Madrid 10 mai 2023 – 1ère de Feria – Digne alternative d’Álvaro Alarcón et décevante corrida de La Quinta.

Le lot de La Quinta, inégal de présentation, n’a pas donné le jeu escompté qui aurait permis aux toreros de s’exprimer avec plus de réussite.  Il est vrai que le léger vent ne facilitait pas leur travail.  Dans ces conditions on peut noter que le nouveau promu a fait un effort notable à son toro d’alternative et que le Maestro El Juli a adapté sa technique aux lieux.  Madrid est la seule arène où El Juli fait cet effort de ne pas tomber dans les excès des techniques de recours.

Le toro d’alternative a belle allure.  Il est brusque et très incertain dans la cape du toujours novillero Álvaro Alarcón qui doit, en plus, gérer sa faiblesse.  Le toro s’emploie au cheval et charge de loin  pour la seconde rencontre. Mal piqué, il en sort fébrile.  Álvaro Alarcón reçoit l’alternative des mains de « El Juli » en présence d’Andrés Roca Rey, face à « Cocherito » cárdeno claro, de la ganadería de La Quinta, né en 10/17 portant le n° 27 et pesant 545 kg.  Brindis au public.  Le début de faena est ferme et décidé enroulant le toro dans une série en redondo à droite sans laisser sortir le toro de la muleta.  Dans la série suivante le torero minimise les gestes mais, en contre partie, le bicho a une charge courte.  À gauche, il accompagne avec beaucoup de temple une charge douce par le bas, construite passe par passe,  avec une seconde série allant a menos et une troisième monotone.  Le toricantano poursuit à droite sans l’épée dans un passage superflu.  Une lame totalement horizontale et les capotazos de la cuadrilla suffisent pour mettre à terre le morlaco. Palmas et salut.

Julián López « El Juli » reçoit son premier par véroniques en recorte, selon une technique comme dont il a le secret,  avec plus d’aisance à gauche même si la cape y est accrochée.  Le toro pousse en carioca lors de la première pique.  La tentative de quite de El Juli est interrompue pour amener le bicho au cheval.  Le toro gratte le sol et évite la confrontation. La seconde pique est prise al relance. Après la cérémonie de restitution des trastos, El Juli débute par une tanda en gagnant du terrain sur les deux cornes.  La première série droitière est entrecoupée par le fléchissement du toro.  À gauche, la série est classique, croisé tirant le toro le plus loin possible.  Il répète l’exercice à droite avec efficacité. De nouveau à gauche, toujours en placement orthodoxe, El Juli reçoit avec fermeté  et aguante les hésitations du toro.  C’est du El Juli vertical qui applique un toreo pur dans une autre série droitière avant de revenir à une expression plus habituelle pour lui qui, il faut le dire, lui permet de connecter avec les tendidos dans un final ovationné. Le julipie inévitable laisse en place une demi-lame traseraDescabello. Palmas et salut.

El Juli ne s’accouple pas avec la charge de son second opposant qui le désarme.  Le toro combat avec verve mais sans classe au cheval sous une pique mediocre.  La seconde tout aussi médiocre est prise avec moins d’énergie par le la-quinta.  Le matador débute par doblones de tanteo. Au centre, il réalise des va et vient à droite pour accompagner la charge longue et distraite du toro.  El Juli tient le bicho dans la muleta à droite à base de toques forts et fermes.  Les naturelles à arc large sont dessinées une par une.  Le bicho accepte de passer à droite mais sort distrait des derechazos. El Juli n’insiste pas.  Entière maison, trasera et desprendida.  Silence.

Andrés Roca Rey conduit avec la cape et avec aisance son premier adversaire jusqu’au centre où il termine par demi-véronique.  L’animal est mobile mais avec une tendance à sautiller.  Il combat d’abord par à-coups contre le peto, puis revient de loin au cheval dans un exercice manqué par le varilarguero.   Le matador va rapidement au centre où il enchaîne une série droitière, courte et marginale dans le placement.  Il poursuit selon le même registre, toréant en ligne et en imprimant de légères courbes aux trajectoires.  Ces séries enchaînées ne font pas l’unanimité.  À gauche, il exécute une série en ligne et al hilo qui, une fois encore, crée la division sur les gradins.  Le matador persiste et signe, ne changeant rien à son registre, ni à gauche ni à droite, alors que le désordre s’installe sur les gradins.  Le final de faena est terne.  Pinchazo et entière caída.  Silence.

Le second adversaire de Roca Rey est le moins rematado du lot et lavado de cara.  On le proteste pendant que le matador évite qu’il ne trébuche dans les lances.  Le bicho pousse a menos  sous la première pique.  Il en sort affecté avant une seconde ration volontairement accentuée.  Personne n’est à l’aise au second tiers.  ARR entame sa faena par tanteo vers le centre.  Entre position al hilo ou fuera de cacho le matador lie à droite avec facilité.  Dans les séries suivantes droitières, il cite de loin pour profiter de l’inertie de la charge, mais subit quelques écarts du toro qui l’incitent à maintenir la prudence.  À gauche ARR navigue entre croisement et el hilo pour dessiner quelques naturelles aux trajectoires longues.  La suite à gauche est brouillonne, réalisée avec plus de volonté que de réussite.  Les derniers derechazos profitent du passage du de La Quinta.  Pinchazo et entière delantera et  caída. Silence.

Le nouveau promu Álvaro Alarcón dessine des véroniques appliquées et suaves pour recevoir son second adversaire.  Le toro pousse sous la première pique.  Il s’interrompt lors de la seconde.  José Chacón et Vicente Herrera saluent, Chacón après une seconde paire de poder a poder avec la corne droite contre la chaquetillaBrindis personnel. Les doblones et le cambio de mano appliqués donnent le ton.  À gauche, Álvaro gère le vent qui vient de s’accentuer.  Malgré un placement orthodoxe la série à rallonge est décousue, à la recherche d’une harmonie qui n’apparaît pas.  Il ne réalise rien de mieux à droite malgré ses efforts.  Retour à gauche pour des naturelles isolées à la fin desquelles le public s’impatiente lorsque le torero insiste inutilement.  Entière caída.  Avis.  Deux descabellos. Silence.

René Arneodau

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