Madrid 17 Mai 2016 Oreille Del Alamo et déception des toros de Pedraza de Yeltes

imageCorrida de la Presse, hors abonnement, qui a attiré deux tiers d’arène. Le lot de Pedraza de Yeltes a terriblement déçu étant totalement différent de sa réputation gagnée ces dernières années en France – Dax, Mont-de-Marsan – et Azpeitia (Guipúzcoa). Il fut de surcroit mal présenté pour Madrid, lot irrégulier et manquant de race. Seul le troisième a légèrement relevé le niveau. Des toreros, il convient de noter la prestation de Juan Leal autant pour des passages sans relief et anodins à son premier que pour son admirable entrega et courage à son second en un sursaut de pundonor. Et bien sûr l’oreille obtenue par Juan del Alamo qui poursuit sa romance avec le public de Madrid sans trouver, pour autant, la clé de la grande porte.

Le Français Juan Leal confirme son alternative avec Mira-Bajo de Pedraza de Yeltes nº50 né en 02/12 pesant 596kg. C’est un exemplaire haut, lourd mais fin, armé étroit, dans le type Aldeanueva, un peu juste pour Madrid. Le bicho navigue à sa guise jusqu’à ce que Leal le fixe en marchant avec lui. Au cheval ce toro (mal nommé) pousse tête relevée, sans hargne. Leal quite par saltilleras et larga en changeant de main de peu de retentissement. La seconde pique n’est que formelle. Quite de Manuel Escribano par medio faroles, saltilleras et demie véronique. Grande paire al cuarteo de Marco Leal. Escribano confirme l’alternative à Juan Leal en présence de Juan del Alamo.

 Photo © Ferdinand DE MARCHI

Photo © Ferdinand DE MARCHI

Brindis à son frère. Au centre muleta pliée à gauche Leal cite pour une tobalina dans laquelle il est presque emporté. Il remet de l’ordre et passe le Pedraza par le haut et dans le dos avec assurance mais sans émotion car le bicho manque d’entrain et montre un certain désintérêt au combat. Ce mauvais comportement se poursuit dans les tentatives sur les deux cornes exécutées avec application mais dénuées d’émotion. Leal opte alors pour un arrimón qui fait réagir les tendidos, mais pas par assentiment. Entière desprendida après deux pinchazos et avec avis. Silence.

Le sixième Pedraza est massif. Il reste inédit dans la cape de Juan Leal. Les embestidas sont freinées. Le quite par tafalleras est anodin en bougeant entre deux passages conventionnels au cheval. Brindis au public. Au centre Leal colle une série de derechazos en redondo vaillants et volontaires à genoux. Malheureusement la suite, debout, perd en intensité . Le Pedraza est noble mais sa charge incomplète. Juan Leal avec détermination reste dans le sitio et se justifie pleinement dans un arrimón de grande vérité face à un public divisé. Pinchazo et accrochage en entrant al encuentro dans un style sauteur, la corne accrochant au pecho. Entière tombée et horizontale. Applaudissements et salut au tercio.

Le chef de lidia, Manuel Escribano, va a puerta gayola. Il y reçoit son premier opposant par larga cambiada à genoux, réitérée en tablas. Les véroniques sont, elles, serrées. Au cheval le bicho pousse par à coups. Le toro est distrait dans le quite par véronique et demie.  La seconde pique est un simulacre. Quite de Juan del Alamo par chicuelinas et demie véronique de bonne facture. Les banderilles sont à charge du torero de Gerena qui brille dans la troisième paire au cuarteo. Cérémonie de restitution des trastos. Brindis à Cristina Cifuentes, Présidente de la Communauté de Madrid. Escribano oblige tout de suite le Pedraza par le haut et surtout le bas. Dans les derechazos le toro est insipide et mou. Il ne s’emploie pas plus à gauche en montrant des signes d’abandon. Rien n’y fait la faena ne décolle pas dans une prestation toutefois sérieuse. Estoconazo. Silence.
Manuel Escribano retourne a puerta gayola pour y recevoir son second Pedraza à genoux. Le toro s’arrête et retourne dans le couloir. Escribano attend mais le toro choisit de faire le tour des planches où le torero, relevé, dessine quelques véroniques au ralenti. L’animal est haut mais fin. Le combat au cheval est mollasson et longuet les deux fois. Juan Del Alamo donne un quite par veronicas que le toro prend avec indifférence. Banderilles à charge du Matador qui s’exécute sans briller. La faena débute directement en derechazos restant ostensiblement hors de la trajectoire. Le toro embiste avec rythme. Dans la deuxi?me série Escribano recule entre les passes. L’intensité baisse. À gauche le bicho est obéissant et Escribano conventionnel. Le toro a perdu son envie de charger et l’andalou prend l’épée. Pinchazo et entière caida, atravesada et descabellos. Silence.

Le troisième Pedraza est protesté. Il a pourtant du volume mais n’est pas rematé pour Madrid, sous armé. Il met bien la tête dans la cape de Juan del Alamo, avec un peu de mollesse et montre déjà des signes de faiblesse. Au cheval il est épargné en deux rencontres sous les protestations. Quite d’Escribano par chicuelinas et revolera templées. Brindis au matador Juan José. Les olés fusent dès les premiers derechazos enchainés sans bouger et sans douter. L’animal est mobile, tête baissée et transmet en trois séries. À gauche le Pedraza a moins de classe et ne se retourne pas complètement. Le retour à droite est donc immédiat pour deux séries, la première excellente et la seconde a menos. Malgré le signal, del Alamo insiste à tort car la dernière série est entrecoupée et moins intense. Bernardinas avec une arrucina à deux mains improvisée. Entière tombée en entrant bras tendu de coté. Oreille. Division d’opinions.
Juan del Alamo entreprend le quatrième qui est un tío énorme mais sans surpoids apparent. Le torero prodigue des véroniques en se re-positionnant entre les capotazos car le toro se retourne avec inertie. Le Pedraza ne s’emploie pas sous la pique et devient hésitant et r?servé par mansedumbre. Quite minimaliste de Juan Leal. Brindis au public. Le long des tablas le torero entame avec classicisme alternant des muletazos dominateurs et d’autres plus légers par le bas ou à mi hauteur. Il tente de lier à droite en tenant son terrain. Le toro sort la tête haute sans terminer les passes. À gauche Juan del Alamo ne fait pas mieux face à des charges partielles terminées par un derrote. Le toro finit par abandonner et laisse del Alamo sur sa faim et avec ses rêves de puerta grande. Entière de côté et tendida. Silence.

Manuel Escribano: silence aux deux. Juan del Álamo: un avis et une oreille; silence. Juan Leal: un avis et silence; saluts.

René Philippe Arneodau et Georges Marcillac.

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