Madrid 08 mai 2022 – 1ère de Feria de San Isidro – Álvaro Lorenzo coupe une oreille et Daniel Luque aurait pu/dû en couper une autre… Corrida variée de Montalvo.

Pour cette première corrida, la bonne entrée – 15.348 spectateurs – témoignait de l’envie de revenir à Las Ventas en laissant derrière soi, les problèmes liés à la pandémie et de reprendre les habitudes et presque la routine qu’est désormais le cycle de la San Isidro et ses 29 corridas.. Pour l’ouverture, étaient annoncés des toros de la ganadería de Montalvo pour trois matadors dont l’un, Daniel Luque est désormais une des valeurs sures de l’escalafón,  Alberto López Simón dont l’étoile pâlit et Álvaro Lorenzo dont la carrière n’est pas encore bien définie…

Les toros de Montalvo, de présentations et comportements variés, donnaient à chacun des matadors l’occasion de montrer ses capacités sinon artistiques au moins celles de lidiadores en fonction des difficultés que présentèrent principalement les toros sortis en  3ème et 4ème positions. L’un développant un combat âpre, de genio même, l’autre exhibant une mansedumbre, cherchant la sortie à tout instant et velléité de saut de barrière. Le 2ème était protesté par ses fléchissements répétés des antérieurs mais López Simón faisait disparaître cet inconvénient. Les 5ème et 6ème se prêtaient mieux à des faenas classiques dont celle d’Álvaro Lorenzo qui lui valait l’octroi d’une oreille. On notait, l’efficacité et la bonne exécution des matadors avec l’épée.

Daniel Luque avait l’honneur et la gageure de lever le rideau de l’amphithéâtre de la calle Alcalá avec un toro de bon trapío, bien armé auquel il servait des véroniques et chicuelinas jusqu’au centre de la piste. La première pique était prise al relance par un toro qui s’élançait de loin et sous le choc et la poussée provoquait une chute monumentale, le picador projeté contre la barrière. Une bonne deuxième pique, « citée » aussi de loin, montrait une qualité de déplacement dont profitait Alberto López Simón dans un quite par caleserinas, la cape placée dans le dos à toro lancé, suivies de salterillas et revolera, moyennement fêtées par le public blasé ou ignorant. Le toro conservait un bon tranco durant le tiers de banderilles, vivacité qui rapidement disparaissait dans la muleta portée à mi-hauteur pour éviter la chute du toro dès le début de faena. Curieusement ce toro s’arrêtait et il ne se passait plus rien. Une estocade entière, arrière et tendida en finissait avec ce toro rapidement éteint. C’est au 4ème que Daniel Luque confirmait sa grande forme surtout pour résoudre un problème qui paraissait insoluble car ce toro, abanto et fuyard, inspectait le ruedo dans tous les sens, longeant la barrière ou se dirigeant systématiquement vers elle, y compris vers le cheval, dans une réaction de manso. La deuxième pique était de courte durée et fuite du toro. Le deuxième tercio confirmait cette mansedumbre. Daniel Luque entraînait le toro au centre la piste et dans des passes en rond,  par des doblones ensuite, le maintenait ainsi dans la muleta. Sur la droite, le toro s’arrêtait mais les séries de la gauche allaient a más pour une dernière complète avec molinete et passe de poitrine. Il se permettait même ses habituelles luquecinas, hélas avec un desarme, données à un toro qu’il avait su dominer. L’estocade entière, desprendida tardait à faire son effet, le toro luttant avant de s’écrouler. Sonnait un avis. La pétition d’oreille n’était pas écoutée par le président qui recevait une bronca. Vuelta du torero.

