Séville 11 mai 2019 – Corrida de Fuente Ymbro propice au triomphe. Seul « El Fandi » coupe une oreille.

Après la commotion de la veille, l’affiche de ce samedi de farolillos avait attiré non seulement un public différent de celui d’hier mais aussi moins nombreux: deux tiers d’arène. Les toros de Ricardo Gallardo sont fidèles au rendez-vous de Séville et, cette fois, trois sur six avaient les qualités pour favoriser le succès des toreros qui les affrontaient. Antonio Ferrera fut le moins heureux au sorteo, Alberto López Simón touchait les deux meilleurs exemplaires de Fuente Ymbro et David Fandila «El Fandi» coupait l’oreille du cinquième alors qu’il avait eu quelques difficultés avec le second.  Le lot se composait de trois toros âgés de 4 ans (1er, 2ème et 6ème) et de 5 ans (3ème, 4ème et 5ème), de bonne présentation, dont les cornes étaient les plus agressives de la feria jusqu’à ce jour. En général, le tercio de piques fut plutôt mal «géré» par les picadors.

Antonio Ferrera montrait tout au long de ses deux prestations le métier et fond de torero vétéran et expérimenté qu’il est. Soucieux de varier son jeu à la cape, il recevait son premier par un lance original, sans doute rapporté de son récent passage au Mexique ou héritage de « El Pana », mais ce toro mansurrón ne lui laissait pas faire deux passes suivies, fuyant à chaque occasion. Le tercio de banderilles s’éternisait, le toro, rétif, ne pouvait pas être placé correctement. Fernando Sánchez se distinguait  selon son style habituel et José Manuel Montoliu échappait de justesse à la cogida étant poursuivi dangereusement jusqu’aux planches. Dès les passes de début de faena, Antonio Ferrera réussissait à garder le toro fuyard dans la muleta et sans discontinuité lui servir une série de naturelles, main basse, dans un minimum de terrain. La suite était une succession de passes des deux mains, de la main droite en guise de naturelle (sans l’ayuda), dessinées avec goût mais sans importance à cause du toro poussif, dans le tercio des tablas. Un pinchazo profond et un descabello suffisaient pour tomber ce toro ingrat. Au 4ème, tardo aux trois tercios, malgré les changements de terrains, Antonio Ferrera ne pouvait le sortir de la querencia et lui portait une estocade basse.

« El Fandi » semble vraiment à son aise à Séville. Au second fuente-ymbro, qu’il recevait par une larga cambiada à genoux, il se démenait à la cape et aux banderilles selon son style, plus appliqué ce jour. A la muleta, il entamait la faena à genoux pour des passes hautes. Le toro serrait de la corne droite et, par la suite, il avait des retours en fins de muletazos que le torero de Grenade résolvait avec opportunité et métier. Ce toro devenait avisé et il fallait abréger. Trois-quarts de lame placé avec habileté et efficacité. Au 5ème, «El Fandi» toréait comme personnellement je ne l’avais vu, c’est-à-dire relâché, vertical, maniant la muleta sans brusquerie, sans esbroufe.  Les séries étaient terminées à bon escient par des adornos variés. Le toro répondait superbement par une charge longue et constante. Un pase circular , une dernière série de trois-quarts, changement de main et passe de poitrine étaient le point d’orgue d’une faena reposée, au centre de la piste où elle avait commencé, le torero à genoux pour un cite lointain et une «noria», passes circulaires sans fin… Brillant à la cape et presque sobre aux banderilles, variant les terrains et les suertes « El Fandi » avait dédié ce bon toro au public, friand de son toreo, certes, mais récompensé à l’occasion par une prestation sérieuse et enjouée à la fois. Une demi-estocade roulait le fuente-ymbro sans puntilla ! Oreille.

                      

Alberto López Simón était victime de la sévérité du président de service qui lui refusait l’oreille d’un toro qu’il avait toréé dans une faena complète, accélérée sur la corne droite en des derechazos longs pour une charge «humiliée», vive et bien rythmée. Sur la gauche, le toro sortait de la muleta mais ALS le reprenait dans des naturelles courtes. Deux séries de la droite étaient entrecoupée de passes dans le dos ?? La fin de faena était heureusement plus «templée» en une série de la droite, changement de main et passe de poitrine. Les doblones finaux  et le remate en naturelle basse précédaient une estocade horizontale arrière. Le toro tardait à tomber et sonnait l’avis ce qui, peut-être, expliquait la décision du président qui recevait la bronca. Au dernier de la soirée, López Simón  rééditait à peu près le même schéma de sa faena précédente, sauf le début par statuaires qui laissaient deviner la qualité du toro. Répétitif dans ses charges, celui-ci permettait à Alberto de construire une faena faite de nombreuses passes, maître de son toreo. Mais à force de trop en faire, le toro brave et «encasté» finissait par accrocher à plusieurs reprises la muleta et dans les bernadinas finales il se faisait bousculer. Une nouvelle estocade tendida, trasera , l’avis qui sonnait, réduisaient à presque rien la performance? du torero madrilène (de Barajas).

Antonio Ferrera : saluts ; silence. David Fandila «El Fandi»: saluts; une oreille. Alberto López Simón : un avis et vuelta ; un avis et saluts. Aplaudissements à l’arrastre des toros 5ème et 6ème.

Georges Marcillac

Photos de Arjona pour aplausos.es

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