Madrid 24 mai 2016 – 18ème de San Isidro – Grandiose faena de David Mora et vuelta pour le toro “Malagueño”

Alcurrucén319Sans doute la faena de David Mora à « Malagueño » marquera la San Isidro de 2016 et surtout la carrière de ce torero qui renaissait à Madrid après sa terrible blessure du 20 mai 2014. Il aurait pu aussi bien subir le même sort d’alors car une erreur grossière et impardonnable – un cambio por la espalda – à contre querencia en début de la faena à son premier lui coûtait une impressionnante voltereta et mauvaise chute de laquelle, par chance, il se relevait sans blessure, sinon groggy. Cela ne l’empêchait pas de réaliser la « faena de sa vie » à un toro qui dès sa sortie du toril montrait des aptitudes à se déplacer mais aussi à charger d’une façon claire, noble et brave après la deuxième pique, prise avec élan long et puissant, et le tercio de banderilles bien géré par la cuadrilla du toledan. Le toro se nommait « Malagueño » nº 1 de 563 kg, né en septembre 2010, de hechuras correctes pour Madrid.

Malagueño nº1

Malagueño nº1

Après l’émotion de la cogida, David Mora recevait le toro par estatuaires et passes par le bas –  énorme ovation – et remate par la passe du desdén. A partir de cet instant les séries de la droite et de naturelles, de trois ou quatre passes, se succédaient le toro répétant, « humilié », les passes liées. Grande émotion pour le toreo exprimé dans toute sa pureté et simplicité. Las Ventas résonnait d’une clameur unanime d’olés, les vrais de Madrid ! Le toro s’ouvrait pour redoubler sa charge, le torero le reprenait resserrant les distances à chaque passage, muleta basse parfaitement plane devant un toro brave. Les naturelles finales n’étaient pas aussi parfaites mais le torero restait ferme sur les charges moins nettes de « Malagueño ». La préparation à la mise à mort, par des passes par le bas, laissaient le toro en position pour une estocade entière jusqu’à la garde qui le tombait presque immédiatement. Les deux oreilles étaient accordées de même que le mouchoir bleu primait de la vuelta de la dépouille d’un toro important postulant dès maintenant aux prix de la feria.

 Photo © Ferdinand DE MARCHI

Photo © Ferdinand DE MARCHI

Au 5ème David Mora ne pouvait pas faire grand’chose avec un toro, suelto, qui lui aussi montrait quelques velléités de manso, qui restait court dans la muleta et l’obligeait, par précaution, à abréger la faena. Demi-estocade un peu horizontale.

L’embellie de la faena de David Mora fut malheureusement la seule de ce cartel qui voyait la répétition des toros d’Alcurrucén après le naufrage ganadero de vendredi dernier. Le lot échappait de justesse à un autre affront pour cet élevage renommé, sauvé par « Malagueño » et par la présentation des six toros, en hechuras et armures. Sinon le  reste laissait à désirer…

Diego Urdiales touchait à son premier un toro de charge courte qui devait être cité à courte distance, tardo mais qui répétait sa charge une fois dans la muleta. La faena ne pouvait pas être complétée par des passes sur la corne gauche, le toro se serrant et tournant rapide de ce côté, muleta accrochée en fin de passe. Diego décidait d’abréger. Un pinchazo hondo et un avis tombait. Le 4ème se déclarait manso dans toute sa splendeur, inspectant ou plutôt parcourant toute la piste pour éviter tout contact avec les capes d’abord, les non-piques du picador titulaire et du réserve (en d’autres temps, peut-être aurait-il mérité les banderilles noires ?) Faena impossible et une estocade chanceuse, à la sauvette et verticale, qui tuait sans puntilla. Les circonstances avaient fait que Diego Urdiales passait sans peine ni gloire cette San Isidro 2016.

Andrés Roca Rey, attendu par un public conquis d’avance tout à sa jeunesse et talent tauromachique, se démenait pour forcer la chance qui, à lui non plus, ne souriait pour les deux toros qui lui échurent. Le premier montrait dès le début des signes de faiblesse du train arrière ce qui l’empêchait de pousser dans le cheval et d’avoir une charge équilibrée: tête haute et hachazos en fins de passes, virage sec sur les antérieurs. De ce fait, malgré leur fermeté, les passes perdaient de leur intérêt, sans le brio que met habituellement le jeune ARR. On souhaitait mieux et quelques sifflets ponctuaient injustement le trasteo à un toro limité physiquement. Le dernier n’offrait pas plus de possibilités. Lui aussi exhibait une mansedumbre moins éclatante que celle du 4ème néanmoins lorsqu’il chargeait, c’était avec violence, tant est si bien que sur le premier capotazo de ARR après une longue course, le toro s’arrêtait, cloué comme électrisé. Il se reprenait mais souvent s’arrêtait en fin de passe comme il le fît après le mal nommé « péndulo » de début de faena. Celle-ci se déroulait en passes courtes, charges brusques qu’ARR conduisait sans effort apparent mais avec assurance et émotion. Sur la corne gauche, c’était aussi difficile mais le torero restait stoïque devant les parones – arrêts – du toro à mi-passes. Dans un espace réduit, les passes étaient malgré tout bien dessinées bien que sur la fin il eût quelques accrochages de muleta. Un magnifique volapié concluait une faena sans transcendance si ce n’étaient la vaillance et assurance d’Andrés Roca Rey face à des toros qui l’empêchèrent de s’exprimer pleinement.

Angel Otero de la cuadrilla de David Mora saluait après deux belles paires de banderilles. David Mora dédiait successivement ses toros au Dr. García Prados et à Mario Vargas-Llosa. Andrés Roca Rey en faisait de même à son compatriote Prix Nobel.

Diego Urdiales : un avis et silence ; silence. David Mora : deux oreilles ; silence. Andrñes Roca Rey : saluts : un avis et saluts. Sifflets à l’arrastre des toros sortis 4ème et 6ème.

Georges Marcillac

 

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