Madrid – 30 septembre 2016 – 2ème de Feria – Que fallait-il faire avec les toros de Fuente Ymbro?

f300x0-66932_66950_66Cette deuxième corrida du cycle automnal madrilène eut le mérite d’alimenter de nombreux commentaires et appréciations qui justifient le titre de cette chronique. Plusieurs titres pourraient avoir été donnés tant il y eut matière à décrire cette course conditionnée par les toros de Fuente Ymbro, de présentations inégales, poids raisonnables pour Madrid, d’armures oh combien! respectables mais de comportements semblables, délaissant les invites des capes, plutôt sueltos, mansos qui devaient être toréés en fonction de leur condition et ne se fixant que par la volonté des toreros. Un titre peut s’appliquer à chacun des toreros du cartel : Eugenio de Mora torero sérieux et appliqué au toro d’ouverture ; Juan del Álamo meilleur toreo à la cape ; « Román » vaillant et téméraire à la limite de l’inconscience.

Justement « Román » apportait la fraîcheur, l’émotion, la frayeur parfois lors de ces deux prestations. La première faena, à un toro de jolies hechuras qui avait été peu piqué, se déroulait au centre de la piste par des passes de la droite citées de loin, peu brillantes, tête du fuente-ymbro en mouvement dans la muleta.  Le toro présentait le défaut de faiblesse du train arrière ce qui l’obligeait à charger uniquement « de l’avant », il se retournait court pour la passe suivante et mettait en difficulté le jeune valencien qui, malgré tout, restait stoïque. Sur la gauche, les naturelles, main basse, cachaient le défaut indiqué ci-dessus, toro « humilié ». Une estocade un peu tombée libérait le public de l’angoisse de voir le torero pris à chaque passe. Un oreille non majoritaire était néanmoins concédée, protestée par le public qui sifflait copieusement le président aveugle ou simplement bénévole ou incompétent. L’émotion allait crescendo lors de la deuxième faena, à un manso coureur, levantado, veleto, qui après une statuaire filait vers le Tendido 5, sa querencia de manso. « Román » allait le chercher et réalisait trois séries droitières, vibrantes, le toro déployant une charge longue de grande transmission. Une passe du desprecio et le toro accrochait sans mal « Román » qui reprenait la muleta à gauche pour des naturelles de moindre qualité mais intenses car la charge était maintenant descompuesta. La faena prolongée à droite valait  une nouvelle voltereta, plus dramatique que la précédente, car le toro s’était « avisé » et cherchait le torero au sol. Miraculeusement indemne « Román » concluait sa faena par des manoletinas malgré des murmures de réprobation du public. Une estocade entière verticale précédée d’un pinchazo mettait fin à une faena qui était allée a menos.

Eugenio de Mora touchait un premier toro, hondo, bien armé,  sans fixité qui cherchait la porte des chiqueros, très peu piqué, fléchissant des antérieurs à la sortie de la rencontre avec le cheval. t1004Malgré cela, le tolédan montrait ses intentions débutant la faena à genoux pour des passes hautes, un redondo et, debout, une passe de poitrine. Le toro était cité de loin et les passes de droite l’ « obligeaient » car il rechignait à s’engager dans la muleta, reservón. Si les passes à droite étaient liées, à gauche les naturelles étaient bien exécutées, donnant une sortie longue dans l’intention d’enchaîner mais le fuente-ymbro ne collaborait absolument pas. Des ayudados por bajo, appréciés par le public, précédaient la mise à mort d’un pinchazo et d’une estocade caída. Faena compacte d’Eugenio de Mora, technique, célébrée par une forte ovation. Son second était un manso, indifférent aux cites à la cape, aux banderilles et à la muleta. Malgré ses efforts Eugenio de Mora ne tirait aucune passe digne de ce nom et se résignait à en finir. Il portait un pinchazo hondo et une entière qui roulait le toro.

Juan del Álamo, qui avait bien toréé à la véronique au centre du ruedo, se trouvait face à un toro faiblard, perdant l’équilibre en maintes occasions, topón dans la muleta. Les passes étaient accélérées parfois accrochées – enganchones. f620x0-73639_73657_35La faena inconsistante, sans mando, irritait une partie du public et était ponctuée d’un avis. L’estocade, comme il est courant de nos jours, était placée en arrière. Juan del Álamo tirait profit de ses charges « humiliées » de son second pour dessiner des véroniques courtes, le toro se retournant brusquement en fin de passe. Ce toro, le plus lourd du lot –  537 kg –  avait poussé tête fixe dans le peto soulevant le groupe équestre à la première rencontre. La faena de muleta commencée sur la droite révélait la faiblesse du toro. Juan del Álamo prenait la muleta de la main gauche et à mi-passe le toro le cueillait par le bas de la jambe gauche et le secouait pendant de longues secondes avant de le laisser au sol avec plus de peur que de mal, heureusement. Une autre série de la droite et un pinchazo hondo suffisait pour en finir avec ce toro deslucido – peu brillant, c’est un euphémisme. A ce toro « Román » s’était distingué dans un quite par saltilleras paraphé d’une brionesa.

Donc, corrida compliquée par le jeu peu brillant des toros, des mansos la plupart, le premier paraissant meilleur qu’il n’était dans la muleta d’Eugenio de Mora et le dernier créant l’émotion par ses armures et son comportement dans sa querencia maîtrisé en partie par le jeune et vaillant « Román »

Eugenio de Mora: Un avis et saluts ; silence. Juan del Álamo: un avis et silence ; silence. « Román »: une oreille (protestée) ; un avis et saluts.

Georges Marcillac

 

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Une réponse à Madrid – 30 septembre 2016 – 2ème de Feria – Que fallait-il faire avec les toros de Fuente Ymbro?

  1. François BERNARD dit :

    Salut ami Georges
    La catedra de los toros serait elle en train de se fissurer?
    A l’issue de cette mansada de Fuente Ymbro je ne décolére pas. Deux toros n’ont pris qu’une pique, la pétition d’oreille était loin d’etre majoritaire et un toro, au moins,
    aurait du etre changé pour boiterie constatée avant les piques.
    De quel droit ce président fantoche bafoue-t-il le réglement à ce point?
    A part ça, j’éspère que tu vas bien.
    Abrazos de Tunisie
    Paco

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