Madrid 13 mai 2023 – 4ème de Feria – Des oreilles pour pas grand chose.

La corrida mixte de ce samedi a remporté un succès… pour le nombre d’entrées: plus de 22.000 – sans doute dû à la présence de Diego Ventura, la vedette actuelle du toreo à cheval, qui partageait l’affiche avec Paco Ureña et Ginés Marín pour les toreros à pied. Les toros portugais de María Guiomar Cortés de Moura étaient réservés au rejoneador et ceux de Montalvo pour les deux matadors. Les conditions métérologiques et le calendrier, premier jour d’un nouveau long weekend avec lundi 15, jour du saint patron de Madrid, San Isidro, justifiaient aussi cette affluence. Quant au succès purement taurin, il était très relatif. Diego Ventura repartait avec une seule oreille ainsi que Ginés Marín, trophée obtenu au dernier montalvo. On sait comment sont les toros destinés au rejoneo…, ceux de Montalvo, de modeste présentation, sans les protestations habituelles à Las Ventas??, n’apportaient pas les qualités nécessaires pour enflammer un public qui pourtant ne se privait pas de olés festifs, public apparemment plutôt versé au toreo à cheval…

Diego Ventura  est sans nul doute un grand cavalier qui possède une écurie de chevaux superbement entraînés. Il déployait ses grandes qualités en montant “Lío” et “Nómada” aux banderilles dont la pose n’était pas toujours réussie au premier passage. Impressionnants étaient les galops de côté, notamment au 4ème, en “templant” la course du toro frôlant la croupe du cheval et “rematant par un recorte efficace. C’est la deuxième faena qui était la plus complète et spectaculaire.  Les deux rejones de castigo avaient été relativement bien placés après une fixation du toro par des courses concentriques. Les banderilles longues étaient posées après des quiebros – parfois doublés – et les inévitables banderilles courtes clouées, cette fois, al violín. Á la mise à mort, après un pinchazo, venait un rejón de muerte qui roulait le toro. Une oreille récompensait une prestation honorable sans plus. Au 1er, selon le même scénario de courses, profitant de la mobilité du toro, la pose des banderilles et les roses, le rejon de muerte était planté au deuxième essai, le toro presque statique, ne favorisait pas l’approche ou l’embroque.

Paco Ureña  réceptionnait son premier par des véroniques, certaines en tablier, pour fixer un toro, basto de hechuras: L’élan vers le picador pour la première pique résultait spectaculaire poussant et levant de cheval contre les tablas. Venait alors un quite de Ginés Marín par chicuelinas, sèches,  effaçant la toile au passage du toro assorties d’un remate par serpentina.  Paco Ureña ripostait par un quite par gaoneras nettes, revolera et brionesa. Il défiait le toro mais aussi son compagnon de cartel par un desplante. Le brindis de la faena était reservé au matador retiré Pepín Jiménez, présent au callejón. Ce dernier avait reçu l’hommage de la Unión de Abonados Taurinos de Madrid, le matin même dans la salle Antonio Bienvenida de Las Ventas lors d’une cérémonie en présence d’une grande affluence d’aficionados.

              

Cette faena commencée par des statuaires et remates par le bas, en un début prometteur, s’effilochait par la suite dans des séries où le toro, le museau dans le sable, certes, perdait sa charge et le torero, de profil, ne parvenait pas à sauver une situation vouée à l’ennui du public. Le toro, sans race, mourrait – curieusement – au centre de la piste après une estocade habile. Cela empirait au 5ème qui donnait de légers derrotes en fins de passes, qui “humiliait” aussi mais qui restait court par manque de forces. Paco Ureña se resolvait à prendre l’épée pour une estocade entière portée avec decisión et restant sur la face.

Ginés Marín touchait un toro, le 3ème, qui dès les premiers capotazos chercait à fuir et se révélait plutôt “contestataire” dans la muleta, lâchant des derrotes ou bien chargeant sans entrain, soso, s’arrêtant même. Le public s’impatientait et Ginés insistait! Une estocade entière et s’ensuivait une inutile agonie de l’animal sans utiliser le descabello! Mal. Le jeune matador de Badajoz (bien que né près de Cadix) voulut se racheter et forcer un succès avec le 6ème. Celui-ci de meilleures hechuras du lot, 560 kg. sans fixité et se montrait rpeu intéressé par les premières véroniques distillées, une à une, en direction du centre du ruedo. Cette caractéristique se confirmait aux piques prises en sortant à la première invite des capes. Antonio Manuel Punta se distinguait aux banderilles. La faena, donnée à un toro juste de forces, se déroulait en deux terrains successifs, le dernier presque face au toril… et composée d’un grand nombre de passes.  Faena décousue et volontaire de Ginés Marín qui devait corriger sa position, aller vers le toro pour forcer les charges. Dans une série, il égrenait les naturelles – certaines de bonne facture – une arrucina, une capeina, un changement de main pour un remate final sur la gauche. Tout un répertoire, fin et varié, couronné d’une grande estocade. L’oreille s’imposait par ce brillant final…

 

Diego Ventura: ovation; une oreille. Paco Ureña: légers applaudissements; silence. Ginés Marín: silence; un avis et oreille. Des cuadrillas on remarquait Curro Vivas de celle de Paco Ureña, Antonio Manuel Punta et Manuel Larios avec Ginés Marín.

Georges Marcillac

Photos de Plaza 1

Ce contenu a été publié dans Georges Marcillac Escritos, Madrid. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.