Madrid 27 Mai 2018 – 20ème de Feria – Les Dolores Aguirre: honte du ganadero et cauchemar des toreros.

Presque trois-quarts d’entrée pour ce cartel plein d’incertitudes.  Une minute de silence a été observée pour Marcos de Celis, matador de toros de Palencia, décédé ce matin.  La corrida de Dolores Aguirre avait des allures « bastos« , hétéroclites, avec du poids et de cornes.  Un lot peu homogène sauf dans le point commun de la mansedumbre et du manque de classe dans les attaques.  Un comportement impossible qui met en valeur les efforts des trois matadors vaillants, Rubén Pinar, José Carlos Venegas et Gómez del Pilar, et de leurs cuadrillas.  La débâcle ganadera du jour est l’occasion de mentionner la médiocrité de la cuadra de chevaux de Las Ventas dont les exemplaires se couchent sur les toros et manquent de mobilité.  Quand au ganadero, (en réalité, c’est une ganadera, la fille de Dolores Aguirre, disparue il y a maintenant cinq ans) il lui revient d’effectuer une remise en question sérieuse à la vue du désastre vécu aujourd’hui.  

Le premier dolores-aguirre saute et freine dans la cape de Rubén Pinar.  Par contre, sous le fer, il pousse avec constance sous une pique bien portée.  La seconde puya est complète et brève.  Le comportement face aux capes n’a pas changé ce qui explique l’abandon de toute velléité de quite.  C’est durant la brega du second tiers que la charge donne quelque espoir.  Les premières embestidas semblent le confirmer dans les doblones du matador.  Dès les droitières, le bicho développe du genio et se retourne vite.   Après un desarme, le torero trouve la bonne distance et le toque précis pour lier deux séries.  À gauche, confronté avec la même problématique, il allie toques idoines et « temple » pour mener la charge quelques centimètres de plus.  A ce stade le toro n’a plus rien à offrir.  Deux pinchazos suivis d’une entière atravesada et perpendiculaire.  Palmas au toro.  Palmas et salut.

Le quatrième dolores-aguirre est massif et armé large avec une tête de jeune et une apparence rustre.  Il tire des coups de tête dans la cape de Rubén Pinar et reçoit la première pique en querencia de toriles.  Il s’emploie sans classe à la seconde rencontre ainsi qu’à la troisième, fortuite.   Pendant tout le second tiers le bicho est abanto mettant à l’épreuve les cuadrillas.  Dans la muleta de Rubén Pinar, au centre du ruedo, le bicho hésite et n’offre que des charges rebrincadas. Il met en évidence son désir d’abandonner le combat.  Le matador lui vole quelques muletazos sans possibilité de continuité.  Pinchazo dans le flanc et bajonazo.  

José Carlos Venegas est opposé à un premier adversaire abanto par mansedumbre puisqu’il cherche une sortie.  Ses charges sont incertaines et violentes.  Le toro s’emploie sous une pique portée en arrière.  À la seconde, pas de miracle: ni bravoure, ni étincelles du picador.  Au second tiers l’animal prend possession du ruedo, bouche fermée, alternant charges fortes inattendues et immobilité déconcertante.  Les charges du début de faena sont violentes et incontrôlées.  Au centre J.C. Venegas fait des essais pour décider s’il va affronter l’épreuve.  Avec courage, c’est ce qu’il fait à droite.  Le pari est lourd car le calamocheo est en réalité composé de derrotes sur tout le voyage.    À gauche, c’est la même chose avec en plus un toro qui se désintéresse du combat et devient arrêté.  Bajonazo.  Palmas et pitos au toro.  Quelques applaudissements  pour J.C. Venegas qui, avec une épée plus conventionnelle, aurait mérité de saluer. 

La sortie du cinquième en piste est celle d’un bovin qui ne veux pas combattre.  Il charge la cape de Venegas sans la franchir.  Le manso après avoir évité l’épreuve du fer à plusieurs reprises prend une ration notable en querencia de toril.  Il fait plusieurs voyages dans tous les terrains du ruedo et prend des puyas au passage, alternant charges poussées et fuites.  Quite de Gómez del Pilar de más a menos en chicuelinas.  Grande ovacion à David Adalid pour deux paires de banderilles engagées et remarquable la seconde.  Le toro charge dans les passes de tanteo.  Il se retourne à hauteur d’homme dans les derechazos.  La faena est une bagarre dans laquelle  le toro développe du sentido et met en danger le torero.  Le mérite de ce dernier est d’avoir tenté sur les deux cornes et montré la condition de son adversaire.   Entière tendida et contraria portée avec engagement.  Palmas et salut.

Gómez del Pilar va a puerta gayola pour recevoir à genoux son premier adversaire. Le toro l’ignore.  Il le reçoit donc debout sans pouvoir fixer cet opposant distrait et manso.  Le dolores-aguirre refuse l’épreuve des piques.  Del Pilar fait l’effort de répéter les mises en suertes mais le tiers se déroule dans un désordre entre la contra querencia , et les toriles.  Le toro galope avec force et incertitude au second tiers et reste entier.  Brindis au public.  Les premières charges distraites sont données par le bas en doblones.  La première série droitière est un round de KO dont le matador se sort indemne par miracle.  La bagarre se poursuit à gauche toute en brutalité et tension.  L’effort est valeureux. En fin de faena le toro remet les gaz et met son matador en fuite.  Entière caída méritoire compte tenu des circonstances, vent inclu.  Sifflets au toro.  Palmas et salut.

Gómez del Pilar retourne a puerta gayola pour recevoir le dernier.  La larga cambiada de rodillas est limpide.  Le toreo de cape se limite à cela car la charge est désintéressée. Lorsque le toro va finalement au cheval, il prend une pique à chaque cavalier en poussant modérément.  Suivent des tours de piste sans fixer son attention avec une nouvelle pique devant le Tendido 6.  Abanto, le toro le reste au second tiers dont l’exécution s’avère laborieuse.  Effort d’Iván Aguilera pour sa seconde paire.  Del Pilar absorbe les premières attaques par doblones.  Le toro veut abandonner mais le torero insiste.  Le toro est tardo, distrait et lorsqu’il charge son attaque est désordonnée.  Il finit par aller se coucher devant la porte du toril.  Pinchazo profond dans le flanc.  Descabello. Silence.

René Philippe Arneodau

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