SÉVILLE 20 avril 2024 – Pour Andrés Roca Rey la Porte du Prince de la Maestranza et une oreille pour Pablo Aguado.

Juan Ortega à été invité à saluer en honneur de son triomphe du 15/04 en ces mêmes arènes.

Le lot de Victoriano del Rio – Toros de Cortes fut comme d’autres de cette féria 2024, juste de présentation, particulièrement les 2, 3, 5 et 6 et manquant de force et de caste. Le cinquième a présenté un peu de genio face auquel la tauromachie défensive de Andrés Roca Rey a permis à ce dernier de se rendre maître d’une situation qui présentait d’évidentes complications.  Ce qui en d’autres occasions serait apparu comme un défaut de marginalité, aujourd’hui, son toreo se convertissait en une méthodologie appropriée.  Il convient toutefois de proposer à l’analyse l’idée qu’un prix de deux fois une oreille pour Roca Rey eut été pertinent.

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Le premier VDR, bizco de la corne gauche de Juan Ortega ne permet pas de toreo de cape car il sautille et montre des signes de fébrilité précoce. Il pousse pourtant avec alegria sous une première carioca. Il est épargné au second passage.  Les premiers muletazos par le haut voient le toro trébucher.  Suit une colada avant une série droitière liée,  sans concession aucune.  La charge est irrégulière même si elle est « humiliée ». Le trasteo s’en trouve décousu.  À gauche, tous les défauts du bicho sont accentués et, de surcroît, est audible le cornage résultat d’un possible problème respiratoire. Malgré tout, Juan Ortega insiste à droite en laissant la muleta sous le museau et en tirant les passes jusqu’au bout, là où l’animal s’arrête.  Entière tendida et atravesada. Palmas.

Alors que Juan Ortega plante les pieds pour donner une série de véroniques appuyées, face à une charge vive, sa cape est accrochée et il évite de justesse l’accident.  Piqué trasero le toro s’emploie sans verve.  La seconde pique est médiocre tant pour le cavalier que pour le toro qui se retire seul de l’effort.  Brindis au public.  Les doblones premiers sont purs et profonds. Le toro, quant à lui, a du mal à ne pas trébucher. Toutefois quand il passe, il va loin.  Sur les deux cornes, Juan Ortega hésite entre baisser la main ou la garder à mi-hauteur. Dans le premier cas le toro perd « patte » et, dans le second, il proteste. Tout se termine par un bref toreo sur la face.  Estoconazo.  Sifflets au toro. Silence.

Andrés Roca Rey donne des véroniques en ouvrant beaucoup la cape mais en enchaînant une série appréciée du public.  Le toro est lavado de cara et juste de trapío.  Le tercio de varas, à l’image du toro, est léger. Au second tiers, le bicho galope et se plaint des banderilles. Il charge par soubresauts.  Brindis au public.  A genoux, au centre ARR « cite » longuement pour deux péndulos et un final debout qui enflamment la Maestranza.   Musique. Les derechazos s’enchaînent depuis les lignes parallèles dans un exercice d’imposition de trajectoires.  Les charges du toro sont magnifiques à gauche, et ce jusqu’à la fin du muletazo en retournant la tête vers la toile qui se retire.  Les naturelles privilégient le lié à la profondeur.  Le Péruvien tire au maximum sur ce qui reste de la charge jusqu’à l’arrimón et même la perte de respect à l’opposant ce qui lui vaut une voltereta.  Des bernardinas serrées sont suivies d’une estocade entière desprendida.  Deux oreilles demandées et accordées. 

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Le second de ARR accélère tête à mi-hauteur lorsqu’il arrive à hauteur de de la cape. Il pousse a menos sous une première pique. Il prend la seconde avec moins de codicia.  Au second tiers, le toro développe un sentido dangereux.  ARR démarre la faena par estatuarios sans bouger alors que l’animal pense et vient au pas.  À droite, aux tercios, le matador enchaîne des derechazos jusqu’à ce que le toro le voit et qu’il l’oblige à passer grâce à un toque opportun.  Dans la série suivante, il domine un adversaire récalcitrant qui alterne charges par le bas et d’autres tête haute.  Musique.  A gauche, le Péruvien impose sa tauromachie et domine son adversaire avec un aplomb non négligeable.  Ensuite le toro se dégonfle et ARR réalise un arrimón qui à du sens dans ces circonstances.  Une entrée a matar, portée avec foi et en sortant bousculé, laisse en place une lame croisée et tendida.  Oreille demandée et accordée.

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Pablo Aguado nous offre un moment d’intense capoteo par véroniques, certaines lentes dont il a le secret malgré le desarme final.  Le tercio de piques est mené sans zèle y compris le quite brouillon de Pablo Aguado.  Juan Ortega exécute un quite subtil par delantales et surtout une demi-véronique somptueuse, ce qui pique la fierté de Pablo Aguado qui y répond par chicuelinas accrochées.  Le début de faena est réalisé avec une ferme intention, surtout dans les passes par le bas, des trincherazos appuyés. La série droitière suivante est moins réussie même si les bonnes intentions persistent.  La charge du toro a des aspérités lorsque la muleta ne l’oblige pas vers le bas.  À gauche, la charge est tempérée, puis sur le point de s’éteindre.  Quelques naturelles ressortent du lot.  Les dernières passes vers les tablas sonnent le glas des espérances nées en début de trasteo.  Quelques gestes d’adornos donnés avec suavité sont suivis d’un pinchazo où Pablo Aguado est accroché de mauvaise manière. Sans hésitation, il revient et entre droit pour une entière desprendida d’effet rapide.  Palmas et salut. 

Il revient à Pablo Aguado de terminer la corrida face à un exemplaire qui ne lui permet pas de toréer avec efficacité avec la cape.  Le toro est sur la retenue, distrait, avec une tendance à prendre querencia. Cette touche de mansedumbre se confirme au cheval avec un meilleur passage sous la seconde puya. Au second tiers, le bicho suit la cape avec un bon trancoBrindis au public.  Les doblones appuyés premiers affectent les forces de l’animal.  Le travail droitier, réalisé au rythme du toro, donne quelques muletazos de classe.  Nonobstant, cette charge, molle, ne lui permet pas de faire monter l’intensité du travail.  Musique. Quelques naturelles de velours, profondes, arrachées avec temple et lenteur,  font rugir les tendidos.  La suite, à droite, accompagnée des olés venant des tendidos de soleil, n’a pas la même intensité.  Estoconazo. Oreille.

René Arneodau  

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