Mexico 04 février 2017. Triomphe de Enrique Ponce – 2 oreilles – pour les adieux de El Zotoluco – une oreille.

Magnifique entrée (environ 20.000) et ambiance des grands jours pour la despedida de Eulalio López « El Zotoluco » aux cotés d’Enrique Ponce face à une corrida de Fernando de la Mora à la présentation inégale et à la bravoure limitée. Le public nombreux et chaleureux réserve deux ovations généreuses à chacun des maestros après le paseo puis durant toute la corrida. Ponce a connu des moments de grâce dont lui seul a le secret.

Le premier toro de la corrida est massif au point d’en souffrir dans ses attaques lancinantes. Les cornes sont courtes, ouvertes et tournées vers le haut. Zotoluco lui sert des véroniques sans brusqueries, avec lenteur et sans transmission. La mono-pique confirme le manque de vitalité du De La Mora. Brindis au public. La faena débute par des muletazos distribués un par un. La charge est longue , le toro calamochea comme il l’a fait à la cape. « Zotoluco » poursuit sur la main gauche avec quelques passes de olé mexicain. Lorsqu’il prend la droite la charge devient courte puis passe à immobile à gauche ce qui pousse le maestro à attaquer le toro pour forcer les muletazos en arrimón. Il arrache à cette occasion des passes enchainées sur la droite. Pinchazo avant entière caída. Silence.

Le premier de Enrique Ponce au trapío anodin est passé avec aisance à la cape pendant que les charges et la force vont a menos. Longue carioca dans laquelle le bicho garde la tête relevée. Quite par chicuelinas qui fait ressortir également l’obéissance du De La Mora. Brindis a « Zotoluco ». Extraordinaire entame de faena de Ponce au classicisme marqué et en toréant l’animal par le bas sans aucune concession ni avantage. Les derechazos sont dessinés avec la même intention et un total relâchement du corps, avec le seul bémol de ne pas laisser sortir le bicho de la muleta en certaines occasions. La faena va a menos à gauche mais la maestria de Ponce est évidente dans les recours techniques pour prolonger la charge comme par exemple avec des doubles ou triples toques. La perfection du temple de Ponce lui permet de poursuivre au goût du public face à une charge sans classe à mi hauteur. Poncinas et cambios de manos déclenchent une euphorie démesurée par rapport à l’importance du toro. Entrée à matar dans les canons les plus classiques résultant tendida. Deux oreilles. Arrastre lento au toro.

La sortie du second de « Zotoluco » fait illusion, avec un beau trapío, des charges appuyées et une touche de genio. Le toreo de cape s’en tient au strict nécessaire. Le toro charge fort au cheval et pousse tête baissée. « Zotoluco » demande le changement ce qui nous prive de vérifier la bravoure de l’opposant. Aux banderilles, il galope et conserve sa vivacité. Christian Sanchez salut . Brindis aux apoderados. Toreo par le bas pour entamer la faena sans relief et sans confirmer les espérances entrevues. C’est dans les derechazos que l’entrega des deux opposants se fait jour dans le style maison du maestro, c’est à dire musclé et engagé. La charge est vive avec un léger derrote en fin de muletazo à droite. À gauche le bicho est tardo, charge à contre temps et n' »humilie » pas complètement. « Zotoluco » finira cependant par s’imposer sur cette corne. Entière trasera et desprendida. Une oreille.

Le seconde moitié de la corrida débute avec un toro massif et cornicorto. Il doute et s’arrête dans la cape de Ponce. Quand il charge, il le fait cependant en ligne droite et en « humiliant ». Le bicho charge le cheval de réserve comme une fusée et le jette au sol. Il reprend ensuite une pique défectueuse en terrains traditionnels. Ponce brega pour prendre la mesure de l’adversaire. Brindis au public. Doblones pour débuter la faena en « toquant » vers l’extérieur et avec le pico dans les derechazos en redondo qui suivent. Malgré la distance de sécurité appliquée par Ponce, il oblige avec son esthétique magistrale sur les deux cornes. La faena a lieu vers les toriles et le toro donne des signes d’abandon. Ponce ne lâche rien et s’impose en tablas et en redondo sur les deux cornes sous dans délire exacerbé par les cambios de manos. Ponce est dans une confiance totale alors que le toro tente à sauter au callejón en fin de faena. Elle se termine par doblones por dentro. Plusieurs pinchazos ternissent le triomphe pourtant assuré. Avis et descabello sans avoir mis l’épée. Ovation triomphale et vuelta.

Le dernier toro de la carrière de « Zotoluco » se nomme « Toda una Historia« . Il est reçu par deux largas cambiadas de rodillas le long des planches puis des véroniques et chicuelinas entrecoupées de poses, le toro manquant de verve. Son trapío est quelconque. Chicuelinas en marchant pour mener le bicho au cheval où il s’endort sous la mono-pique. Brindis à son épouse et à son fils. À genoux le long des planches le maestro torée par le haut et termine debout par molinete avec la gauche. Derechazos au centre alors que la musique joue Las Golodrinas et que les tendidos s’éclairent des flash de mobiles. Les naturelles dans cette ambiance ont quelque chose de surréaliste et émouvant. Un moment de grâce. Le contenu technique de la faena n’a, à ce stade, plus vraiment d’importance et rien de pertinent. « Zotoluco » torée le manso près des planches. Demie épée en poussant sous les chants de Torero! Torero! Plusieurs descabellos font retomber l’ambiance. Une cérémonie au centre du ruedo est organisée pendant laquelle la coleta du Maestro est coupée. Dernière vuelta et ovation.

La corrida se termine avec la sortie d’un toro blanc qui a du mal à avancer dans les lances de Ponce. Sous la pique le bicho semble se réveiller. Il charge sans conviction dans le quite par delantales du maestro sortant des capotazos tête relevée. Brindis au public. L’attitude du maestro est supérieure à celle de l’opposant dans un début de trasteo cadencé par le haut, puis par le bas. Le toro ne transmet pas mais Enrique Ponce le met peu à peu dans la muleta jusqu’à arracher les olés des tendidos. La faena n’atteint pas des sommets et va a menos avec le vent et la soseria du toro. Jusqu’au bout Ponce insiste. Trois-quart de lame caìda et atravesada. Silence.

René-Philippe Arnéodau

 

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