Madrid 5 juin 2022 – 29ème et dernière de la Feria – Inégale corrida de Victorino Martín et un bon toro « Garañuelo « nº 10 pour Sergio Serrano, lauréat de l’Oreille d’Or de la Presse de Madrid.

La dernière corrida de la San Isidro, corrida de la Pesse traditionnelle à Madrid en 120ème édition, réunissait pour des toros de Victorino Martín les matadors Antonio Ferrera., Sergio Serrano et « Román » Collado qui relevait de blessure après un accrochage, il y a une semaine lors de la Corrida de la Jeunesse, samedi 28 mai. Le lot de toros était de belle présentation, de belles armures, la plupart cornivueltos qui confirmaient leur âge de plus de cinq – désormais habituel  – des pensionnaires de l’élevage de Las Tiesas  de Santa María sis à Portezuelo (Province de Cáceres). Seul le premier n’avait pas les hechuras ni de son poids de 533 kg ni de son âge (11/16) alors que les cinq autres étaient salués à leur sortie du toril par des applaudissements. Au terme de la corrida, une courte réception réunissait les participants de cette corrida et Sergio Serrano recevait l’Oreille d’Or de La Association de la Presse de Madrid.

Le fait le plus marquant de cette ultime corrida fut la faena au 2èmevictorino sans lequel ce succès, limité, n’aurait pas été possible. Sergio Serrano se dirigeait face à la porte de toriles pour recevoir a porta gayola le toro qui sortait distrait, sans doute ébloui par la lumière. Il allait au pas vers le torero pour une larga à genoux, un peu ratée car le toro ne suivait qu’à demi le vol de la cape, piétiné au sol le torero d’Albacete s’en sortait sans cornada, avec une seule coupure au cuir chevelu. Par la suite on découvrait l’extrême qualité de ce roro dans les capes avant d’être placé pour les piques. Cette qualité était l’humillación et la manière avec laquelle il suivait le(s) leurre(s). Seulement, il fallait attendre la faena pour confirmer cette magnifique impression car ce toro rechignait à démarrer, tardo, en direction du cheval pour recevoir deux piques en poussant de l’arrière train, le picador décidant de s’avancer au-delà de la première ligne pour piquer. Tardo aussi aux banderilles, il s’élançait à la poursuite de Fernando Casanova qui chutait et  s’en sortait par une estafilade et dégâts de sa taleguilla. La faena débutait par doblones pris avec la même vivacité que les passes suivantes mais avec ce court temps d’arrêt qui obligeait Sergio Serrano à se positionner à nouveau. Sur la gauche, la ligazón était finalement obtenue et donnait lieu à une série extraordinaire de temple. La qualité de charge du toro, « humiliation » et rythme faisait merveille dans une nouvelle série de naturelles pas toujours parfaites car le torero liait les passes en utilisant les pans de la muleta par le bas. Pase del desprecio. Une baisse de régime du toro ne permettait plus l’enchaînement des passes et se succédaient les arrêts. La mise à mort était laborieuse, la position fuera de cacho dévoilait une incertitude au moment de monter l’épée. Plusieurs pinchazos avant une estocade entière réduisaient à de seuls saluts depuis le tercio pour une faena dont on aurait pu attendre plus étant données les vertus de bon toro.

               

Sergio Serrano répétait la suerte de a puerta gayola à la sortie d’un toro qui exhibait une paire de cornes très développées, cornivuelto/cornipaso !. Les véroniques qui suivaient étaient applaudies et le toro était sorti d’une possible querencia  vers de centre du ruedo. Demi-véronique. Le picador « Tito » Sandoval bougeait le cheval pour placer deux piques un peu tombées. Le toro ne se déplaçait pas au tercio des banderilles et cet inconvénient persistait durant la faena la tête à mi-hauteur, laissant « traîner » sa corne droite en une occasion. Les passes, une à une, avec correction de position, formaient un ensemble dont rien ne ressortait. Á la mise à mort, l’épée  « tombait » dans les côtes de l’animal…

Antonio Ferrera, chef de lidia, était à Madrid le lendemain d’un piteux résultat enregistré à Vic Fezensac. Il passait sans peine ni gloire dans cette corrida de clôture. Il éloignait son premier victorino du tercio à l’aide de son horrible capote bleu électrique (on se répète…) et l’amenait au cheval pour deux piques assorties de la carioca.  La faena était expédiée car ce toro présentait quelques difficultés de tête, dans ses retours en fin de passes par des derrotes ou terminant la tête en l’air. La faena bougée concluait par deux pinchazos et une demi-estocade…Le tercio de banderilles, à l’actif de José Chacón et de Fernando Sánchez, fut le seul éclair de lumière de cette première partie. Au 4ème, Antonio Ferrera faisait un effort en toréant à la véronique, soyeux, sans forme… le capote. Le toro poussait fort jusqu’aux barrières le cheval, le soulevait, le picador Antonio Prieto soutenant l’assaut, appuyé sur la pique. A la muleta Ferrera semblait s’accommoder d’une charge rugueuse dans son démarrage,  irrégulière en fin de passes, la tête en l’air ou bien se retournant par le bas. Une passe de poitrine énorme de profondeur et de temple. Sans l’épée factice – ayuda – les passes de la droite portaient le sceau d’une originalité, un peu forcée, d’autant plus que le toro n’accompagnait plus tellement. Des molinetes prétendaient raviver la faena d’autant plus que le toro faisait mine de rajarse. Une estocade tombée. Un avis. Un descabello.

« Román » Collado affrontait son premier toro « encasté » qui répondait à des véroniques valeureuses de réception et qui bataillait âprement sous la pique par des coups de tête que le picador maintenait à distance du peto. A la sortie, Antonio Ferrera en profitait pour son quite baroque, capote en l’air, alternant les passes en reculant… Le toro devenait tardo au deuxième tiers et à la muleta il s’arrêtait entre chaque passe. Román faisait l’effort de bien se placer –  reponerse – et soutenait les arrêts à moitié passe. Un avis sonnait à la mise à mort défectueuse par un premier pinchazo et par un metisaca… La deuxième faena de Román se compliquait après le tanteo : des coups de tête en fin de passes, la muleta baissée pour y remédier conduisait au fléchissement des pattes, peu de transmission des charges. Il valait mieux en finir… Une estocade croisée à bout de bras suffisait.

Antonio Ferrera : silence ; un avis et applaudissements. Sergio Serrano : un avis et saluts ; silence ; « Román » un avis et silence ; silence. Fernando Sánchez brillait de nouveau aux banderilles en compagnie de José Chacón, tous deux de la cuadrilla d’Antonio Ferrera.  19.648 spectateurs.

Georges Marcillac

Photos Cultoro et Plaza 1

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