Madrid 12 mai 2023 – 3ème de Feria – Daniel Luque dans sa meilleure version malgré des conditions atmosphériques défavorables.

En effet, après la belle douceur printanière de ce début mai à Madrid, ce vendredi voyait un changement brutal de la tempéraure assorti d’un vent fort et glacial en fin d’après midi. On le sait, les sautes d’humeur d’Éole sont le principal ennemi des toreros. Ceux-ci doivent maìtriser les vols de capote et de muleta que les toros sont prêts à suivre sans la volonté des matadors et subalternes. La corrida de ce jour annonçait des toros de Juan Pedro Domecq pour Daniel Luque que l’on attendait, pour se mesurer à deux jeunes toreros en progression et évolution: Ángel Téllez, triomphateur de la San Isidro de l’an passé et Francisco de Manuel, lauréat de la Copa Chenel 2022.

L’apparition des jp-domecq au cartel de la San Isidro avait créé des commentaires et même des critiques car ce fer n’est pas toujours du goût des aficionados et n’avait pas, ces derniers temps, fait reluire la “marque”. D’ailleurs, ils avaient été absents de la dernière Feria de Séville. Tous cinqueños et de bonne présentation, de poids et armures, de meilleures hechuras le 1er et imposant le 6ème de 598 kg et des cornes! Leur comportement variait tout au long de leur présence en piste sans donner les signes alarmants de leurs dernières prestations. Daniel Luque exposait ses intentions au 1er auquel Ángel Téllez amorçait un quite par gaoneras et la voltereta qui suivait faisait craindre le pire car il restait inerte au sol. Il était emporté à l’infirmerie. L’ordre de la lidia était modifié mais le Tolédan réapparaissait pour ses deux toros en quartrième et dernière position. Francisco de Manuel laissait une bonne impresión de volonté et savoir-faire. Tout ce qui sera décrit ici devra être compris avec la présence d’un vent violent qui représentait un danger constant pour toutes les interventions des toreros en piste.

Daniel Luque ne pouvait arrêter son premier juan-pedro, distrait, qui allait presque al relance au cheval pour un picotazo. Le quite par cordobinas créait la surprise par le style et l’aplomb de leur exécution car le vent ne laissait pas imaginer une telle série au centre de la piste. La deuxième pique ne représentait pas un très fort châtiment. C’est à ce moment-là que survenait la cogida  d’Ángel Téllez dans son quite, à la deuxième gaonera. Frayeur! Juan Contreras plantait deux bonnes paires de banderilles et brindis de Daniel Luque au public après un quite par chicuelinas. Les parones, du début de faena par passes hautes, les pieds rivés au sol, suivis de remates par le bas et la passe de poitrine, donnaient le ton d’un trasteo qui se poursuivait face aux tendidos de soleil où, théoriquement, le vent avait moins de prise. Le torero de Gerena laissait entrevoir, aux séries suivantes, un naturel dans le geste et une assurance difficiles de concevoir dans de telles circonstances adverses: des passes de la droite en redondo, courtes car le toro ne permettait pas plus; celles de la gauche, plus rapprochées, en arrimón dans un mínimum de terrain. Les manoletinas pour finir, de profil (comme “Mondeño” jadis) avec des remates des deux mains, par le bas et “templés” précédaient une estocade entière lorsque sonnait un avis. La demande d’oreille était insuffisante bien que reconnaissante du talent de Daniel Luque. Le 3ème, – ordre de lidia changé en l’absence supposée momentanée d’ Ángel Téllez – était reçu par des véroniques et placé à distance du cheval pour une bonne charge, violente, et le picador manquait sa cible! Le châtiment était limité. Cela avait pour effet de calmer néamoins le toro entrepris en début de faena par des naturelles. Dans son passage, le toro laissait parfois traîner sa corne mais la muleta baissée éliminait ce posible inconvénient. De charge réduite, sans “humilier”, ce toro donnait des deux cornes – cabeceo – dans son passage sur la droite.  La dernière série droitière, des passes une à une, ne donnaient plus rien à un toro éteint. L’estocade, un peu en arrière, croisée, suffisait.

Ángel Téllez réapparaissait à sa sortie de l’infirmerie pour affronter le 4ème qui passait de violent à sa sortie à des charges sans transmisión sur la fin. Ángel, d’abord par un tanteo de passes droitières, ensuite de la gauche, sans participation du toro, réussissait une série de naturelles, bien dessinées malgré le vent. Recherchant la pureté dans le style, “citant” de trois-quarts, il n’obtenait rien de bien marquant du toro sans transmisión. La faena se prolongeait, sonnait un avis.  Une estocade, desprendida, atravesada, avait été précédée d’un pinchazo. Le 6ème, grand, volumineux, long mais bien proportionné donnait quelque espoir pour ses premières charges, mais il variait sa course aussi bien devant le  picador, en allant au contact au pas, se déplaçant bien au deuxième tiers pour finir à la faena, descompuesto, tantôt “humiliant”, tantôt gardant la tête à mi-hauteur. “Citant” de loin, des passes courtes – des naturelles – dans le froid et 14ºC – et sans réaction du public qui attendait, pas toujours stoiquement, la fin de la faena. Il valait mieux en finir. Un pinchazo et une estocade entière.

                      

Francisco de Manuel est un torero en pleine progression par sa présence mais aussi avec une volonté certaine, une entrega, qui laissent augurer un futur prometteur en se frottant aux figuras. Il est accompagné d’une bonne cuadrilla à pied. Il osait recevoir son premier par des véroniques au centre du ruedo sans se soucier du vent… Il débutait sa faena à genoux, pour des passes hasardeuses dans cette position et… toujours présence du vent. Le toro “humiliait”, possédait une bonne charge mais ne transmettait rien. Francisco, dans un bon jeu de poignet, dessinait des naturelles à un toro qui répétait dans la muleta. Là aussi, la faena trop longue, recevait deux avis entre les pinchazos et une estocade desprendida. Le 5ème, un toro cornivuelto, était l’acteur d’un tercio de varas spectaculaire, le cheval secoué, le picador piquant comme il pouvait, mal, mais presque excusable… À la muleta, ce toro avait un comportement erratique, de charge meilleure à droite, mais l’effort du matador n’était pas récompensé. Deux pinchazos et finalement une estocade bien placée étaient ponctués par un avis…

Daniel Luque: pétition d’oreille, un avis, saluts; applaudissements. Ángel Téllez: un avis et silence; silence. Francisco de Manuel: deux avis et silence; silence. De la cuadrilla de Á. Téllez, saluaient aux banderilles Juan Navazo et J. A. Ventana “Toñete” au 6ème. Spectaculaire Iván García de même que Juan Contreras aux ordres de Daniel Luque ainsi que Juan Carlos Rey avec Francisco de Manuel au deuxième tercio.   Temps frois et venteux. 20.037 spectateurs.

Georges Marcillac

Photos Plaza 1

 

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