SEVILLE 21/04/2013 La Rédemption par la pureté et la foi. Escribano 2 Oreilles et vuelta a un Miura.

Aujourd’hui le monde taurin a, pendant une après-midi, été lavé de ses péchés en trois actes de foi et de contrition.  Les contritions se sont exprimées dans la douleur des spectateurs et aficionados de devoir se contredire, sans probablement s’en rendre vraiment compte.  Les actes de foi sont venus aux mains de trois saints et un disciple.  Manuel Escribano, David Adalid, Fernando Sánchez et Marcos Galán.  Quant à la réincarnation c’est la ganaderia de Miura qui s’en est chargée.

Séville dernier jour de féria, il fait soleil, chaud et les arènes sont presque pleines malgré la possibilité de se faire rembourser les billets après la blessure du Juli.  Personne de donne « un duro » sur ce que sera le résultat de la course.  Tout le monde se plaint du mauvais sort ayant affecté El Juli et par conséquence le final de féria tant attendu.

Le lot de Miura est de parfaite présentation en Miura.  Les toros sont fins très armés.  Le quatrième arrive en piste comme une locomotive et marque la différence avec ses congénères.  Appelé de loin par José Mora il s’élance comme une fusée et vient rémater contre le burladero où le banderillero a à peine eu le temps de se réfugier.  Le toro se casse la corne.  Mouchoir vert.  Si je vous en parle c’est que dans les quelques minutes qui ont précédé son retour au coral, ce toro a donné des charges d’une grande spontanéité et agressivité qui nous ont fait regretter qu’il ne puisse pas être combattu.  Puisse t-il avoir des frères au campo et qu’on nous le fasse savoir pour que nous allions les voir.  Avant d’entrer dans le détail une dernière remarque pour bien valoriser ce qui va suivre.  Les Miuras ont des comportements particuliers et même s’ils sont nobles, comme ce fut le cas aujourd’hui, ils ont cette faculté normale pour eux de varier les comportements d’une passe à l’autre et de se retourner dans un mouchoir de poche ou de tirer des derrotes inopportuns après avoir donnés une embestida par le bas.  Ils ne sont pas menteurs, ils sont comme cela.  D’où la valeur des actes de foi qui seront narrés ci-après.

Rafaelillo est un Macho.  A son premier Miura qui saute dans le capote il reste quieto et finit par le passer en véroniques serrées plus demie et revolera.  Le ton est donné.  Le bicho est sans classe au cheval, tête haute et montre des signes de faiblesse.  José Mora est bon en banderilles, citant et attendant que démarre le toro et la réunion est dans les cornes, même si une banderille tombe au sol.  Rafaelillo entreprend la faena après brindis au public en tablas, une par une par le haut d’abord  puis en liant avec douceur.  Le toro est tardo mais noble et Rafaelillo va construire sa faena toute en douceur mais malheureusement trop hachées pour soulever l’enthousiasme.  Quelques enchainements de passes sur les deux cornes extirperont toutefois des olés.   Pinchazo suivi d’une entière portée avec décision, excellente,  un poil contraire et en arrière.  Descabello et Palmas plus salut au tiers.  Son second bis est une estampe de toro qui proteste au capote, est brave au cheval, puis change de comportement pendant les banderilles et rend la faena impossible à un vaillant Rafaelillo qui tire tout de même quelques muletazos de bon aloi dans une faena courte.  Entière avec décision et habileté.  Quelques sifflets au toro.  Palmas et salut au tiers.

