Séville – 2 octobre 2021 – Beau succès de Diego Urdiales qui coupe deux oreilles – José María Manzanares ajoute une oreille à son palmares de la Maestranza.

A l’instar de Morante hier, Diego Urdiales a prodigué art et courage pour triompher et convaincre le public sévillan sans, toutefois, la créativité du premier.  Avec ce succès, c’est la tauromachie pure et orthodoxe qui sort gagnante, ainsi que celle du toreo de arte.  Quant au lot de Domingo Hernández ( Garcigrande le 2ème) il ne laissera aucune trace notable dans les annales.  Nombre de critiques mentionneront, comme ils l’ont fait précédemment, l’âge avancé des animaux, cinqueños, pour excuser les comportements.  Cet âge étant réglementaire, faut-il admettre cet argument pour couvrir la ganadería ?

Le premier DH est protesté dès son entrée en piste. Rablé, trapu, sans cou,  il doute avant d’être arrêté et fixé par Victor García « El Victor ».  Dans la cape de Diego Urdiales, il ne prodigue que des demi-charges hésitantes, à contre coeur.  Surprise! il pousse longuement sous une première pique bien portée, jusqu’à renverser le cheval.  La seconde pique débute par cabeceo puis se convertit en poussée entraînant une chute monumentale –batacazo. On le place une troisième fois au cheval qu’il prend par le poitrail en le renversant de nouveau.  Le DH charge les banderilleros avec verve. Brindis au banderillero Juan Carlos Tirado qui se retire aujourd’hui de la profession.  Les premières charges sont courtes que le tanteo du maestro cherche à allonger.  Le toro est fixe mais son rythme est particulier. Les derechezos tirent parti de la charge sans s’imposer.  Le vent n’aide pas.  Au bout de plusieurs tentatives, Urdiales distille deux série liées de bonne facture, avec toque sur l’œil contraire parfois, à juste titre, comme recours.  Probón, le toro complique la tentative de trasteo gaucher.  Final droitier volontaire mais en demi-teinte.  Entière habile delantera.  Division pour le toro.  Applaudissements et salut pour Diego Urdiales.

Le second adversaire de Diego Urdiales lui permet une entrée en matière « templée » et esthétique en véroniques et demie-véroniques.  Le DH s’emploie au cheval une première fois et fait un bref passage à la seconde pique.  Au second tiers, il exhibe sentido et genioBrindis au public.  Cette pointe de genio se confirme lors de l’entrée en matière lorsqu’ Urdiales toréé à droite.  Il faut être ferme et donner des toques précis, ce que fait le torero en deux séries droitière avec changement de main torero. L’intensité est palpable compte tenu de la charge vive de l’animal.  A gauche, les muletazos sont inégaux mais les bons, ils sont profonds et engagés.  Il en va de même lors de la suite à droite, irrégulière, mais en pleine connexion avec le public.  Pour finir, des naturelles pied joints, de face, avec remates  avec  » toreria », finissent de convaincre la Maestranza. Estoconazo et 2 oreilles demandées par le public. Applaudissements au toro.

Le second toro, seul de Garcigrande de la course, échoit à José María Manzanares.  Gêné par le vent le matador dessine des véroniques et revolera en profitant de la charge planante du toro.  Le bicho s’emploie sous le fer une première fois. Au second passage, il se défend de la tête. Quite d’Angel Jiménez par deux véroniques pieds joints et deux demies.  Brindis au public.  L’entrée en matière, sans porter sur la charge, est aisée et esthétique.  À droite Manzanares embarque main basse en séries courtes et position marginale.  Musique.  Toujours marginal, le torero dessine quelques naturelles de qualité irrégulière.  De nouveau à droite les enchaînements plaisent en abusant du placement moderne.  Estocade entière a recibir en gardant ses distances, laissant une épée desprendida. Oreille.

Le cinquième de DH tarde à accepter la confrontation.  Son galop est intense et J.M. Manzanares doit le fixer en querencia de toriles en dessinant des cercles sur les deux cornes avec demi-véronique.  Une carioca empêche de juger le bicho au cheval qui  s’emploie lors de la seconde rencontre.  Le DH marque sa querencia au second tiers mettant en difficulté la cuadrilla.  Daniel Duarte salue pour deux entrées aux banderilles exposées.  Manzanares attaque le trasteo au centre sur la corne droite.  Les charges sont inégales et le vent dérange.  Le matador arrive à enchaîner des séries courtes allant a menos.  Sur la corne gauche, le toro est moins vif et la série se termine en desarme.  Devenu tardo l’animal ne répond plus. J.M. Manzanares insiste sans résultat avant de porter deux pinchazos et demi-lame, avec précaution, le toro dans sa querencia.  Plusieurs descabellos. Applaudissements et salut.

Ángel Jiménez qui profitait du remplacement de Pablo Aguado, reçoit son premier DH par véroniques templées et demie sur jambe fléchie.  Le toro prend deux piques sans briller alors que le jeune torero de Ecija se met en valeur en le menant au cheval par chicuelinas marchées.  José Chacón salue pour une excellente prestation au second tiers. Brindis aux compagnons de cartel.  Le début de faena est splendide avec des muletazos profonds et longs sur jambe pliée.  Les premiers derechazos avec changement de main,  corps relâché, déclenchent la musique.  La série suivante est moins réussie. À gauche, le torero perd le tempo du toro dont la charge est maintenant molle et incomplète.  La faena va a menos y compris lors du retour à droite. Pinchazo sans intention, estocade entière desprendida et arrière.  Applaudissements au toro.  Applaudissements et salut du torero.

Le dernier DH ignore la cape d’Angel Jiménez.  Il est distrait et peu enclin au combat.  Sous le fer, le toro fait sonner l’étrier.  Il fuit la seconde mise en suerte puis est envoyé au cheval devant lequel il reste amorphe.  La lidia au second tiers est compliquée car le DH est incertain, tardo et fuyant.  Lorsque la faena doit débuter, le cornu cherche querencia. Le jeune torero le rejoint au centre où les hachazos font voler la muleta.  Le matador veut composer la figure alors que le toro n’y est disposé ni à droite, ni à gauche.  Lorsque Jimenez fait l’effort de baisser la main, à droite, les muletazos s’enchaînent brièvement.  La faena se termine dans un certain désordre face aux derrotes du tor.  Estocade entière habile.  Ovation.

RenéPhilippe Arnéodau

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