Madrid 7 juin 2018 – 31ème de Feria – Le défi ganadero se transforme en défi pour l’aficionado.

Un cartel comme celui d’aujourd’hui (défi ganadero de deux élevages origine Buendia) est par définition réservé aux fidèles aficionados qui achètent leur billet tant pour les corridas de vedettes que pour les autres.  Aujourd’hui, ils remplissaient un peu plus d’une demi-arène.  Ce sont les corridas dont le prix de revient est le moins élevé, par le choix des ganaderias et celui du cartel de toreros.  Nonobstant, il semble que l’empresa ait encore voulu faire des économies sur le bétail, hétéroclite de présentation.  Tout se passe comme s’il était impossible de trouver deux fois trois toros de deux  ganaderías avec l’apparence d’un toro de Madrid, des mois avant la corrida.   Pour ceux qui sont des fidèles, le sentiment est de consternation.  Si l’on considère l’ensemble de la San Isidro nous pourrions parler de ressentiment.  Si l’on met à part la présentation des toros et qu’on se concentre sur leur jeu, nous verrons que certains exemplaires pouvaient peut-être prétendre à meilleur trasteo que celui qui leur fut réservé.

Le premier est un Rehuelga terciado de présentation qui a du mal à se retourner dans l’engaño, à tel point qu’il enferme  dans les tablas, sans que ce dernier ne s’en formalise.  Le toro renverse le cheval lors de la première rencontre en le prenant par le poitrail.  Il pousse sous la seconde vara, la tête à mi-hauteur, et sort en fléchissant.  Le quite de Javier Cortés ne fait que confirmer cette faiblaisse.  Iván Vicente entame la faena avec douceur par le haut.  Il est obligé de gérer le vent et la faiblese du bicho qui induit un calamocheo gênant.  Il essaye longuement à gauche en se replaçant entre les passes et en évitant les brusqueries.  Le niveau d’intensité est nul.  En fin de faena les deux protagonistes connaissent un bref passage plus rythmé grâce à la noblesse de l’animal et la volonté tardive du torero.  Entière légèrement trasera et desprendida.  Palmas et salut.

Le second de Iván Vicente est un exemplaire fin et très armé de Pallarés avec seulement 480 kg.  Sa charge aux retours larges ne permet pas au matador de briller au capote.  Le toro pousse tête relevée et sort seul de la première pique.  Placé loin, il reçoit un bon puyazo de Héctor Vicente, avec moins de classe qu’à la première rencontre.  Laissé à nouveau à bonne distance, il hésite avant de s’élancer au galop pour un autre excellent puyazo qui dure peu de temps.  Ovation au picador.  Au second tiers le toro se déplace avec vivacité.  Jesús Robledo « Tito » brille en posant son unique paire de banderilles.  Brindis TV.  La douceur des premiers muletazos fait honneur à la charge douce et profonde du Pallarés.  Dans les naturelles suivantes le bicho lance parfois les pattes dans l’engaño et passe parfois tête relevée.  Le manque de « temple » des muletazos sur les deux cornes fait penser que la charge aurait pu être mieux conduite.  Ceci se confirme dans trois naturelles de milieu de faena où l’embestida apparait somptueuse.  La faena se fait longue et le toro perd intérêt à la confrontation.  Pinchazo suivi d’une entière caída.  Palmas au toro.  Silence. 

Le second toro de Pallarés est renvoyé au corral pour boiterie.  Son remplaçant est le second toro de Javier Cortés, un cinqueño de la même provenance et de belle allure.  Il prend la cape en allant loin dans la passe mais avec une tête mobile conséquence de sa faiblesse.  Au cheval, il s’emploie sans velléité, en titubant au contact du peto ainsi qu’après l’épreuve.   Bonne prestation d’Antonio Molina aux banderilles.  Double brindis TV et au public.  Sans hésitation Cortés « cite » de loin et embarque la charge vive dans des derechazos enchainés avec aguante face au calamocheo, en trois séries valeureuses.  Lorsqu’il prend la gauche la charge se fait courte et le toro se défend encore plus de la tête.  De retour à droite le Pallarés n’est plus le même.  Le torero insiste sur les deux cornes pour la forme.  Entière en avant et de côté en perdant la muleta.  Palmas et salut.

Le deuxième adversaire de Javier Cortés est le réserve de José Luis Marca, jabonero, trapu et armé large et long.  Il attaque brusquement la cape en sautant.  Le toro sort de la première épreuve du fer en fuyant et subit la seconde.  Le matador entreprend la faena par ayudados de tanteo.  Les embestidas sont aussi violentes qu’au premier tiers.  La muleta est accrochée sur les deux cornes jusqu’à la voltereta brutale lors d’un passage à gauche.  Un arrimón droitier et un toreo de corne à corne terminent la faena.  Plusieurs pinchazos et une entière basse.  Sifflets au toro.  Palmas alors que Javier Cortés se dirige à l’infirmerie.  

Le troisième est un Rehuelga terciado que Javier Jiménez reçoit par delantales.   Mal piqué à la première rencontre, il pousse sans réserve à la seconde.  Quite de Vicente par véroniques et demie empreintes de classicisme.  Bonne prestation de José Chacón surtout avec sa seconde paire de banderilles.  Brindis au public.  Le toro galope tout en montrant des signes de faiblesse.  Javier Jiménez l’entreprend à droite avec des muletazos mous du fait de la condition de l’animal qui lorsqu’il est obligé par une main basse, trébuche.  À gauche le torero se replace entre les naturelles et tient la muleta à mi-hauteur.  Il tente de « citer » de face pour donner de l’intensité, mais c’est après, en laissant la muleta sous le museau et en « templant » à la mexicaine, qu’il obtient le meilleur passage à gauche.  Pinchazo profond défectueux et entière atravesada.  Silence.  

Le défit ganadero se termine avec un Pallarés massif que Javier Jiménez passe à la cape avec précaution sur jambe pliée.  Le vent, allié à la charge puissante du toro, font que ce dernier déborde le matador à l’heure de le mener au cheval.  Excellente prestation du picador Augustin Romero en trois rencontres où le bicho s’est également mis en valeur.  Jiménez entame la faena à droite.  La charge est exigeante et lourde.  Elle nécessite un toque précis et du « temple ».  Le matador cherche la bonne distance sur les deux cornes sans la trouver et sans que les signaux donnés par le toro ne l’éclairent.  Pinchazos avant une entière en bonne place. Silence.

René Philippe Arneodau.

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