Séville 28 Avril 2022 - 2ª de Feria - Puerta del Príncipe pour Daniel Luque.

Si le lot d’ El Parralejo ne laissera pas de souvenir impérissable, Daniel Luque entre aujourd’hui dans la cour des grands, après des années de toreo sérieux et engagé.  Si le succès est incontestable et mérité, on pourra détailler la seconde faena et voir des passages moins brillants. Toutefois l’attitude du torero de Gerena a été irréprochable toute la corrida, à un niveau notablement au dessus de celui de ses comparses.  Il convient de noter également qu’il a été le moins bien servi au sorteo.  Il doit maintenant entrer dans le     Top-5  de tous les aficionados amoureux de la bonne "colocación" et du toreo engagé.

Il revient à  David Fandila "El Fandi" de débuter la corrida face à un exemplaire de bonne mobilité dans sa cape étonnsamment électrique, probablement à cause du vent...  Le bicho s’emploie sous la première pique. Le quite par chicuelinas met en valeur le tranco de el-parralejo.  Il est sorti rapidement de la seconde pique <span;>par la cuadrilla, d’une pique prise avec allant. Le show aux banderilles du Fandi est varié et au goût des tendidos.  Le début de faena est plus distrayant que significatif.  Le torero essaie d’enrouler les charges à droite sans véritable maîtrise de la charge.  Lorsqu’il prend la gauche, le toro semble avoir perdu de sa vivacité, ce qui se confirme dans un parón à droite qui met le torero en difficulté. Pinchazo hondo en passant au large et descabello.
La cape du Fandi révèle un second adversaire qui "humilie" et doute aussi à l’occasion. La double mise en suerte par capotazos variés, donnés à la volée, ne masquent pas une prestation mediocre du toro au cheval.  Le second tiers se déroule sans intérêt particulier. El Fandi démarre sa faena par muletazos ajustés qui semblent bien prendre la mesure du bicho. À droite, il multiplie les passes "sur le voyage". Il en va de même à gauche.  El Fandi est toujours en déséquilibre à la sortie des passes et se replace toujours avec empressement.  Difficile de transmettre quoi que ce soit dans ces conditions.  EStocade entière desprendida, tendida et trasera en perdant la muleta.  Applaudissements au toro et salut pour El Fandi.

Miguel Angel Perera dessine de nombreuses véroniques pieds joints et demie, à un fin exemplaire de la ganaderia du jour. Le toro va au cheval sans entrain.  Le quite de Perera par chicuelinas, tafalleras et revolera est entrecoupé de fuites du toro.  Dès qu’il sent le fer le toro accuse le coup lors de la seconde pique. Quite de Daniel Luque par gaoneras millimétrées.  Curro Javier salut pour une excellente prestation aux palitroques.  Brindis au public.  La série d’entame va de menos a más quand le matador décide de rentrer dans la trajectoire et d’obliger.  La série droitière suivante déclenche la musique.  Retour ensuite aux techniques dont le torero est friand, jambe de sortie en retrait et trajectoires longues, plus en ligne qu’incurvées, ou incurvées grâce à l’effet de la jambe de sortie effacée. Entière dans la croix. Avis.  Applaudissements au toro après avoir résisté longuement avant de mourir. Oreille.
Le second de Perrera est renvoyé pour laisser place à un sobrero du même élevage, un "tío" que Perrera passe en véroniques mobiles car le toro se retourne large, emporté par son volume.  À peine s’emploie t-il sous la première pique et il sort seul et rapidement de la seconde.  Javier Ambel salue après une prestation appliquée aux banderilles.  Brindis au public.  Les premiers ayudados sont exécutés plus en tant que tanteo, sauf dans le remate.  Le trasteo droitier est bref et sans relief. Il laisse place à un desarme à gauche.  De retour à droite, Perera, dans son style, est répétitif sans plus. Les passages suivants sur les deux cornes sont révélateurs du manque de portée de la technique employée sur les caractéristiques du toro.  Estocade entière et perte de la muleta.  Avis.

Daniel Luque reçoit son premier de El Parralejo avec précaution car l’animal, bas sur pattes, montado, astifino, hésite et vient au pas à la cape, passant ensuite sans "humilier" et en tirant un derrote. Sous le fer, le toro pousse tête haute sous une pique trop en arrière. Au second passage, le toro a perdu toute velléité de combattre.  Au second tiers, le toro est sur la réserve face aux banderilleros.  Début de trasteo sur jambe fléchie en allongeant le bras.  Voyant les choses clairement, Luque embarque le toro dans des derechazos liés. Le toro, dès la seconde série, se met à hésiter sans que le torero ne doute.   À la troisième série la musique joue juste avant une voltereta sérieuse à la première tentative à gauche. Toujours sans douter, Luque poursuit à droite d’abord, puis à gauche avec la décision du courage, à base de toques fermes.  Il se jette sur le morillo pour une estocade entière contraria d’effet rapide. Oreille importante pour Daniel Luque.
De retour de l’infirmerie Luque passe de cape, sans relief, son second  de El Parralejo, toro à la charge désordonnée. L’animal se ressent d’une vuelta de campana et de son passage au cheval en deux rencontres en s'employant.  Le second tiers permet de voir que le toro met bien la tête dans les capes.  Brindis au public.  Après tanteo Daniel Luque impose sa muleta jusqu’au changement de main. La musique joue mais la seconde série va de más a menos.  La troisième série droitière est celle où le torero s’impose pleinement. À gauche, malgré un placement irréprochable, le toro ne répond pas avec la même verve.  Alors Luque revient à droite pour une série dominatrice.  Les luquesinas finales emportent l’approbation complète du public.  Entière hasta la bola. Deux oreilles, la seconde quelque peu excessive sans être du tout scandaleuse. Applaudissements au toro.

Dans la vie de chaque torero, est attendu le jour de la consécration. Le 28 Avril 2022 sera la date de celle de Daniel Luque dont on espère une suite à la hauteur de son concept irréprochable du toreo.

René Arneodau

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2 réponses à Séville 28 Avril 2022 - 2ª de Feria - Puerta del Príncipe pour Daniel Luque.

  1. Emmanuel dit :

    Bonjour René,
    Je lis toujours avec intérêt les chroniques de "toreoyarte".
    Ton regard sur la deuxième oreille octroyée à Luque hier : "... la seconde quelque peu excessive...", ne serait-il pas plus "madrileño" que "sevillano"...?
    Pourtant il me plaît de penser que même à Madrid cette deuxième oreille aurait été concédée...
    Amicalement,
    Emmanuel

    • Probablement, mais à noter que l’avis est immédiatement suivi par la remarque que cette seconde oreille n’est nullement scandaleuse. Je suis un absolu partisan du toreo de Luque, ce qui n’empêche pas de rester objectif. Merci pour ta fidélité Emmanuel. À nous voir autour des ruedos.

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