Madrid 23 mai 2018 - 16ème de Feria – Triomphe indiscutable de Andrés Roca Rey.

Le jeune Péruvien donnait une leçon de savoir-faire et de vaillance en fin d’une corrida pluvieuse et de notable distraction, la pluie tombant drue sur Las Ventas pendant la lidia des 3ème et 4èmetoros. La débandade était générale mais, fidèle, le public repeuplait les gradins au 5ème. Jusqu’alors et par la suite, les toros de Victoriano del Río n’apportaient rien à leur réputation, au contraire, ils formaient un lot terciado malgré les poids affichés, sauf les 4ème et 5ème (avec ses 5 ans) avec des comportements où manquait la race de toros braves – certains abandonnaient le combat – rajados - qui, néanmoins, se laissaient toréer temporairement avec plus ou moins de bonheur par les figuras du cartel roi, du jour : Miguel Ángel Perera, Alejandro Talavante et Andrès Roca Rey déjà cité.

C’est donc au 6ème que, la pluie ayant cessé et le public revenu à sa place, que Andrés Roca Rey pour sa deuxième et dernière prestation de la San Isidro sortait le grand jeu pour confirmer la grande vedette et important torero qu’il est. Son toro n’offrait pas, à priori, de garantie si ce n’était son déplacement constant, désordonné au cours des deux premiers tiers : sans fixité, il rendait impossible les premiers capotazos au centre de la piste de ARR ; à la pique il doutait devant le cheval, s’élançait avec vigueur, levant le cheval pour deux puyas courtes et arrières. De plus il sortait en génuflexion. Décidé à tout faire, ARR réussissait un quite émouvant par saltilleras,  changeant le voyage au dernier moment pour passer la première. Le tercio de banderilles était assuré en désordre par faute du placement du toro inconstant. La faena débutait par des statuaires au niveau des lignes et sans se soucier de sa position, avec aplomb,ARR passait en remate une passe dans le dos!

           

La suite fut la démonstration d’une volonté, coûte que coûte, de faire passer un toro qui obéissait par le bas mais qui tenait seulement deux ou trois derechazos. La conclusion était hasardeuse car le toro s’arrêtait. Il y eut une série de la droite enchaînée avec un changement dans le dos et un pase circular de la gauche et le toro s’arrêtant,  ARR trouvait l’espace, impassible, pour sortir une arrucina! Les naturelles étaient plus que courtes et non liées. Le toro n’en pouvait plus, stoppait dans un dernier pase de pecho, bousculait le torero qui perdait pied devant le toro qui ne bronchait pas… Démonstration était faite de ce toro, vidé de ses forces mais aussi de la «caste» qui n’était même pas apparue. Les puristes ne se gênaient pas de siffler certaines passes qui manquaient sans doute d’orthodoxie (la leur) sans tenir compte des conditions du toro, le torero étant parfois trop de profil ou défaussé. Une estocade delantera (une fois n’est pas coutume) portée avec décision, roulait l’animal. Les mouchoirs ne tardaient pas à sortir et l’oreille était accordée. Sous la pluie, sans avoir brillé dans la cape du Péruvien, le toro sorti en 3ème position, prenait deux piques, dures, restant longtemps collé au peto. La faena débutait par un péndulo doublé alterné avec des passes de poitrine. La charge allait varier tout au long de la faena, avec rage d’abord le toro entrait dans la muleta de ARR, pour ensuite s’arrêter et enfin reculer et même tendre vers les planches. Les naturelles bien commencées par le bas, ne pouvaient aller au bout de leur tracé. Pinchazo et estocade croisée.

Miguel Ángel Perera à son premier décidait qu’il ne bougerait d’un iota sa position devant un toro maigrichon, dépourvu de codicia et de bravoure, se laissant piquer sans plus. Un quite par gaoneras et tafalleras alternées et revolera confirmait cette intention de fermeté. La faena montrait de nouveau la quiétude qui est typique du torero de Badajoz, dans la répétition des passes dans un espace minimum, mais sans émotion car le toro noble, sans jus, se laissait guider mollement. Les naturelles, décollées se terminaient par des génuflexions du toro sans force lorsque la muleta était trop convaincante. Pour la forme, un pase circular était de trop…. Plusieurs pinchazos venaient à point pour éviter la l’oreille que certains étaient prêts à demander…Le 4ème, de meilleures hechuras, cornidelantero, dédaignait aussi la cape de Miguel Ángel Perera. Il avait tendance à s’appuyer de la corne droite et sortait suelto de la corne gauche. Il mettait en danger Curro Javier à la sortie d’une paire de banderilles justement sur la corne droite. La deuxième faena recevait le même sort que la première bien que les efforts du torero étaient évidents. Certaines séries n’étaient obtenues qu’en poursuivant le toro fuyard. Pourtant le début de faena, le torero totalement immobile, promettait : deux séries, la muleta basse, « templées » les passes. Ensuite les deux pieds rivés au sol MAP faisait, selon le style de paco Ojeda, aller et venir devant son corps, par des passes alternativement à gauche et à droite. Puis le toro changeait, se sentant dominé. La fin de faena, devant les planches, n’était que pour en terminer avec ce toro «décasté» par une estocade presqu’entière et tombée.

Alejandro Talavante abrégeait sa faena au 2ème, un toro qui n’aurait pas dû sortir du toril, qui montrait seulement des cornes devant un corps maigre (en tout cas d’apparence). Le toro galopait d’une course qui laisser présager la chute… Le picador de service trouvait le moyen d’imposer une carioca à un toro déficient. Les chutes répétées à la suite des muletazos ne menaient évidemment à rien. Estocade tendida. Au 5ème ce n’était guère mieux. Le cinqueño, après un tercio de piques honorable qu’il devait payer par la suite, ne tenait pas bien sur ces quatre pattes malgré une entrée en matière toute en douceur d’Alejandro Talavante qui corrigeait la hauteur de sa muleta pour éviter les chutes mais qui devait renoncer à maintenir en piste un toro qui résistait et finalement ne chargeait plus. Demi-estocade un peu tendida.

Miguel Ángel Perera : unn avis et silence ; silence. Alejanadro Talavante : silence aux deux. Andrés Roca Rey : silence ; un oreille. 23.624 spectateurs. Guichets fermés.

Georges Marcillac

Ce contenu a été publié dans Général, Georges Marcillac Escritos, Madrid. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.