Barcelone récidive: la photographie qui dérange.

Cette année, la nouvelle municipalité par l’intermédiaire de l’Institut Municipal del Paisatge Urbà y Qualitat de vida et son gérant Xavier Olivella a adressé une lettre à l’entreprise Blowup Media España SA dans laquelle elle précise qu’elle « n’approuve pas la créativité présentée » (sic) de la bâche publicitaire qui recouvrait un immeuble en construction représentant le torero «Morante de la Puebla» dans une attitude « dalinesque » qui seulement annonçait « JE SUIS PUR ART ». Il est de plus rappelé dans la missive que depuis 2004 la dite municipalité avait approuvé une résolution désapprouvant les courses de toros et se définissant « favorable aux droits des animaux »

imageIl y a exactement deux ans, une polémique s’était installée en Espagne et principalement à Barcelone à la suite de la décision, interprétée comme un veto, de la municipalité catalane qui avait refusé d’exposer l’oeuvre d’un photographe espagnol sur les banderoles de promotion d’une exposition photographique du Centre de la Culture Contemporaine de Barcelone. La photographie de Daniel Ochoa de Olza, lauréat du second prix du World Press Photo, représentait l’image en gros plan de Juan José Padilla ajustant sa montera avant le paseo d’Olivenza. Cette photo était forte de sens car el exprimait tout le calvaire subi par le torero après sa grave blessure de Saragosse et sa détermination de revenir à l’arène, malgré les séquelles apparentes sur son visage, le regard fixe, le rictus de sa bouche déformée et le bandeau sur l’œil gauche.

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Il doit être rappelé que les droits des animaux, si vraiment ils existaient, si ce n’est dans l’esprit anthropomorphique des « animalistes », devraient être opposés aux devoirs dont les animaux ne sont génétiquement évidemment pas redevables. Cette manifestation est une nouvelle entrave à la création artistique aussi bien celle de Morante qui revendique son art que celle de l’agence que n’aurait sans doute pas renié le catalan Dali et se serait même prêté à une telle mise en scène.
Evidemment on ne manquera pas de donner à cette décision de Barcelone de ne pas trop exposer une image de torero sur une avenue de la capitale catalane une connotation anti-taurine dans la ligne de l’abolition des corridas en Catalogne. Cette idée est largement répandue dans la presse taurine et généraliste espagnole confirmant ainsi la volonté de l’establishment catalan(iste) d’effacer toute trace, symbole ou représentation de la tauromachie en Catalogne. Dans l’attente d’une décision du Conseil Constitutionnel espagnol sur la légitimité de l’abolition des corridas avec mises à mort en Catalogne, il est sûr que les attaques ou simplement les manifestations contraires à toute représentation de la chose taurine comme celle de la photo, ni agressive, ni propagandiste, ne feront que renforcer cette animadversion feinte ou réelle de la société catalane et repoussera aux calendes grecques la possibilité d’entendre dans la Monumental résonner au son des clarines annonçant le paseillo.
Georges Marcillac

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