Valencia 16 mars 2024 – 6ème de Feria de Fallas – Face à une mediocre corrida de Victoriano del Río, les trois matadors, selon leur registre marquent des points. Oreille pour Andrés Roca Rey au 5ème.

L’affiche promettait et le public répondait, sans doute au dernier moment, pour que la plaza de la calle Xativa se remplisse. Sébastien Castella, Andrés Roca Rey et Pablo Aguado affrontaient six toros de Victoriano del Río de présentations diverses – certains étaient même sifflés à leur sortie du toril – et de notes plutôt négatives de comportements. Le manque de fixité, la distraction et des charges hésitantes, des pointes de mansedumbre, tels étaient les points communs des toros de Guadalix de la Sierra (Madrid). Seuls les deux premiers avaient cinq ans mais pas les hechuras ni le trapío de toros d’âge, les cuatreños suivants n’étaient guère mieux. Les premières piques étaient sensées dures, la deuxième rencontre insignifiante. Les cuadrillas avaient fort à faire tant aux banderilles qu’à la brega en raison des courses désordonnées et fuites dans tous les terrains des victorianos. Le publc valencien va aux bous pour le spectacle et ne se caractérise pas par une grande attention si ce n’est aux effets tremendistas et à …la musique.

Ce public était servi par Andrés Roca Rey au cinquième car on ne donnait pas cher d’un toro qui sortait de la cape desparramando la vista. Il était peu piqué, demi-carioca et déplacements de manso aux banderilles, Tout changeait à la muleta. ARR, à genoux, toreait en redondo de la droite dans le tercio. Ensuite, au centre de la piste, “citant” de loin, il engageait le toro dans des passes de la droite pour des charges sans classe mais continues. Sur la gauche, les séries de natuelles, plus rapprochées, avaient le mérite de garder le toro dans la muleta en “perdant” quelques pas. Là était tout le mérite de ARR, allongeant les passes, décollé de la trajectoire. Des derechazos et martinete, un molinete lié à la passe de poitrine, déclenchaient des ovations tumultueuses qui n’allaient plus cesser pour plusieurs passes circulaires inversées avec le coup sec de muleta qui mettait de nouveau le toro en position, les cornes au plus près de la taleguilla du Péruvien, le public au comble de l’émotion. Les passes des deux mains, tout en mouvement allongeaient la faena et amplifiaient l’euphorie génerale. Une estocade entière, bonne? mauvaise? Le toro tardait à tomber. Un avis, et le toro s’écroulait avant le descabello qui s’imposait. Une oreille. Cette faena avait eu un côté pueblerino qui ne manquait pas de contrarier les puristes. Au second, avec un toro sans transmisión, la faena se déroulait à peu près sur le même scénario avec les sempiternelles passes circulaires inversées, du meilleur effet, certes, mais toujours, coûte que coûte, il fallait donner des passes…Une série de pinchazos et deux descabellos, avec un avis à la clé, refroidissaient l’atmosphère.

                                     

Sébastien Castella, sans le moindre prix a ses deux prestations, est sorti grandi de la corrida en aillant touché deux toros les moins faciles ou les plus compliqués, c’est selon. Le premier fut le plus difficile à mettre dans la muleta. Distrait, fuyard, sans fijeza, ce toro sortait suelto des piques mais tout changeait lorsque ARR réalisait un quite par tafalleras et revolera à la surprise générale. Sans doute, vexé ou par vergüenza torera, Sébastien lui répondait, dans le même terrain, par des chicuelinas ultra serrées qui montraient que, lorsqu’il chargeait, ce toro n’était pas “clair”… Rafael Viotti se distinguait aux banderilles ainsi que José Chacón à la brega, plus que nécessaire dans ces circonstances. Après un brindis à Enrique Ponce, qui sautait la barrière pour recevoir l’accolade (il est interdit de fouler le sable du ruedo en civil!!) la faena débutait par des doblones, un genou en terre, le toro prenant bien la muleta. Sebastien Castella toréait en redondo pour garder le toro, “humilié”, dans des passes de la droite. Sur la gauche, les naturelles n’étaient pas aussi complètes, le toro dominé montrait des signes de rajarse. Malgré cela, la faena continuait par des circulaires inversées, le toro capitulait mais Castella persistait pour montrer que le toro était dominé. Une estocade desprendida et un descabello. Pétition d’oreille non concédée. Le 4ème, un toro long, ensillado et de meilleur trapío, sortait distrait et ne s’intéressait pas aux capes, pourtant il chargeait fort pour la remière pique, secouait cheval et picador et… n`était pas piqué. Néanmoins, bon tercio de banderilles à l’actif de José Chacón et Luis Blázquez. Le Biterrois, les pieds cloués au sol, engageait un début de faena explosif… à retardement, car le toro le toro doutait. Impavide, il le faisait passer dans des statuaires terminées par une passe de poitrine. La suite dépendait de l’aguante et de l’emprise du torero sur l’animal tardo, qui hésitait dans des passages saccadés dans la muleta. Sur la fin, le toro s’arrêtait à mi-passe, topón et faisait mine d’abandonner le combat. Sonnait un avis. Trois-quarts d’estocade horizontale, toro collé aux tablas près du toril.

                                     

 

Pablo Aguado passait inaperçu à Valence! Son toreo précautionneux, d’une extrême lenteur, sans accrochage des trastos, ne fonctionnait pas devant le public valencien. Pourtant les meilleures véroniques de l’après-midi étaient à son actif, les chicuelinas marchées pour amener le toro au cheval, à la muleta des détails de pure sensibilité sévillane, une série de naturelles et un kikiriki, des ayudados por alto. Le toro sans classe, le 3ème, ne transmettait rien et dénaturait le trasteo du Sévillan. Une estocade un peu basse et ovation de politesse. La nuit tombante, au 6ème, les gens impatients de quitter la place, Pablo Aguado abusait d’un toreo entre trucage et efficacité avec les vuelos de la muleta, pico? le repoussant pour le reprendre ensuite, sans transmisión. Ce toro n’apportait rien, rebrincado dans la muleta, sans caste. Le temps passait et un avis avertissait de la longueur d’une faena ennuyeuse. Pinchazo et estocade dans l’obscurité.

                                  

 

Sébastien Castella; saluts et forte ovation; un avis et silence. Andrés Roca Rey: un avis et silence; un avis et une oreille. Pablo Aguado: applaudissements; un avis et silence. La cuadrilla de Sébastien Castella brillait avec José Chacón à la brega et aux banderilles au 4ème , il saluait en compagnie de Luis Blázquez, Rafael Viotti bien au 1er. Temps chaud et brise à l’ombre. Affiche de No-hay-billetes.

Georges Marcillac

Photos: mundotoro.com

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