Madrid 17 Mai 2019 – 4ème de Feria – Vuelta pour Róman et déception des toros de José Miguel Arroyo “Joselito”.

La corrida envoyée à Madrid par José Miguel Arroyo « Joselito » était de belle présentation et d’une grande vacuité qualitative.  Tous les exemplaires ont partagé un manque de force et une absence de fond. Le dernier a fait illusion parce qu’il n’a pas été piqué. Deux furent replacés.  Les trois toreros ont montré une volonté de bien faire malgré le vent, Róman à un niveau supérieur à ses deux compagnons. Le public stoïque a rempli les tendidos aux deux-tiers faisant face au froid qui s’est emparé de Madrid.

Le Mexicain Joselito Adame, agissant en chef de lidia, reçoit le premier de “El Tajo” un toro colorado, grand mais de fine allure.  Les premières charges dans les véroniques et la demi-véronique qui suit, sont intenses, longues et par le bas. Sous le fer, le toro pousse longuement.  La pique est portée en avant, mais de côté. À la seconde rencontre, le bicho accuse le coup et Oscar Bernal l’épargne. Quite par tafalleras et revolera de Román.  Nonobstant le vent, Joselito Adame choisit de mener le toro au centre. Muleta à mi- hauteur, le Mexicain tire des lignes à droite pour gérer la faiblesse du bicho. Ce dernier s’immobilise toutefois et la faena devient décousue et sans émotion.  Pinchazo, metisaca en bajonazo et estocade entière basse. Silence.

Le quatrième de “El Tajo” sort après une heure et demie de corrida dans le froid. L’Hidrocálido (de Aguascalientes) le fixe dans la cape, sans plus. Le toro s’emploie sous une mauvaise première pique.  Au second voyage le toro fuit en manso. Quite de Román par gaoneras et revolera meritoires vu le vent. Brindis au public.  Joselito Adame débute par pases par le haut de peu de transcendance. Le toro sautille dans la première série droitière, appréciée cependant par une partie du public.  Dans la suivante le torero s’adapte à la baisse de régime du bicho avec des derechazos lents. Les naturelles ne transmettent rien vu la dégradation de la condition du toro.  Les droitières suivantes sèment la division sur les gradins. Metisaca, pinchazos et bajonazo. Silence.

Le second de “La Reina” est renvoyé au corral après s’être blessé (probable lésion de la colonne vertébrale et non-coordination motrice. NDLR) ccasionnant sa chute spectaculaire.  Le réserve est un “Torrealta” qui refuse de répéter dans la cape de Román Collado. Le toro qui semblait donner des signes de faiblesse envoie bouler cheval et cavalier.  Au passage subséquent ses forces disparaissent. Le quite d’Álvaro Lorenzo par chicuelinas et revolera est forcé et mécanique. Brindis au public. Román essaye de soulager la charge mais le bicho fléchit.  « Cité » de loin, il ne répond que tardivement, sa charge sautillée retirant toute intensité au trasteo droitier. Le matador « cite » de nouveau à distance, muleta dans la main gauche et échappe de justesse à deux extraños. Les olés accompagnent les derechazos suivants pourtant marqués par le trébuchement du bicho qui proteste aussi de la tête.  Ce qui sauve la prestation du torero est son entrega. Manoletinas, muleta au vent mettent le public dans la poche. Avis. Estocade a recibir portée avec sincérité, l’épée résultant caída. Pétition d’oreille non accordée et vuelta.

Le cinquième doit être mauvais (contrairement à l’adage taurin: no hay quinto malo. NDLR) compte tenu de l’ambiance du jour.  Román va le chercher au centre où il a « pris racine ». Les charges vives et erratiques obligent le matador à la prudence.  Le bicho pousse a menos sous la première pique. La seconde est un simulacre. Aux tercios, Román « cite » à droite, de loin. La série de derechazos est réalisée en deux temps.  La suivante est interrompue par le trébuchement du bicho. Ensuite le matador est obligé de se replacer entre les passes car le toro ne termine pas de se retourner. À gauche l’animal ne se livre plus, les naturelles, une par une, sont poussives.  Les derechazos de face montrent la volonté de bien faire du matador et les limites du toro. ¾ de lame atravesada. Avis. Sifflets au toro. Silence.

Le troisième, de “La Reina”, est renvoyé au toril lorsque le quite par chicuelinas d’Adame l’envoie au sol.  Le sobrero est de Montealto, il est trapu et charge la cape d’Álvaro Lorenzo avec moteur mais aussi en dérapant du train arrière.  Il n’apprécie pas l’épreuve du fer qu’il proteste avec véhémence, et la seconde rencontre se fait brève. Le toro fuit aux toriles avant que la faena ne débute. Álvaro Lorenzo l’entreprend par tanteo.  La première tentative gauchère se solde par un desarme. Il insiste, entravé par le vent, et sans pouvoir lier. À droite comme à gauche les deux opposants ne sont pas à l’unisson. Demi-lame tendida et descabello.  Silence.

Lorsque sort le dernier une partie du public a quitté les lieux et n’aura pas vu les véroniques et la demi-véronique fort réussies de Álvaro Lorenzo.  Mal mis en suerte, le toro est à peine piqué en deux rencontres fantômes. Brindis au public. Aux tercios Lorenzo « cite » pour des estatuarios et remates par le bas réussis.  Les passages â droite liés, sans « obligar », sont fêtés par les tendidos. À gauche le toreo est en ligne. Par la suite la muleta est accrochée avant que la charge ne devienne tarda et la faena brouillonne.  Les bernadinas finales valent au matador des appalaudissements. Pinchazo et entière. Palmas et salut.

René Philippe Arneodau

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