Séville 16 avril – “Puerta del Príncipe” pour Juan José Padilla.

imageQui aurait pu penser après la catharsis artistique d’hier, qu’aujourd¡hui, un torero, Juan José Padilla, pouvait réaliser le rêve de toute une vie – 22 ans d’alternative – de sortir de la Maestranza par la Puerta del Príncipe après avoir coupé les trois oreilles règlementaires pour accéder à cet honneur? Voilà qui est fait pour ce torero châtié par les toros, blessé gravement en octobre 2011 à Saragosse et qui, par ses efforts, sa ténacité et la foi dans sa profession, après être passé par toutes les vicissitudes des toreros modestes pour se hisser à un sommet, relatif certes, vivait  enfin la gloire en cet après-midi de fin de Feria d’Avril.

La course commençait avec une demi-heure de retard car il avait fallu aménager la piste après la pluie qui miraculeusement cessait quelques minutes avant le paseo. Les toros annoncés étaient de Fuente Ymbro, élevage renommé mais qui n’allait pas confirmer cette réputation car la corrida seulement s’animait à partir du cinquième pensionnaire de Ricardo Gallardo, un toro montado, coureur, qui par sa mobilité allait permettre à Juan José Padilla de réaliser une faena sui-generis pleine de fouge et vaillance, émaillée de bons passages et de passes qui impressionnaient en toute justice la galerie. La variété des passes à genoux en redondo au centre du ruedo, molinete pour entamer une série meilleure de la droite, passes de poitrine à 360º, statuaires, tout un assortiment de passes à un toro qui gardait la tête haute et une charge allègre, toutes ces passes formaient une faena vibrante que « El Pirata » concluait par une estocade portée avec détermination, l’épée un peu horizontale et d’effet rapide. Avant tout cela Juan José Padilla était allé accueillir son toro à porta gayola suivie d’une larga cambiada à genoux et assuré le tercio de banderilles d’une manière spectaculaire à son habitude. Cet ensemble était primé de deux oreilles. A son premier, un toro manso, reçu à porta gayola aussi, qu’il sut garder dans la cape et la muleta dans la querencia du toril, JJP signait là aussi une faena après un gros effort en « consentant » un toro qui rechignait à avancer. Il concluait par une estocade arrière décisive. Le président montrait le mouchoir pour une oreille et pétition majoritaire. Grande après-midi donc de Juan José Padilla, pléthorique dans son style turbulent mais sincère.

Juan Serrano « Finito de Córdoba » était le moins bien servi par ses deux toros de mêmes caractéristiques, mansos, sans race, qui fléchissaient régulièrement des antérieurs, souvent la tête haute ou protestant dans la muleta, ces toros n’aidaient en rien le torero dans ses faenas. On relevait de bonnes passes isolées mais cela ne suffisaient pas pour l’encourager à persévérer et trouver peut-être la position ou le geste qui aurait permis une meilleure continuité et lié dans son travail à la muleta. « Finito » n’est pas un fin tueur et son labeur recevait un silence poli.

David Fandila « El Fandi » est le torero type qui base son succès et contrats répétés sur une activité sans relâche, dominant les suertes de cape, surtout celles de banderilles par des courses effrénées et toréant à la muleta sans profondeur ni style. Malgré cela, le tout a un impact notable sur le public et celui de Séville aujourd’hui, sans doute bien distinct de celui des autres jours, applaudissait sans compter et même demandait une oreille après une épée plantée presque dans le flanc du dernier toro. Ce 6ème, coureur comme le précédent – suelto – avait été reçu à porta gayola (pour ne pas faire moins que Padilla) et par un quite d’une série de navarras. « El Fandi » avait même planté avec force quatre paires de banderilles – deux à corne passée et deux al violín ! Le toro, sinon assagi mais fixe maintenant, méritait mieux que la faena qui lui était administrée. Sa charge longue et humiliée aurait permis des passes liées et non plus les molinetes et autres passes à genou tape-à-l’œil. Dommage. Le 3ème suelto aussi, plus réservé n’offrait aucune possibilité à la muleta, s’arrêtant à moitié passe ou « protestant ». En conclusion, une estocade ¾ de lame de travers tombée.

Les toros de Fuente Ymbro, de bonne et homogène présentation,  à la limite de la mansedumbre caractérisée, des velléités de fuite, des hésitations devant les capes, des charges incomplètes dans les muletas, tel était le comportement des quatre premiers toros. Les suertes de piques se limitaient à une seule rencontre poussée, la deuxième étant presque un simulacre comme malheureusement c’est l’habitude.

« Finito de Córdoba » Silence aux deux. Juan José Padilla : un oreille et deux oreilles. « el Fandi » : silence et un oreille !  Georges Marcillac

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