Bilbao 26 août 2017 – Andrés Roca Rey in extremis... Désastreuse corrida de El Puerto de San Lorenzo.

Après le paseillo de cette avant-dernière corrida de la Aste Nagusia de Bilbao, était observé une minute de silence en mémoire du torero d’Albacete Dámaso González, décédé ce matin à l’âge de 68 ans des suites d’une grave maladie. Les aficionados plus anciens se souvenaient de ce torero des années 70-80, de son allure et surtout du temple qu’il imprimait à ses faenas de muleta souvent à des toros de grande taille et d’encastes réputés durs. R.E.P Maestro.

C’est seulement au sixième toro que le public de Vista Alegre pouvait célébrer le succès très relatif du jeune Péruvien Andrés Roca Rey qui coupait une oreille à un toro qui ne pouvait, même pas, donner un espoir de sauvetage à cette ganadería décrépite. Les cinq autres exemplaires de cet élevage, assidu de la Semana Grande de Bilbao et des autres grandes ferias espagnoles, se sont traînés sans caste ni force devant les muletas des toreros qui formaient un cartel attractif : Enrique Ponce, auréolé de sa prestation de la veille et de sa suprématie taurine actuelle, Diego Urdiales qui ne rate aucune occasion de triompher à Bilbao et Andrés Roca Rey, jeune figura qui avait coupé deux oreilles mardi dernier. Les toros de El Puerto de San Lorenzo, de présentions inégales malgré les poids affichés - de 540 à 603 kg – et d’armures sérieuses sans plus, ne permettaient aucun toreo brillant si ce n’est l'obligation de conduire des charges insipides, incomplètes et de maintenir parfois les animaux sur leurs pattes et leur donner des passes supposées artistiques.

Enrique Ponce, patient, technique, administrait sa première faena sans trop «obliger» son toro noble, sans transmission, qui ne se livrait pas et suivait la muleta du maître. A la fin, sans aucune charge, il recevait un pinchazo suivi d’une grande estocade. Le quatrième, chargeait très fort à la pique et le picador, lui, ne s’appuyait pas sur la pique de peur d’augmenter la faiblesse latente de ce toro qui avait fléchi juste auparavant. La muleta aimantée d’Enrique Ponce limitait les dégâts et le public bon enfant applaudissait même après la chute presque définitive du toro moribond.  L’estocade desprendida en finissait avec ce triste spectacle et Enrique Ponce répondait cérémonieusement à des applaudissements injustifiés. Pathétique !

Diego Urdiales à son premier, réalisait une faena bien pensée, composée de passes isolées, «consentant» les charges débiles du toro qui n’avait pas la force de répéter les passes, se comportant un peu mieux sur la corne gauche… Une série droitière de rythme lent, un changement de main et ce fut tout avant une bonne estocade qui valait une oreille. Heureusement que ce toro avait été bien piqué, avec mesure et précision, par Manuel Burgos. Le 5ème se révélait un manso, de charges erratiques et brusques, lâchant des derrotes incessants, à la cape comme à la muleta. Il ne méritait que des passes de châtiment, de pitón àa pitón. De plus, il semblait s’être blessé aux antérieurs ce qui compliquait encore plus la maîtrise de ses charges incertaines. La mise à mort fut laborieuse.

                          

Andrés Roca Rey voyait tous ses espoirs de triomphe s’évanouir car le 3ème, le toro de meilleures hechuras, hondo, mais peu attentif, même fuyard, à la cape montrait des signes avant-coureurs de boiterie qui se confirmait - patte avant droite - et qui obligeait ARR à liquider l’animal. La seule vertu du 6ème, le plus léger du lot, était sa mobilité. Après l’avoir fixé à la cape au centre du ruedo par une série de véroniques, le jeune Péruvien l’amenait au cheval pour un picotazo (la pique brisée) et une pique courte – applaudissements au picador !! -  la faena pouvait débuter, sans grands moments, si ce n’étaient la fermeté et le bon maniement de la muleta du toreero qui permettaient au toro de répéter ses charges. Sur la corne droite, la bonne, les séries se succédaient meilleures les dernières avant qu’Andrés Roca Rey ne décidât de se livrer au jeu des dosantinas, sans intérêt car les charges n’étaient pas assez constantes pour donner à cette suerte la fluidité requise, des passes dans le dos, le vrai «pendule» pour émouvoir la galerie - sans doute en hommage à Dámaso González, un des derniers interprètes de cette suerte -  et une grande estocade, la muleta bien basse et le corps "derrière" l’épée, valaient une oreille avec pétition exagérée de la deuxième.

Enrique Ponce : ovation ; applaudissements reconnaissants. Diego Urdiales : une oreille ; silence. Andrés Roca Rey : silence ; une oreille.

Georges Marcillac

Photos: J. Arjona -Aplausos

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