Le premier de Castaño a du moteur et pousse dans la cape.  Le torero donne de bonnes véroniques puis décide de mener le bicho au centre se déplaçant en arrière.   Bien piqué par Tito Sandoval le Miura démontre son manque de classe à cette épreuve.  Arrive l’homme du jour pour un quite par chicuelinas et revolera.  Escribano est d’une tranquilité incroyable, prenant son temps comme s’il était face à un Juan Pedro.  Et là Acte de Foi de deux hommes, dont l’attitude a été d’une envergure impactante, aidés en cela par le disciple Marcos Galan à la Brega.  Adalid comme son compañero Fernando Sanchez citent avec parcimonie de gestes, laissent démarrer le Miura, l’espèrent longuement, lèvent les bras et se réunissent avec la tête sans qu’il soit possible de faire mieux, car mieux serait être sur les cornes.  Magistral moment de tauromachie.  Castaño attends le bicho au centre pour des déréchazos mais n’arrive pas à rester quieto dans la première passe.  Il lie en ligne des muletazos appréciés du public, la musique joue.  Le bicho ne termine pas les passes et le torero est quelque peu contorsionné, ne donnant pas de muletazos par le bas à ce Miura noble qu’il aurait fallu essayer de faire humilier en se confiant plus.  C’est à l’épée qu’il se confie en portant trois pinchazos en entrant droit et une entière  d’effet rapide.  Palmas pour le toro et Palmas et salut au tiers.  Sont second sort en piste au galop.  Castaño dessine des veroniques suaves et templées.  Le toro est peu piqué car faible.  Surprise la cuadrilla décide de ne pas changer les tours et c’est de nouveau Adalid qui se présente avec les palitroques.  C’est un bis repetita de ce que j’ai écrit ci-dessus.  Les arènes sont debout, l’ovation est énorme, les banderilleros se congratulent.  La faena est un mélange de quelques bons muletazos sur les deux cornes et des toques por fuera avec effet élastique où le Miura revient sur l’homme.  Entière en bonne place.  Applaudissements au toro et Vuelta pour Castaño.

La grande révélation du jour c’est Manuel Escribano qui en plus d’être fils de Séville est aussi un peu un enfant de chez nous.  Par deux fois il est allé à Puerta Gayola pour donner des largas cambiadas à genoux positionné loin des toriles.  Les véroniques qui suivent à son premier sont tout simplement incroyables si on considère qu’elles sont données à un Miura.  Une grande tranquillité et esthétique pour des véroniques templées et limpias qui peuvent être en compétition comme les meilleures de la féria.  Le toro est très sérieux.  Il le mène au cheval par chicuelinas avec temple et toujours tranquille.  Parfaitement piqué par José Manuel Quinta le toro s’emploie peu.  Les banderilles d’Escribano sans être aussi pures que celles de la cuadrilla de Castaño n’en sont pas moins empreintes d’imagination, en particulier un sesgo por dentro et quiebro démarré assis sur l’estribo.  Deux pendulos pour démarrer la faena sans bouger le tout avec un minimum de gestes.  La faena est hachée par moment mais le torero reste calme, le corps vertical et réussi à lier quelques excellents muletazos sur les deux cornes.  Adornos, abanico et desplante précèdent des manoletinas le tout face à un animal qui restait court dans les passes.  Pinchazo et entière desprendida.  Palmas et Saludo pour ce qui méritait une vuelta.  Le dernier toro de la feria est ouvert de cornes avec un tout petit peu moins de trapio.  De nouveau de bonnes veroniques, puis des tapatias pour l’emmener au cheval.  Il est mal piqué.  Un peu moins bon aux banderilles Escribano va ensuite se rattraper.   L’attitude et bonne duarnat les 3/4  de la faena, toujours la même tranquillité malgré les difficultés du bicho qui reste court.  Il le torée comme si c’était un toro bueno.  Un spectateur se lève pour chanter un canto flamenco  » tenemos un torero de valor « .  La musique enquille et Escribano, au moment où tous lui recommandent de matar, écrit en deux séries sur chaque corne une page de l’histoire de la Maestranza de Sevilla. Le corps droit, il torée avec douceur et temple, en se passant les cornes à des millimètres des chevilles dans un acte de foi sublime qui transporte le public dans une réalité autre que celle des triomphes récents, la réalité du toreo puro.  Une entière en s’abandonnant, deux oreilles d’un toro de Miura dans les arènes de Séville pour rentrer dans l’histoire.  Aujourd’hui il y a eu Corrida de toros dans les arènes de Séville grâce aux toros de Miura dont le dernier a obtenu la vuelta al ruedo autant pour lui que pour ses frères.

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