Pourquoi certains toreros impactent-ils le public alors que d’autres le ravissent? Imaginons deux Toreros parmi les meilleurs, deux Figuras.
Supposons que le premier souhaite privilégier, l’arabesque, la fluidité, l’esthétique et la continuité tout en privilégiant l’intégrité corporelle. Pour y arriver, il pourrait se munir d’une muleta plus grande que la moyenne pour pourvoir citer plus loin de son corps, en donnant des toques vers l’extérieur, assurant ainsi les meilleures conditions pour préserver l’esthétique, réduire l’exposition aux risques, le tout sans avoir à se contorsionner ou à courber son corps exagérément. Il entrerait progressivement dans sa faena par des essais à petits pas, quelle que soit la difficulté du toro. Cette tactique aurait l’avantage de donner la sensation d’une faena qui va en se construisant, une faena réfléchie. De plus la faena serait plus longue et le public aurait l’impression d’en avoir plus pour son argent. Aussi, le Torero ayant évité d’obliger le Toro, en maintenant, la plupart du temps, la muleta a mi hauteur et en la maniant avec amplitude, pourrait terminer ses tandas et sa faena par des adornos personnels au moment ou le toro est le moins susceptible de le mettre en difficulté. Cette stratégie ne serait pas facile à mettre en œuvre et serait l’apanage d’un Torero aux capacités exceptionnelles. Imaginez-vous! Il devrait avoir la régularité d’un métronome et une persévérance hors norme pour arriver à continuellement maitriser ses gestes ainsi. Pas facile à faire, sinon tous les toreros le feraient. Pour le torero qui réussirait un tel exploit ce serait l’assurance de ravir le public plus sensible à l’esthétisme, de réduire le risque de blessures, de durer dans le temps.
Imaginons maintenant un Torero qui privilégierait l’intensité, l’audace, et une confiance absolue dans les techniques classiques du toreo. Pour assurer l’impact de son Art sur le public il privilégierait le rapprochement entre son corps et celui de l’animal, le tout dans une recherche d’une gestuelle simple, dominatrice et risquée. La meilleure preuve de sa confiance absolue dans sa technique serait de l’exécuter sans marge de manœuvre. Pas de chorégraphie, car il faut s’adapter à chaque toro, juste l’art de toréer dans sa plus grande simplicité. Il se munirait d’une muleta de taille normale et la manierait pour citer les Toros en avant de son corps, imprimerait une trajectoire dont l’embroque se produirait dans un axe parallèle ou rentrant, passant au plus près du corps, puis renvoyée vers l’intérieur. Risque maximum, avec une faena plutôt courte et la nécessité de préserver la mobilité du toro en soignant la lidia . Dans cette conception il n’y a pas de petits pas pour développer une période d’essai. La faena démarre tout de suite et donne l’impression qu’elle est du type ça passe ou ça casse. La marge de sécurité est réduite au minimum. Le risque de se faire accrocher, de se faire mettre en difficulté est élevé. Sincérité et risque sont, dans cette hypothèse, indissociables pour un triomphe de haut niveau. L’Adorno est ici dans chaque refus de rompre, dans chaque desplante improvisé. Comme pour la première description , on peut arguer que seul un Torero aux capacités exceptionnelles peut toréer ainsi. Il devrait accepter de payer de son sang, avec la contre partie de pouvoir impacter le public par une mise en danger palpable.
En guise de conclusion mentionnons que celui qui arriverait à combiner cette mise en danger maximale en appliquant les préceptes du toreo classique tout en exprimant une gestuelle d’un grand esthétisme pourrait être considéré comme un génie. Mais serait-il en mesure de répéter jour après jour comme le ferait le Torero de la première description. C’est fort improbable. Il serait très certainement beaucoup plus irrégulier.
Mon ami Michel, à qui je viens de faire lire ces quelques lignes, me dit que mes descriptions s’appliquent à Ponce, Jose Tomas et Morante. Il est perspicace ce Michel. Mais c’est lui qui a deviné.
On torée comme on est. On négocie les contrats comme on torée.
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