

Manuel Escribano tente une nouvelle puerta gayola en larga cambiada de rodillas avec son second.  Il la  réussit in extremis, le toro venant au pas jusqu’au dernier moment. Suivent des véroniques enchainées et vibrantes.  Les deux piques règlementaires sont données dans le désordre et prises sans entrega par le Victorino.  Escribano se charge du second tiers. L’animal charge en ligne et le matador a du mal à se réunir avec lui tant il est obligé de l’attendre.  La troisième paire au quiebro citée depuis l’estribo lui permet de terminer le tiers a más.  Brindis TV et au public.  Au centre un double péndulo avec enchaînement par devant obtient les applaudissements du public.  Ensuite le toro fléchit et Escribano interrompt les tentatives de séries droitières.  La charge est incomplète et courte sur les deux cornes.  La transmission absente.   Pinchazo et entière un peu arrière.  Silence.

Le second Victorino qui humilie plusieurs mètres avant d’atteindre sa cible, met en difficulté et désarme Paco Ureña.  Le toro pousse tête relevée sous une bonne pique de Pedro Iturralde.  La seconde chargée de loin est mal portée et brève.  Brindis au public et au Roi.  Le toro supporte moyennement les premiers doblones que le matador allège ensuite en les terminant pas le haut.  Dès la première série à droite les derechazos font rugir le public par leur sincérité sans fioriture.  La seconde série est encore meilleure même si elle se termine par une bousculade sur la passe de poitrine.  Ensuite le toro baisse de ton mais pas le torero.  Son engagement est total.   Paco Ureña prend la gauche et exécute des naturelles avec la même vérité.  Le final est brouillon.  Entière défectueuse dans son emplacement mais portée en décomposant les temps et avec droiture.  Tentative de descabello et avis.  Palmas au toro.  Palmas et salut.

Le cinquième charge la cape d’Ureña en freinant et sautant mettant le matador en fuite.  Il subit le tercio de varas sans bravoure, se détournant à plusieurs reprises du cheval pour la seconde rencontre.  Brindis personnel. Le début de faena est gêné par le vent.  Les derechazos de la première série sont parfaitement templés et la trajectoire maitrisée par le bas.  Le toro va a menos.  Il montre des signes de faiblesse ce qui n’empêche pas le torero de s’exposer.  À gauche, les charges sont molles, les muletazos mous.  La faena s’enfonce dans l’ennui par la faute du bicho.  Entière delantera et basse en entrant droit.  Descabello.  Silence.

Emilio de Justo touche un premier Victorino de belle présentation.  Il saute dans la cape du matador qui le canalise sur jambe pliée en accompagnant.  Deux piques sont exécutées sans que ni le picador, ni le toro ne se mettent en valeur.  Quite d’Escribano par chicuelinas lentes, en se replaçant entre chacune d’elles car la charge est courte.  Bonne brega d’Ángel Gómez et bonne prestation aux banderilles de Morenito d’Arles et de J. M. Pérez Valcarce qui saluent.  Brindis au Roi.  Le bicho serre dans les premiers doblones qui se transforment en tanteo.  À droite, le matador baisse la main mais se fait accrocher la muleta en sortie de muletazo dans les deux premières séries.  La suivante est plus nette et templée.  Le bicho « humilie » mais avance avec hésitation.  À gauche, les naturelles sont de belle facture mais pas liées.  De retour à droite Emilio de Justo lie une série qui connecte avec le public.  Le torero alterne ensuite les cornes sans retrouver le rythme de cette série droitière.  Entière trasera portée en toute rectitude.  Avis.  Plusieurs descabellos.  Palmas.  

Le dernier Victorino fait une sortie en piste plus vive que ses congénères.  Les capotazos d’Emilio de Justo vont a más.  Le toro a une charge irrégulière.  Il est distrait et manso.  Il se défend avec des coups de tête sous la première pique dont il sort seul.  Il fuit la seconde rencontre et doit être accompagné devant le cheval pour recevoir la deuxième pique.  Au second tiers le toro s’immobilise et se plaint des banderilles qu’on lui pose avec difficulté.  Quite salvateur de José Luis Neiro Algabeño à Ángel Gomez.  Brindis au public.  Le toro est arrêté en début de faena.  Lorsqu’il s’élance, c’est avec brusquerie que le matador gère en prenant la main gauche.  Sur cette corne le Victorino est également tardo et sa charge n’a aucun moteur.  Les retours inattendus mettent Emilio de Justo en difficulté.  Le torero insiste avec volonté et avec la reconnaissance du public.  Lorsque le torero revient d’être allé chercher l’épée, le toro charge à distance avec conviction mais s’y refuse en terrain rapproché.  Entière caída.  Palmas et salut.

René Philippe Arneodau 

Ce contenu a été publié dans Madrid. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.