Madrid 15 mai 2019 – 2ème de Feria – Puerta Grande contestée de Miguel Ángel Perera.

 

En ce jour de la San Isidro, patron de Madrid, un public nombreux couvrait presque en totalité les gradins de Las Ventas. En tout cas c’est l’aspect quelle donnait sous un soleil radieux et un vent changeant qui allait gêner les faenas de la terna composée de Juan Serrano « Finito de Córdoba », Diego Urdiales et Miguel Ángel Perera. Cette belle affiche était complétée par un lot de toros de l’élevage de Fuente Ymbro que l’on verra encore trois fois, une en novillada et deux en corrida formelle au cours de la feria. C’est une ganadería à la mode que l’on attendait et qui ne répondait pas à cette attente sauf le troisième, objet de la contestation avec son matador Miguel Ángel Perera. La présentation sans reproche, du poids, des cornes, de bonnes hechuras en façade des fuente-ymbros, cachaient en réalité un manque de caste, de la mansedumbre et des forces limitées pour le dernier. C’est donc le 3ème, qui sauvait la face du ganadero Ricardo Gallardo, sans lequel cette corrida aurait été un fiasco complet. On ne sait si l’on doit qualifier ce toro de grand toro, «Pijotero» de nom, nº 61 de 549 kg, castaño de robe et seul cinqueño du lot, car son comportement fut irrégulier, en particulier impropre à la réalisation du tercio de banderilles sans fixité, sans trop de charge  alors qu’il avait «mis les reins» sous les piques dont le picador avait dosé le châtiment en levant rapidement le palo. Sans doute que dans d’autres mains ce toro n’aurait pas donné le jeu qui finalement permettait à Miguel Ángel Perera de triompher. Les trois premières séries de la faena de muleta étaient intelligemment «citées» à grande distance pour des démarrages et galop vifs du toro qui ensuite répétait ses charges dans la muleta solide – poderosa – de l’extremeño.  Sùr de lui, MAP se payait le luxe de «citer» la dernière série d’une capeína fleurie. Son style, jambe contraire défaussée, faisait merveille, mais ce n’était pas le plus important. Plus rapproché, le toro ne chargeait pas pareil sur la gauche et même rechignait à avancer… MAP restait ferme mais l’intensité de la faena baissait. L’ultime série se réduisait en des redondos, la «noria» tellement prisée. Entretemps, la fin de faena s’était déplacée près des planches. Faena longue et difficulté de cadrer le toro  – sonnait un avis – pour la mise à mort d’une estocade desprendida. L’oreille était fortement demandée et concédée, mais la pétition durait et finalement la deuxième tombait. Le président était gratifié d’une bronca sonore, l’invitant même à quitter le palco… C’est Madrid ! Une oreille aurait suffi. Le 6ème, fuyard, lançait les pattes avant dans la cape de MAP qui le retenait par des véroniques en delantal et qui, à la muleta,  exhibait un manque de force qui réduisait la faena a une succession de passes terminées par des derrotes. La demi-estocade verticale était d’effet rapide après un pinchazo.

«Finito de Córdoba» n’était pas le mieux servi car son premier terminait arrêté, presque autant qu’à sa sortie du toril, sans codicia, sans envie de charger, s’ «endormant» sous la pique, distrait durant le tercio de banderilles : un cadeau ! «Finito» n’est pas un belluaire et il prenait la tangente pour un pinchazo hondo et un… bajonazo. Le 4ème, sortait des capes, poussait jusqu’aux tablas la cavalerie et provoquait une chute. Il ne faut pas penser que ce toro était très combatif pour autant : il s’arrêtait et/ou dans sa demi-charge frappait, topón, la muleta.  Les rafales de vent n’arrangeaient rien. On passera sous silence la mise à mort, le descabello final, le meilleur.

Diego Urdiales devait répondre à l’ovation, après le paseillo, en souvenir de sa brillante prestation d’octobre dernier avec les toros de Fuente Ymbro. Malheureusement pour lui et pour nous, il ne pouvait rééditer un quelconque succès avec le «matériel» que le sorteo lui avait réservé. Le 2ème, manso déclaré – il avait néanmoins secoué le cheval à la première pique et provoqué sa chute –  distrait, il rendait compliqué le tercio de banderilles et dans la faena de muleta il grattait le sol, «protestait». Diego faisait un effort pour consentir ce toro qu’il engageait à charger, passes une à une, à la voix. Deux séries mieux réunies, sur la fin, avec répétition des charges sur les deux cornes. Trasteo patient mais sans effet sur le public respectueux. Le vent gênait aussi… Un pinchazo et une estocade entière desprendida concluait une faena plus compliquée que ne l’avait montré le torero d’Arnedo. Au 5ème, pour éviter, si possible, les sautes de vent, Diego Urdiales allait face aux tendidos de soleil pour une faena volontaire à un toro qui exhibait des cornes de grande envergure, sans classe, descompuesto, chargeant à moitié, lorsqu’il daignait avancer.  La demi-estocade atravesada, qui suivait un pinchazo, roulait le fuente-ymbro.

«Finito de Córdoba»: silence ; silence troublé par des sifflets. Diego Urdiales: un avis et silence ; silence. Miguel Ángel Perera: un avis et deux oreilles ; silence. Sortie a hombros sous les sifflets… Devaient saluer Curro Javier et Vicente Herrera de la cuadrilla de Miguel Ángel Perera pour leur pose de banderilles au 6ème. Le roi émérite Juan Carlos I, accompagné de lInfante Elena et sa fille Victoria Federica, recevait le brindis de M.A. Perera et Diego Urdiales. 23.624 spectateurs.

Georges Marcillac

Photos: Paloma Aguilar pour mundotoro.com

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