Alberto López Simón toréait le seul cuatreño du lot qui montrait des défauts de fixité et aussi de faiblesse. Aux piques, ce toro s’élançait de loin pour des puyas en arrière, sortant seul. La faiblesse des pattes avant déclenchaient les protestations du public. De même lors des premiers muletazos de la faena de muleta. ALS corrigeait en toréant à mi-hauteur et le toro durait ainsi pour accepter des séries des deux mains, plus serrées les dernières naturelles, certaines de face, pieds joints. La faena se prolongeait par quelques bernadinas suivies, à l’épée par un pinchazo et une estocade entière trasera. Il faut dire qu’ALS n’avait vraiment pas éveillé l’attention du public malgré sa volonté de bien faire. Au 5ème, il ne se passait rien avant la première pique prise à improviste, mieux poussée, tète fixe dans le caparaçon. La faena débutait par un pendulo en deux passages et passe de poitrine. Les « cites » de loin profitaient de l’inertie de la charge, certes, maie ensuite, le toro s’ « ouvrait » pour que les passes fussent longues et liées. Cette bonne condition de l’animal permettait à ALS de dessiner de bonnes passes de la droite, « templées » certaines, et de moins bonnes de la gauche, avec des retours du toro protestataire. Ce dernier perdait sa vivacité initiale, surtout dans une dernière série superflue. Une estocade légèrement tombée en terminait avec ce toro lorsque sonnait un avis.

Álvaro Lorenzo se montrait appliqué, sobre tout au long de ses deux prestations. Le 3ème de Montalvo jetait les pattes avant dans la cape maniée dans un bon style, surtout sur la corne droite, par des véroniques en gagnant du terrain jusqu’au-delà des lignes. Au cheval, ce toro choquait brutalement, tête au-dessus de l’étrier du picador qui encaissait les coups en deux rencontres, brève la seconde. Le toro sortait à la limite de l’équilibre mais se reprenait au tercio de banderillas où brillait Andrés Revuelta qui dever saluer. La faena se caractérisait par des charges du toro dans la muleta, correctes an début de la passe mais terminées la tête relevée et par des retours brusques. Ce toro exhibait un genio que le torero de Tolède tentait de canaliser. Il devait se replacer pour enchaîner la passe suivante. Estocade desprendida. Le dernier, un toro de 611 kg. de bonnes hechuras, mettait bien la tête dans les véroniques d’Álvaro Lorenzo. La  tête haute dans le peto à la première rencontre, la seconde était moins appuyée. Tel était le comportement au cheval de ce toro pour le deuxième tiers, maintenant arrêté, dédaignant les « cites » avant de s’élancer au dernier moment, incertain et semant la panique des banderilleros pourtant aguerris à cet exercice (Curro Javier par ex.) La faena, entamée par des doblones était suivie, sur la gauche, par des charges que le toro « protestait » qu’Álvaro Lorenzo dirigeait avec fermeté. En fin d’une série, à l’amorce d’une passe de poitrine sur la corne droite, survenait la voltereta et une mauvaise chute dont le torero se relevait étourdi. À la reprise du combat, par naturelles et pase del desprecio,  la faena prenait une bonne tournure, des passes liées. Des naturelles de face et de nouveau la passe du « dédain » , le toro maîtrisé du moins sur la gauche. Une ultime série, de la droite, montrait à la fois la résolution du torero et sa lucidité pour tenter et réussir des derechazos, un changement de main et passe de poitrine qui couronnaient ainsi une faena, sérieuse et ordonnée. L’estocade entière, contraire fut le modèle  de la détermination d’Álvaro Lorenzo de terminer en beauté sa prestation.  L’oreille demandée était accordée avec division d’opinions en comparaison avec celle refusée à Daniel Luque.

                         

Daniel Luque : silence ; un avis et tour de piste. Alberto López Simón : saluts ; un avis et applaudissements. Álvaro Lorenzo : silence ; une oreille. Au terme de sa vuelta al ruedo le Toledan passait à l’infirmerie où était diagnostiquée une cornada de 15 cm dans tiers postérieur arrière de la cuisse gauche traitée sur place par le chirurgien. Passage à la Clinica de la Fraternidad. Pronostic réservé.

Georges Marcillac

Photos de Plaza 1

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