Séville 29 Avril 2023 - 13ème de Feria - Ginés Marín coupe deux oreilles d’une très décevante corrida de El Torero. Morante une oreille.

Grande ovation pour Morante de la Puebla lorsque termine le paseo en honneur de son triomphe récent.

Le lot de El Torero, imprésentable dans une arène de première catégorie, a manqué de fond et de caste.

Un premier toro de Passanha est réservé  pour le rejoneador Ribeiro Telles qui réalise une prestation conventionnelle sans relief en ouverture de corrida.

Morante de la Puebla est attendu comme le Messie. Son premier adversaire, très terciado,  est un manso qui refuse de charger les capes, ni celle de "Lili" envoyé au charbon, ni celle de Morante.  Dès qu’il sent le fer, il fuit avant de revenir et de pousser longuement à la seconde entrée.  Quite de Morante par véroniques lentes et "templées" inattendues. Le toro a changé mais n’"humilie" guère. Morante débute par ayudados por bajo en mode de doblones, avec trincherillas et passe de poitrine de velours qui laissent entrevoir faena. Les derechazos pieds joints passent les cornes au ras de la taleguilla. Les series droitières perdent en intensité car le bicho est soso.  Musique.  À gauche, le toro se fait prier ou trébuche. En insistant, Morante tire quelques naturelles.  Le matador est ferme à droite face à une charge faible et molle dont il se fait maître. Estocade entière quelque peu défectueuse portée avec précaution mais d’effet rapide, valant à Morante, sur pétition du public, de se voir accorder une oreille.

Le second de El Torero de Morante est accueilli par deux largas puis des véroniques extrêmement sérrées sans jamais rompre.  Le toro est mou au cheval puis distrait et coureur. La seconde pique, bien portée, est longue.  La distraction du toro crée des remous au second tiers.  Morante a du mal à le fixer et à le mettre dans la muleta car le bicho, dominé, se détourne du leurre.  Le matador entre en bagarre pour garder le toro dans la muleta, et ce, avec un certain succès.  Entre le vent et les attaques à contretemps du bicho, le danger est palpable, pas par tous. Avec fermeté, Morante insiste sur les deux corn,es le toro se faisant prier à gauche.  Epée défectueuse portée à bout de bras, avec précaution. Palmas.

Le premier de Cayetano mansea et fait attendre les hommes à pied.  Lorsqu’il charge, enfin, il est passé par son matador en véroniques, mains basses, rythmées et demie véronique sur la hanche. Le toro pousse sous une première pique en place.  Quite par véroniques pieds joints et larga, l’ensemble d’une douceur prometteuse pour la faena.  La seconde pique est bâclée.  Quite de Gines Marin par véroniques suaves et demie pieds joints.  Brindis au public.  Entame de faena par le haut, puis par le bas, à droite, tout en douceur jusqu’au remate.  Les derechazos premiers sont réalisés en ligne, puis la série évolue vers des courbes.  Le toro a bon son et le torero en profite.  Dans la série suivante le toro se désuni avec un "parón" en plain derechazo.  Le changement de corne s’impose, pour réaliser des naturelles, une par une, en deux séries froides.  La suite sur la corne droite est brusque et accrochée.  Entière très trasera et tendida portée dans un style non orthodoxe. Avis.  Descabello. Silence.

Le cinquième, un toro bas sur pattes, cornalón, charge la cape de Cayetano avec les pattes avant.  La laborieuse mise en suerte débouche sur une première pique longue, d’abord évitée par le toro puis poussée par à coups.  La seconde est subie, les deux fois sans classe tête relevée.  Les charges du morlaco sont brusques et le vent ne fait qu’aggraver la difficulté des hommes à pied.  Cayetano tarde à prendre la muleta au changement de tiers.  La tension est palpable, il est en alerte face au toro qui se retourne vite.  Le matador tente des derechazos sans pouvoir lier. Le toro est bronco.  À gauche, Cayetano tient bon face aux défauts du toro et tire des naturelles forcées mais avec classicisme.  Épée portée à bout de bras, caída et tendida. Descabello. Silence.

Ginés Marín s’exprime avec facilité en véroniques face à son premier adversaire, encore un exemplaire très terciado pour une arène de première catégorie.  Mal piqué, le torito  pousse avec vigueur sous le fer.  Quite par véroniques, pieds joints, et demi-véronique, suaves et "templées". Le bicho pousse de nouveau sous la seconde pique.  Antonio Manuel Punta salue au second tiers.  Brindis au public.  Le toro possède une belle course - tranco - et Marin s’emboite peu à peu à cette charge qui transmet.  Sur la corne droite, il lie des derechazos terminés derrière la hanche. Musique. Il poursuit toujours al hilo dans un trasteo de fuera para dentro depuis une position marginale, l’ensemble fortement apprécié du public!!  La même technique à gauche face à une charge devenue moins vive, porte tout autant sur les tendidos.  Le point haut est atteint dans un cambio de mano et naturelle longue en rond. Le surplus va a menos ainsi que le toro.  Entière tendida et desprendida.  Applaudissements au toro et deux oreilles après forte pétition.

Le dernier toro exhibe lui aussi peu de trapío.  Ginés Marín le reçoit en véroniques pieds joints, puis compas ouvert, terminées par larga après changement de main.  L’animal est peu piqué par le picador Guillermo Marín, père du matadorQuite tout en douceur par véroniques et demie de Marín.  Le toro a montré des signes de fragilité durant le premier tiers.  Manuel Larios est invité à saluer pour sa prestation aux banderilles.  Ginés Marín débute sa faena au centre sur la corne droite se faisant accrocher la muleta, le bicho fléchissant dans certains muletazos.  À gauche, il arrive à toréer avec douceur dans des naturelles isolées. Un autre passage à gauche est laborieux, le toro avançant avec difficulté, semble t-il à cause d’une blessure à une patte.  Dans un nouveau passage à droite, le torero subit un desarme puis il insiste à nouveau avec pour résultat la reconnaissance du public dans un exercice d’arrimón. C’est alors que le toro s’allonge seul au sol probablement victime de sa blessure.  Pinchazo et entière lorsque sonne l’avis. Silence.

René Arneodau

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